Une verte pâture étendait ses promesses

D'une herbe tendre et grasse, attendant qu'on la paisse.

Hélas !, juste placée au centre d'un vallon

Elle se trouva l'objet de  guerres  entre moutons

Les noirs disaient aux blancs : ce lieu nous appartient

Depuis bien des printemps, demandez aux anciens !

Les blancs disaient aux noirs : fadaises que cela

Bien avant vos venues, nous y broutions déjà.

Et les uns de charger les autres ruminants

Aux  moindres mouvements de conquête  du  champ.

Les pauvres quadrupèdes créèrent  tant  d'émoi

Que l'affaire parvint aux oreilles du roi

Un lion que l'on disait fort puissant et fort sage

IL  réunit bien vite tout cet aréopage

Sous son autorité et rendit sa justice :

« Puisqu'il faut de querelles en  éteindre les vices

Voici quelle est ma loi : chaque jour de semaine

Cette belle herbe verte emplira la bedaine

Moutons blanc le lundi, puis noirs le mardi,

Alternativement, et jusqu'à samedi

Le septième jour que dieu créa pour nous

Et puisqu'il faut trancher ce sujet avec gout,

Tout naturellement, me reviendra de droit

J'y mangerai alors, d'entre vous, le plus gras »

La force n'a besoin d'aucune tolérance

Tout faible qui le nie encoure un tollé rance.