La fugacité d'un instant est incroyable. L'impalpable du temps et son fonctionnement sont surprenants. L'homme a

découpé le temps en secondes, en minutes, en heures. Mais, en réalité, les instant peuvent-ils se compter?

Quelques minutes sont beaucoup plus marquants que des dizaines d'années. Et, pourtant, pourtant, on veut tous

profiter de chaque seconde, car chaque seconde de plus vécue est une seconde de plus vers la mort. Chaque geste,

parole, pensée n'est qu'une partie d'un grand compte à rebours. Certaines personnes se précipitent dans le futur,

ne pensant qu'à leur avenir, d'autres vivent dans le passé et en oublient le présent. Et d'autres,bien rares, profitent

de chaque instant sans se soucier de ce qu'il y a après et de ce qu'il y avait avant. Je les admire, moi qui ne fait que

remonter en arrière ou qui imagine chaque conséquence dans l'avenir d'un geste exécuté dans le présent. Le temps

fait peur parce qu'il est incontrôlable. Il passe, passe et nous on le suit involontairement. A son fil, on grandit, on

vieillit, on évolue. Irrémédiablement il nous contrôle et décide de tout, sans s'arrêter. Il existe depuis toujours et il

existera toujours. Jamais on ne le rattrapera quand il est perdu, jamais on ne le gagnera comme on s'imagine

naïvement. On ne peut pas l'accélérer, ni l'arrêter, ni le ralentir, ni remonter, ni avancer. Il est maître de tout. Les

personnes âgées le détestent et le respectent, les jeunes l'aiment et s'en moquent. Sans lui, plus de morts, de

souffrance, de rides, de peur. Mais une terrible éternité encore plus effrayante, une instabilité impossible à exister.

Dolly.