J'écris ici à quelqu'un, à personne,

pour quelqu'un, pour des pommes.

L'écriture, cette drôle de fièvre

m'enlève, me prend,

drôle de fièvre

qui revient trop souvent.

Je me lis, me relis et me gomme.

Même en rêve, je trace des voyelles, des consonnes.

Pas de poèmes.

Nombre de syllabes, strophes régulières,

mots alignés, rimes croisées,

Aucun ouvrage écrit en vers.

J'écris des mots qui se marrient,

s'arrangent entre eux et puis s'assemblent.

Je préfère les mots simples et familiers,

ceux qui se disent dans l'escalier,

aussi légers que le papier.

J'écris mes maux, ceux qui traduisent ma pensée.

Et j'écrivaille, vaille que vaille,

sans une once de style

des lettres et des lignes,

à ce tendre poète, à ce doux balladin,

qui n'écrit à personne, se moque de ma pomme.

Et j'écris à quelqu'un, ce jongleur de quatrains.

Roxane