Publier vos poèmes, nouvelles, histoires, pensées sur Mytexte

SOUVENIR ANDALOUS par briyor

SOUVENIR ANDALOUS

 

 

                      La demeure de Malek Ouadiach était une maison de campagne de style espagnole. Une grande allée en terre battue mène d’abord à un puits situé juste à quelques dizaines de mètres de l’entrée principale. Les arbres de citronniers, longeaient l’allée de part et d’autre. Elle bifurquait à droite et on arrivait à une étable formant un «L» avec la demeure constituée d’un étage. Cette dernière avec l’étable avaient une toiture en tuile romaine de couleur verte. Les persiennes en planches vermoulues de couleur bleue, étaient fermées au premier étage, malgré l’heure avancée de la journée. Le soleil dans le ciel indiquait presque onze heures. Les murs de la demeure renvoyaient une lumière éclatante aux endroits exposés au soleil. Devant l’étable un tas de foins dégageait une vapeur translucide à laquelle s’ajoutait une odeur âcre qui ferait fuir quelqu’un étranger aux lieux. Le bruit d’une bousculade mêlée aux hennissements de chevaux, parvint de l’intérieur de l’étable. Une grande porte à deux ventaux s’ouvrit pour laisser passer un jeune homme monté sur un véritable pur-sang arabe de couleur terre sienne. Nerveux, le cheval se cabrait, son propriétaire s’efforçait de le calmer. Le jeune homme au chemisier blanc plaquait les genoux contre son cheval pour ne pas être déstabilisé, tant l’animal reculait sur ses deux pattes arrière en tendant les pattes de devant en l’air. Malek, tel est son nom, portait une large ceinture en satin moutarde autour de son ventre. Cette ceinture serrait deux poignards dont les manches d’ivoire étaient recourbés, et, côtoyaient une petite sacoche en cuir damasquiné.

-Morjane ! O Morjane, tout doux ; Plus tard, on fera un galop vers la Sierra Nevada. Maintenant il faut aller à l’enclos.

Et il s’élança au trot dans l’allée. Il s’arrêta à coté du puits, Morjane en profita pour s’abreuver dans une grande bassine en bois qui se trouvait à coté du puits. Malek tenant la bride, leva sa tête en direction de la porte d’entrée de sa maison. Il vit Ramirez, dans un geste mesuré, donnait des coups secs au linge pour le débarrasser de la poussière, et le tenant bien tendu par les deux bouts, il l’étendait sur la balustre en bois. Le geste était le même, à chaque fois que Ramirez puisait de ses deux bras le linge dans une grande caisse rectangulaire en osier. Malek regardait ce bout d’homme avec une certaine affection. Malgré son âge, il restait en possession de toutes ses forces. Quatorze années, qu’il était chez eux, il était le père, le frère et l’ami. Il faisait tout ou presque. De l’aube, jusqu’à une heure tardive du soir, il était partout. Il préparait le café, le déjeuner et le dîner. Il procédait au nettoyage de la maison, au jardinage, et s’occupait de l’entretien de la dizaine de chevaux qui n’a cessé de s’accroître depuis trois années. Ramirez, pensait Malek, est indispensable. C’est le grand frère que je n’ai jamais eu. Ne l’a t-il pas aidé à surmonter sa douleur après le drame. Le drame de Dar Echourti, ainsi les gens désignent ce drame quand elles en parlent. Son visage s’assombrit. Au loin Ramirez leva la tête en direction de Malek. Son visage était souriant. Malek lui rendit le même sourire. Il le salua de sa main droite, et le héla :

-Holà Ramirez, je conduis Morjane à l’enclos. L’autre acquiesça de sa tête.

Malek s’élança sur son cheval en direction de l’enclos situé en contre bas, d’où la plaine s’étendait en vergers jusqu’aux abords de la ville de Grenade.

 

 

 

On l’appelait Bernardo, il sentait le vin à dix mètres à la ronde. Quand il buvait, ses yeux devenaient rouges. C’était le cas cette nuit, dans la taverne du lion d’or. Une taverne fréquentée par une plèbe de tous les coins de Grenade. Elle était bruyante. Au brouhaha de l’assistance, se mêlait la musique tzigane. La taverne était connue pour son bon vin, sa musique et ses filles qui venaient y choir parceque la misère les poussait à faire commerce de leur corps, quand le vol devenait dangereux ou impossible pour quelques-unes d’entre elles. Bernardo était aussi connu pour être un homme violent, surtout la nuit, quand il prenait du vin. Les filles de la taverne lui tenaient compagnie et s’éclipsaient dés qu’il commençait à devenir nerveux, à insulter les gens autours de lui. Ceux qui le connaissaient, feignaient de ne pas l’entendre, mais les étrangers, les durs, lui rendaient la pareille, et cela se terminait à coups de poing.

