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LE POETE ET SA MUSE ( Pièce en 1 acte et un tableau ) par rene gaillard

LE POETE ET SA MUSE ( Pièce en 1 acte et un tableau )

Le décor : La nuit - Une pièce donnant sur un jardin par une fenêtre. Le poète est asis à son bureau, les coudes appuyés, la tête entre ses mains.

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La muse entre, le poète lève la tête.

               Le poète ( émerveillé )

Ma muse ! Vous ici ! Que fut longue l'absence,

Vous aviez disparue de ma triste existence,

Et sans vous mon esprit d'hiver s'est assombri,

Les phrases et les mots se sont mis à l'abri

Et n'apparaissaient plus, ma feuille restait blanche...

Vous voila de retour !... Je sens mon coeur qui flanche,

Mais ne peux m'empêcher d'une suspicion :

Vous ne m'aimiez donc plus ? Avais-je moins de zèle ?

Sur autre avez-vous mis le couvert de votre aile ?

Sentiez-vous l'amour quelque peu s'affaiblir ?

Juger ainsi de lui, ce serait me salir !

Je vous aimais Ô Muse ! Ô ! Que je vous aimais !

Mais cet amour si pur ne vous émut jamais...

                 La Muse

Poète mon ami, voulez-vous bien vous taire !

Croyez-vous être seul sur la planète terre ?

Je suis tantôt ici, puis je m'en vais ailleurs

J'apporte mon soutien à tous les rimailleurs.

Il est de mon devoir et de ma destinée

D'insuffler le bel art comme une soeur aînée...

Mais en ce jour j'arrive et ne pense qu'à vous,

Je viens pour réveiller  vos rêves les plus fous.

Voyez dans mon sillage une gerbe d'étoiles,

Sentez ce doux parfum enroulé dans mes voiles,

C'est de la nuit d'été que j'apporte en ce lieu...

Ecrivez ! Profitez de ce cadeau de Dieu.

               Le poète

Mais... je ne comprends pas que vous puissiez à d'autres

Disperser des amours que je pensais les nôtres,

Je vous croyais à moi......

               La muse ( en colère )

                                  ......Seriez-vous donc jaloux ?

Les muses ne sont pas à merci des marlous !

De même que mes soeurs je ne suis pas humaine

Et si, très près de vous bien souvent l'on s'amène,

C'est qu'un Dieu nous créa pour servir tous les arts .

Notre but est ainsi... Ce ne sont point hasards

Si parmi les humains il ressort des génies,

C'est que mes soeurs et moi nous nous serons unies ;

Car l'homme à lui tout seul ne serait jamais rien,

En restrant juge unique il ne fait aucun bien,

Il se bat, il détruit, il méprise son frère ;

Si nous n'étions pas là, il ne ferait que braire !...

Quant à vous, désireux de m'avoir que pour vous,

Je m'en vais sur le champ vers d'autre rendez-vous !...

               Le poète ( suppliant )

Pitié ! Je vous en pris, et pardonnez mon acte,

J'étais fou, je le sais ; confus je me rétracte.

Je n'ai pas, comme vous, en moi l'esprit divin ;

Je vis sur ce sol vil, je mange... et bois du vin,

Et je suis condamné, du jour de ma naissance,

Sans jamais posséder le don d'évanescence,

A ramper sur ce sol sous les coups bas du sort

Et souffrir tous les maux jusqu'à ma propre mort.

Ainsi, comprenez-moi, j'ai les défauts des hommes

Car j'en suis un, hélas ! J'en ai tous les symtômes.

               La muse ( adoucie )

Soit ! Je veux bien surseoir, mais... avertissement !

Un seul mot de travers, je pars rapidement...

Fermez vos yeux lassés puis écoutez mon âme

Qui pénètre en la vôtre et apporte sa flamme ;

Après vous décrirez tous ces échos du ciel

Par les accords subtils du mot spirituel.

