LA MALTRAITANCE
pourquoi un geste trop vif pour aller vite
pressé par le temps une mauvaise parole dite
 sur la dame âgée que l'on ne veut plus voir 
même dans son triste habit noir
 la vieillesse est trop pénible pour moi
c'est trop dur de prendre sur soi
 de voir chaque jour la souffrance 
qu'on ajoute de l'intolérance
 mettre en péril sans le vouloir
 son aîné celui qui ne voit plus 
 qui ne crôit plus en l'avenir
 qui compte les jours sans amour
 quand la mort va venir certaine
dans son triste visage sereine
 
 pourquoi une parole trop forte
cette rancoeur faut qu'on la sorte
 un cri de douleur un sentiment de rejet
 tous ces mots qui nous viennent du coeur
 on oublie que ce sont des être humains
 qui n'ont plus que leur mains déformées
 qui ont vécu mais qui ont tout perdu
 au fil du temps leur dignité
 qu'on a pas seulement compris
 
 rien pour nous aider nous soutenir
 pour les accompagner 
 vers la fin de la vie ou chaque jour
 qui passe est un jour de plus 
 un fardeau que l'on trâine
 comme une vieille rengaine
 cette chanson triste qui nous appelle
 quand le jour viendra 
 ou l'on ne sera plus là
 on ne marche plus on ne mange plus
 on a plus envie seulement de se laver
on est là au milieu juste pour baver
 de se lever pour voir un jour nouveau
 même la corvée d'ouvrir ses volets
 est un poids de plus que l'on traine
 parce qu'on se traine vers cette fin
 qui nous entraîne vers le néant
 
 et nous nous sommes las
 là pour le voir les entrevoir
 et revoir chaque fois un peu plus
 pour leur parler de leur vie
 pour leur dire toujours et
 encore les mêmes choses
 
 dieu que c'est triste d'être vieux
 misérable et maltraité brusqué
 on ne demande rien à personne
 on veut juste un peu de paix
 et quelques moments de sérénité
 
 ce sentiment d'injustice cette haine
 qui nous pousse vers l'autre 
 à l'assaillir à le hair et l'accabler
 sans raison parce-qu'il gène
 qu'il dérange et qu'il salit
 qu'il sent mauvais 
 dieu qu'il est laid qu'il fait pitié
 lui aussi avant il avait sa fierté
 
 maintenant c'est un légume
 qui pèse si lourd et qui se vide
 chaque jour un peu plus on assume
 par la lassitude et demeure
 face à nous sans force
 on le pousse on le repousse
 on le frôle et on le balance
 sans douceur et sans amour
 cette douleur au quotidien
 qui se refuse qui nous afflige
comme cette punition que le temps inflige
une violente gifle que l'on reçoit
la tristesse que l'on perçoit
dans leurs yeux vitreux et sans vie
 chaque jour face à la maladie
l'abandon et l'oubli
 la maladie des vieux qu'on redoute
 être traité et maltraité
qui s'enfuit déjà sans regret
 la fatigue et l'épuisement
 on redoute ce seul moment
 finir sa vie sans sentiment
dans son tourment
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Style : Poème | Par laspiralemagique | Voir tous ses textes | Visite : 1287
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Commentaires :
pseudo : Pardaillan Jehan
Je reconnais bien là les vieux qui attendent dans le mouroir du village voisin, je me reconnais bien dans la glace...
pseudo : laspiralemagique
ne me dis pas que t'es vieux quand même ? la jeunesse de l'âme révèle la beauté de l'homme qui la détient