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SOUVENIR ANDALOUS suite par briyor

SOUVENIR ANDALOUS suite

 

 

           Jalia descend du carrosse et s’approche des bêtes. Elle caresse le blanc, celui-ci tourne la tête en direction de la ville, puis il la retourne pour la mettre sur l’épaule de la fille. (Caméra trois, cadrant Jalia et les chevaux. Action.)

 

-O gentil cheval, combien de fois, tu as échappé à la mort. Tu reconnais l’endroit d’où tu sortais pour mener l’homme au combat.

-Quelle est cette force qui te laisse endurer toutes ces épreuves ? Elle sursauta, quand son père l’appela. (Caméra trois,  Je recule en arrière pour placer dans mon champ le père, la fille, et les chevaux. Je mets la source et la cible en huit heures dix, sur mon viseur. Et je filmais l’action de la fille, se dirigeant vers le carrosse.)

-Montes ma fille, je ne sais pas ou tu trouves tout cela. Attendons le matin. (Extinction des projecteurs. Ecran noir, quelques secondes. Caméra trois prête pour être hissée. )

Et le matin s’est levé comme tous les jours sur Grenade et ses environs. Le soleil avait gagné deux minutes de plus. La grande porte s’ouvrit, le soldat du haut des remparts lança une pierre sur le carrosse dont les occupants dormaient encore. La pierre toucha l’un des chevaux qui poussa un cri de douleur. Son propriétaire montra la tête. Le soldat cria du haut des remparts :

-Allez : Avancez, avancez pouilleux de musulmans. Tu veux peut être, qu’on vienne t’accueillir à bras ouverts !

Abu Marouan regarda ses bêtes en leur parlant :

Tout doux mes grands ! Ce soldat n’est qu’un résidu de l’armée castillane. Avançons maintenant.

Le carrosse, démarra pour arriver au niveau de quelques soldats, qui commençaient à arranger leur uniforme froissé, durant la nuit.

Arrêtes ! Qu’apportes-tu avec toi ? Lui demanda un des soldats.

Rien. Lui répondit Abu Marouan. Quelques affaires qui m’appartiennent. Je reviens dans ma ville après une si longue absence.

Ta ville ? !Rétorqua l’un des soldats tout en fouillant le carrosse. Il s’arrêta, leva la tête vers lui et continua : Tu sais que beaucoup, comme toi quittent Grenade. Mais toi si tu reviens, c’est que tu as épousé notre religion. Il regarda vers la mère et les enfants, et continua : Si tu ne l’es pas encore, tu as intérêt a le faire, sinon,(Il leva la tête vers Abbou Marouan :)ta femme, tes enfants, tu voudrais qu’ils souffrent ?Lança l’homme.

J’ai toujours épargné la souffrance à ma famille. Si je viens ici, c’est que El Senior Bernardo m’a donné toutes les garanties a moi et a ma famille.

Allez, passez ! Vous allez vite déchanter !

Le carrosse reprit son chemin dans une ville qui commençait à grouiller, et dont Le costume musulman avait cédé la place au costume castillan.

 

 

Le carrosse s’arrêta dans une ruelle assez étroite dans le quartier d’Essabaghine. Abu Marouane connaissait les lieux. Son quartier, il le connaissait comme sa poche, il n’avait pas tellement changé. Les arbres avaient encore poussé, la végétation était dense et un peu sauvage, a certains endroits. Les grenadiers commençaient à étaler timidement leurs feuilles. La clôture qui cachait la demeure de Marouane était en pierre de tailles ;à certains endroits les ronces et les herbes sauvages étaient apparus. Des pierres avaient défoncé les montants de l’entrée principale, qui se présentait en arc à cheval. La porte en bois de couleur rouge magenta avait subi des dégradations. Une main en bronze était accrochée au milieu de la porte . Marouane se rappela la fois ou il l’avait acheté avec son père chez un marchand de cuivre. Curieusement une croix était peinte à la chaux en dessous de la pièce en bronze.

Marouane fit descendre sa femme, ses enfants descendirent à leur tour.

-Regardes Jalia, c’était ici que nous habitions.

La mère continua : Oui, nous étions heureux, jusqu’au jour ou tout bascula pour nous. Elle nous manque tellement cette maison.

Oui énormément les enfants.

C’est la, ou vous avez passé toute votre vie père ? Demanda la fille.

Oui depuis l’âge de six ans ma fille.

La maison de grand-père et de grand-mère. Lança le garçon

Oui mon fils et je suis venue y vivre à l’âge de dix huit ans. Votre grand-mère Oumeya séchait les figues, en été, et les étalait, sur une grande natte, qu’elle lavait tous les vendredis de bonne heure.

Oui femme, qu’Allah ait son âme et celles qui ne sont plus de ce monde, ma mère passait son temps à poursuivre les oiseaux qui descendaient picorer les graines des figues séchées. Mon père grommelait tout le temps qu’il la voyait sortir pliée en deux et s’aidant d’un bâton pour chasser les oiseaux. Généralement c’était des rossignols très friands de ce fruit qu’on dégustait accompagné d’huile d’olive.

Femme, tu mourras, le bâton à la main. Disait-il, en la voyant frapper de son bâton les branches de lauriers qui poussaient le long de la haie qui longe le jardin.

Et ma mère lui rétorquait : Si tu ne veux pas qu’on sèche les figues, dis--le. Et quand viendra l’hiver, ne viens pas m’en demander.Elle disait cela avec un air faussement vexé.

Une voix, par derrière les fit sursauter.

Il n’y a aucun musulman dans cette ruelle. Si vous cherchez vos compatriotes, allez plutôt du coté du quartier d’El Bayazinne.

Il aperçurent l’homme qui s’adressa à eux par la porte entrouverte de sa maison. Il était castillan, un bonnet en laine lui cachait tout le front. Une robe en laine lui descendait jusqu’aux pieds qui étaient nus. Il avait la soixantaine, il était gros.

J’habitais là ! Je ne fais que passer, et montrer à mes enfants, l’endroit de mon enfance. Vous-même, n’habitiez pas ici, à ce que je vois. Ou est parti El Ouazan ?

L’autre, sa bedaine serrée par une ceinture en laine rouge gonflant au rythme de sa voix rauque, lui répondit froidement.

Connais pas. Ici, il n’y’ a que des castillans, et il disparut derrière sa porte. Abu Marouane fit signe à ses enfants et sa femme de remonter dans le carrosse.

 A SUIVRE..............................................................................................D.T

 

 

 

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