                Le poète (extatique)

J'écoute et le me tais, je m'imprègne de vous...

Je sens déjà venir les vagues par-à-coups

Et chacun de ses flux de grand bonheur m'inonde...

Je pénètre à présent dans le centre de l'onde,

Mon analyse est juste et mon esprit plus clair,

Je flotte, je frémis sous le souffle de l'air...

Les odeurs m'envahissent et les sons se précisent,

Mille vibrations en mes nerfs les attisent...

Et ma main réagit... S'échappe du crayon

Une suite de mots évadés du bâillon

Qui les tenait secrets au tréfonds de ma tête;

Maintenant ils sont là dans une immense fête,

Ils jouent en union : cavalcade imprégnant

La page sous mes doigts. Les phrases se joignant

Construisent les beaux vers qui ne voulaient plus naître...

Ô ma muse ! Merci ! Le bonheur me pénètre !

               La muse

Hé bien ! Nous y voilà ! Je peux aller ailleurs

Pour aviver l'esprit des autres bredouilleurs.

               Le poète (rêveur )

Il est vrai que parfois, hors de votre présence,

J'ai su trouver les mots... Dans mon adolescence

Je me souviens d'avoir, avec décence et tact,

Comme l'Amour se doit dans le premier contact

Et que déjà le coeur subitement s'enfflamme,

Pour créer les mots doux que la bouche déclame,

Exprimé pour ma belle un très joli couplet.

J'aurais dû le noter, le texte était complet,

Il avait la rythmique, un sens pur et la rime.

De ne l'avoir gardé me semble presque un crime...

Vous deviez être là, dans son lumineux teint,

Dans son troublant regard dont mon coeur fut atteint.

Près d'elle je parlais, mais je n'écrivais pas,

Nous étions tous les deux avançant pas à pas...

               La muse

Vous n' écrivîtes point, cependant vous le dîtes ;

Vous n'aviez nul besoin de phrases érudites

Car vous laissiez couler le langage du coeur

Hé bien ! Continuez ! Il ne faut avoir peur...

Celle pour qui l'amour vous fit créer des odes

Sans avoir rien appris, sans secours de méthodes,

Qu'est-elle devenue ?.....

               Le poète

                              ......Elle est ma tendre épouse,

Toujours très douce, aimante...et juste un peu jalouse...

Je vous retrouve en elle et vous avez raison !

Comment puis-je voiler ainsi mon horizon ?

J'ai la femme et l'Amour, bonheur à domicile

Imprégné de ma muse...et comme un imbécile

Je pleure sur mon sort qui n'en a nul besoin.

Je n'ai qu'à regarder dans le moindre recoin

Pour sentir s'éveiller le grand plaisir d'écrire ;

Par la force des vers passer des pleurs au rire,

Saluer la nature et exalter l'Amour,

Découvrir le bonheur au fil de chaque jour...

Et,après une vie à recouvrir des pages,

Même sans obtenir près des aéropages

Un mérité succés, j'aurai fait mon devoir,

Je pourrai, sans regret, aller vers Dieu m'asseoir...

Merci Muse ! Ô merci ! D'avoir ôté les voiles

Qui masquaient au regard un firmament d'étoiles.

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Dans un frémissement, la muse d'évapore

Et le soleil paraît incendiant l'aurore.

                    RIDEAU

                            

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Style : Poème | Par rene gaillard | Voir tous ses textes | Visite : 407

Coup de cœur : 8 / Technique : 9

Commentaires :

pseudo : Le gardien du phare

Belle pièce, écrite avec maîtrise et simplicité,On sent bien qu'il s'agit d'un écrivain chevronné, pourquoi ne pas diffuser sur des sites plus adaptés à un tel talent...

pseudo : hadjer

Magnifique !!! On aurait dit un poème d'Alphonse de lamartine!

pseudo : Colette pour René

Merci pour vos commentaires élogieux surtout faisant référence à Lamartine qui était son idole.