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permanente par obsidienne

permanente

En sortant du salon de coiffure, Hélène se paya un petit café au comptoir du bar en face de chez elle, Le Mytexte. Ce nom l’étonnait toujours, elle le trouvait curieux pour un bar et en même temps il lui rappelait bien que les clients, en plus de boire et de tomber malade avaient de temps en temps une parole qu’elle aurait bien aimé recueillir et qui méritait de figurer dans l’univers de la littérature. Mais bon, elle y allait ce matin juste pour entendre un ou deux filous la siffler ou du moins la dévisager avec envie. C’était leur manière de faire des compliments. Oui, tous n’étaient pas doués pour aligner quelques douceurs. Le patron, lui ne s’était pas privé et l’avait apostrophée :

Mignonne, allons voir si la rose
Qui ce matin avait déclose
Sa robe de pourpre au Soleil,
A point perdu cette vesprée
Les plis de sa robe pourprée,
Et son teint au vôtre pareil

Elle en avait rougi, le propriétaire du Mytexte avait quelques lettres.

Puis elle était rentrée chez elle. Bruno l’avait accueillie avec un regard admiratif et plein d’intentions coquines. Il riait d’avoir remarqué que sa femme était allée chez le coiffeur, il riait de la trouver si désirable, il riait des défenses qu’elle montrait, comme s’il allait trousser son jupon, là, dans l’entrée, pour lui montrer dans quel état elle le mettait.

Il riait, mais il l’emmenait à reculons dans la chambre, en la bâillonnant de son sourire amoureux ; il riait, mais il l’enserrait gentiment de ses bras, collant leurs deux poitrines dont l’une laissait percer une excitation magistrale ; il riait mais il était grave comme le jour de leur rencontre. Elle aussi riait, mais encore un peu fatiguée d’un orgasme volé en public, se débattait mollement dans des mots tout aussi mous : non, mes cheveux… ; elle riait mais elle frottait avec un certain plaisir, et innocemment bien sûr, le sexe de son amoureux qu’elle sentait mûrir comme une banane (de celles qui murissent dans les avions, vertes et bien dures) ; elle riait mais elle le retrouvait, avec dans ses yeux le plaisir qu’elle lui faisait en s’occupant de sa toilette, de son corps de femme, de son image. Le lit accueillit ces éclats de rire, sans pudeur. Les draps étaient encore défaits, il flottait un parfum d’amour ancien dans cette chambre. Le ciel clément n’obligeait ni à baisser les volets, ni à fermer la fenêtre, ni à aérer, ni à monter le chauffage. En quelques secondes, ils en étaient arrivés tous les deux au point où ils se disaient la même chose, sans l’exprimer : j’ai envie de toi mon amour, maintenant, tout de suite. Un regard un peu plus lumineux et ils roulèrent sans se concerter, chacun de son côté pour mieux se dégrafer, pour laisser jaillir leurs envies et leurs pulsions animales que contenait mal leur éducation bourgeoise. Le chant des peaux qui se frottaient, la mélodie des chairs qui s’imbriquaient, l’harmonie de leurs sentiments qui se répondaient faisaient de ce moment un instant merveilleux. Les griffures qu’ils s’infligeaient sur des parties très sensibles, les morsures qui rappelaient leur fragilité, les mouvements amples parfois doux et parfois très saccadés qui grossissaient leur plaisir et qui les emplissaient d’une jouissance proche, leurs cris, leurs yeux qui s’agrandissaient à ne plus voir que le plaisir de l’autre les emmenaient hors du temps, hors de cet espace. Leurs deux orgasmes ont explosé et les ont littéralement soufflés. Ils ont empli leurs poumons de l’amour de l’autre, ils ont gonflé leur cœur de leurs sourires qui décroissaient lentement, et ils se sont avoués, ensemble : mais qu’est-ce qu’on s’aime !
Une demi heure après, ils étaient encore là, à vérifier que telle courbe était bien où ils croyaient, que tel fruit mûr était définitivement cuit, que tel amour était toujours présent.

Puis au moment de se lever, ils ont un peu fait l’état des lieux. Ils filèrent sous la douche, Bruno redressa une mèche rebelle.
Coquine, Hélène
soupira en se frôlant les cheveux devant la glace : c’est malin, il faudra que je retourne bientôt chez Roberto…

À peine rhabillée, elle se précipita sur le téléphone pour raconter ses aventures à sa copine Scribio.

Elle était heureuse

 

 

 

 

 

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Style : autre | Par obsidienne | Voir tous ses textes | Visite : 883

Coup de cœur : 11 / Technique : 9

Commentaires :

pseudo : scribio

Tu l'as fait ???!!!!! la suite. La copine Scribio va se délecter des aventures "chaudes" de son amie.Merci Obsidienne.

pseudo : clo

bravo obsidienne pour cette suite que jai adoré..! ton texte ce lit avec plaisir..

pseudo : VIVAL33

Un univers empli de clins d'oeil et d'amour aussi. Merci obsidienne

pseudo : ifrit

Ouh quelle coquine cette Hélène ! Je me demande bien ce que pourra donner la suite, elle est heureuse mais ses hommes ne le seraient peut-être pas forcément de la connaître comme notre amie Scribio la connaît ! Voyons donc ce qui va se passer...

pseudo : BAMBE

Il fait chaud chez toi ces derniers temps, c'est un vrai plaisir que de te rendre visite.

pseudo : dawn

waouou, ton texte respire une telle sensualité, et énorme bonheur...

pseudo : asicq

"de celles qui murissent dans les avions, vertes et bien dures", ce petit clin d'oeil drole et coquin dans ce texte si calin... bravo

pseudo : MOSFAN

Très bien contée cette histoire érotique,bravo!