Y'en a plein les terrains vague, ça dégueule de partout. Y'a des
temples partout, tout autour de la ville. J'ai consommé tout ce que
j'ai pu. Plein la panse, rien dans la pense. J'ai tout baffré, j'ai
acheté des pantalons plus large. J'ai acheté des ceintures avec mon
chômage. Des bretelles avec mon RMI.
Y'a un univers dans ma
poubelle. Des lambeaux de bonheur usés. Des emballages et des pots de
yaourt. Du vide, du périmé, du changement d'avis, de l'usé/abusé, du terminé,
du passé. Y'a ma tête et mon estomac. Mes héros, mes amis et mes
prophètes. Y'a mes goûts et mes dégoûts, de toute les couleurs.
Mes
rêves avortés, et des trêves accordées. Y'a ma sueur. Ma sueur en
carton, ma sueur en épluchure, ma sueur en aluminium, en plastique et
en papier. Mes bretelles de RMIste.
Les couvertures des magasines.
Les stars avec des épluchures sur les dents, des sourires violés par
des patates écorchées vives. Y'a les cendres d'une aprés-midi. Des
ratures et des brûlures. Y'a le génie de Francis Ford. Y'a Wilson
Woodrow, et y'a Monica Lewinsky. Du pétrole et des photocopies de la
Joconde.
Y'a mes désirs démesurés, mes envies mal calibrées, y'a des
chutes. Des chutes de tension. Des chutes silencieuses. Des compte
rendus de rêve, ces rêves qu'on réalise pour se rassurer sur leur
futilité. Y'a du prestige et de l'image de marque, et des marques sur
les images, et des images qu'on remarque encore, des remarques
imaginaires. Y'a le nerf de la guerre, et puis y'a la guerre des nerfs.
Y'a mes petits cauchemars.
Vers
le cimetière des caddies, décatie. Le cimetière décadent, sur les
dents. Dans les parkings, dans les hôpitaux, sur des aires d'autoroute,
sur un air de jazz. Dans le supermarché, l'hypermarché, l'ultramarché.
Du pétrole dans les artères, une prise de sang, 200 prières. J'ai des
€uros qui ne font pas que des heureux. Des heureux qui ne font pas que
des rots. Des marges arrières quand rien ne va à reculons. Des
manoeuvres, des manutentionnaires et des manuels. J'achète des
conflits, je prend position, j'achète une opinion et je calcule la
pluvalue. L'espérance de gain, l'espérance de vie, et puis plus
tellement d'espérance. Se faire traiter comme un chien, et puis se
faire retraiter, comme un vieux cabot.
Des containers et du ciel
bleu. Une décharge en surcharge. Des camions pour ramasser les ordures.
Des bus pour emmener les ordures en bon ordre. Des ordres pour amener
le désordre. Un bulletin de notes, un bulletin de salaire, un
certificat de décès. Les archives. Un coup de force dans la rubrique
nécrologique. Un testament du vide. J'ai consommé tout ce que j'ai bu.
Ma sueur et mon sang, et le lait des jeunes années.
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Style : autre | Par Oscar Najh | Voir tous ses textes | Visite : 712
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Commentaires :
pseudo : Najah hamid
Tu as consommé tout ce que tu as pu…il y a du pétrole dans tes artères, une prise de sang, 200 prières..t avais très peur.. Y'a tes désirs, tes envies .y'a tes chutes. Des chutes de tension. Des chutes silencieuses. Des comptes rendus de rêve utilité. De l'image de marque, et des marques sur les images, et des images qu'on remarque encore, des remarques imaginaires. Y'a le nerf de la guerre, et puis y'a la guerre des nerfs. Y'a tes petits cauchemars. Un bulletin de notes, un bulletin de salaire, un certificat de décès… ce très profond texte m a ébloui. Troublé…quel proses. du détails le plus détaillés.. Tu as tout avale, tu as acheté des pantalons plus large. Et des ceintures avec ton chômage. Des bretelles …Y'a un univers dans ta poubelle. C est très très beau.. immense... chapeau...je m incline très bas pour te saluer avec respects..
pseudo : BAMBE
Beau, fort, chantant, original, quoi encore? Tellement à dire mais j'attends de te lire encore.
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