Il aurait eu vingt ans aujourd’hui. La vie en a décidé autrement. Samuel avait trop bu ce soir là, il n’aurait jamais dû lui faire confiance. Avant de monter dans ce qui allait lui servir de tombe, il me dévora des yeux sans se douter que nos regards ne se croiseraient plus jamais. Plus jamais, je ne regarderai la vie que j’imaginais avec lui. Peut être que c’est de ma faute. Et puis à quoi bon toutes ces questions ? La voiture nous a quitté vers deux heures du matin. Alors que ses parents dormaient d’un sommeil de plomb, un appel téléphonique déchira la nuit. Il m’aurait donné de beaux enfants, on les aurait appelés William ou Sophie. Toute notre vie était promise au bonheur. Karine m’avait prévenu, la vie se construit jour après jour disait-elle. Et ce sont parfois les matins qui sont les plus douloureux. Vivre sans lui n’est aujourd’hui possible que dans mes songes alors à quoi bon se réveiller. Il est parti et comme le dit si bien Frédéric DARD, si j’avais su que je l’aimais autant, je l’aurait aimé davantage. Nul ne sait à quel point il était unique et son prénom sonne comme la première lettre de chaque phrase de ce qui me reste de lui.