Les sanctuaires plurimillénaires ensevelis par la nature, submergés par le silence du Temps...

Les rivières, dont le bruissement de l'eau est aussi doux et assourdissant de sérénité que le chant de l'oiseau accompagnant les premières lueurs du jour...

La Solitude absolue, qui dénude, qui découvre, qui laisse apparaître l'Être à son état premier, naturel,

Ce paisible écoulement du Temps dans un espace épargné par la férocité des âges,

recouvert par le lichen, symbole de l'accumulation du Temps...

mais aussi symbole de sa préservation...

Le rythme des saisons qui emmène l'esprit dans un univers perdu, que l'on peut seulement essayer de représenter par la pensée, un voyage au cœur de soi-même, un voyage vers l'Orient, une quête pour découvrir et contempler ces Voix du Silence, là où tout commence.

Ne pas parler, ne pas se taire, vivre la contemplation de ces vestiges ancestraux et impérissables...

Ne pas éprouver de plaisir dans ces moments-là car le plaisir obstrue dès lors le regard. ‘Il y a quelque chose du plaisir qui éteint le désir*', ce désir même de revenir à un état antérieur à la naissance, une fuite dans le Temps, hors du Temps, vers un autre Temps, celui de l'innocence...

avant la cruauté...

Atteindre l'inatteignable, franchir la barrière physique, n'être plus qu'une entité dé-corporée qui s'identifierait, qui s'unirait au Bouddha de par l'humanité créatrice qui les unierait dans l'Espace.

Le Bouddha, paisible, les yeux fermés, au beau milieu de la végétation.

Eternel gardien de celle-ci.

dhyanā-mudrā

Comme s'il avait été érigé en même temps que celle-ci,

se tenant là depuis le premier souffle,

depuis la première clarté.

 * Pascal Quignard

17 juillet 2006