Bernardo était accoudé au comptoir, la tête lourde vacillait de droite à gauche, tandis que sa main droite serrait une bouteille de vin presque vide. Il se retourna vers un groupe attablé derrière lui entrain de discuter. Il leur fit des grimaces en se tordant la tête, puis leva son bras droit, le doigt pointé sur l’une des personnes attablées. Ses lèvres s’ouvrirent en dessinant un rictus méchant et il lança : -Toi ! Toi, si, si.

Celui à qui était adressée la parole, ne broncha pas et continuait de s’intéresser à la discussion du groupe.

Holà ! Toi, tu es sourd ou quoi ? ! Mozarabe sans foi, tu nous espionne hein !

-Quoi ? Dit l’homme qui maintenant s’est complètement retourné.

-Tu es saoul, mesure tes paroles. Je suis plus castillan que toi.

-Non, que non, si tu es Castillan, moi je suis le pa..Et il ne termina pas sa phrase. Une main se posa par derrière sur son épaule.

-Arrêtes Bernardo ! Ne vois-tu pas que le vin, te fais divaguer ? !

-Moi. No. Y no. Conscient, je le suis Ricardo. C’est toi o Ricardo, mais regarde sa tête, elle ne peut-être que celle d’un maure qui sera un homme mort.

Assez ! Intimida le tavernier. Et s’adressant au groupe.

-Senores, il ne sait pas ce qu’il dit.

Tu feras mieux d’aller cuver ton vin ailleurs, si tu ne veux pas qu’on t’empale comme une saucisse ! Lui rétorqua un des hommes qui ne semblait plus se contenir.

On ne parle pas ainsi à Bernardo toi le borgne !

C’est une situation imprévisible qui détourna cette altercation. En effet, un chien, habitué des lieux, brusquement se mit sur ses quatre pattes, et commença à aboyer en direction des cuisines. Il fit un bond sur la table, balaya de sa queue les verres et les bouteilles qui se trouvaient posés. Les clients, maintenant tournaient la tête pour chercher l’objet de ce vacarme. Le chien, toujours poussant des hurlements s’avança vers la fenêtre dont les vitres étaient cassées. Une forme sombre se débattait sur le rebord extérieur. Le chien comme un éclair sauta sur le dos de l’homme tout prés de la fenêtre. Celui-ci surpris, recula en arrière, un peu trop, peut être, pour s’affaisser sur son compagnon. Tous deux roulèrent sur le sol, alors que le chien essayait se s’agripper à la fenêtre. Sa patte droite plongea en avant, effleura la forme, qui poussa un cri de terreur, mais le chien, glissant, chuta sur une carafe Celle-ci tomba sur le sol, brisée en mille morceaux.

-Assez ! Le chien. Criait le tavernier.

Au fond de la salle, la musique et la danse continuaient de plus en plus, alors que le chien s’acharnait à tout prix à attraper la bête, se débattant de ses ailes. Aveuglée par la lumière du lumignon, elle s’affolait.

Quelqu’un cria : C’est un hibou !

L’homme qui s’était affaissé par terre, lança un juron : Oiseau de mauvaise augure, que l’enfer t’emporte !

Le chien reprit ses aboiements, le groupe d’individus qui était attablé s’éloigna de l’endroit, l’un d’eux buta contre un sac de jute déposé sur le sol, tomba sur Bernardo, qui vociféra un chapelet d’injures. Bernardo était écrasé par le poids de l‘homme, qui peinait pour se relever. Il poussa l’homme contre le pied de la table. Le chien avait la patte tout en sang. Quelques plumes jonchaient la table. Mais le hibou avait pris la fuite. Déjà le tavernier s’affairait à tout remettre en place alors que Bernardo se relevait chancelant. Il avait oublié l’homme avec lequel il avait eu l’altercation. Le groupe qui fut attablé contre le mur, s’éloignait vers la sortie en proférant une cascade de mots entrecoupés d’éclats de rire, leur compagnon qui avait essuyait le sol voulait retourner vers Bernardo, mais de leurs bras ils le maintenaient solidement et le tiraient vers l’extérieur.

 

  A SUIVRE  ...........................................................D.T

 

"Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite sans le consentement de l'auteur est interdite"

Style : autre | Par briyor | Voir tous ses textes | Visite : 647

Coup de cœur : 12 / Technique : 10

Commentaires :

pseudo : princedudesert

Certes ce texte degage les senteurs parfumées de l andalousie , ce paradis perdu que les arabes ont délaissé filer de leurs mains aprés une si longue periode de faste et d'aisance Un conseil :essaie d alleger le volume des textes car c est lassant à lire..Amicalement