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GITANESQUES par Nour EL HADAOUI(AMIGO)

GITANESQUES

Gitanesques » par Noureddine El Hadaoui ________________________________________ Je ferme les yeux, je les rouvre;et ma singulière de route est devant moi routes au pluriel. Que de carrefours! De directions! Et d’interminables labyrinthes. La météo aussi est caméléon. De la pluie, fil divin reliant ciel et terre, au soleil, vrai grilloir pour tout pauvre crâne découvert. Oui, les pluies peuvent me mouiller tel un chien de rues, tout comme elles peuvent me décrasser de mes mauvaises humeurs et odeurs de routard. De même que les rayons solaires, qui eux, peuvent me brûler les nerfs, mais peuvent aussi me réanimer en me réchauffant les cotes. Sur la route et les routes, le temps est d’une sympathique folie; tout comme moi d’ailleurs (Du moins je l’espère). Ah! si j’avais une felouque et six cents boules de fromage rouge,j’aurais longé la Seine de mes « folles envies » ou l’oued Oum Errabii, qui serpente ces vielles montagnes de l’Atlas, les terres des Sraghnas, des Doukkalas pour embrasser l’atlantique Lala Aicha Al Bahria prés d’Azemmour. Je ferme les yeux, je les rouvre, l’asphalte invite mes chaussures à poursuivre leur marche. Ah ! Ces chaussures! Elles ont tant de choses à dire. Toutes les chaussures d’ailleurs,pas seulement les miennes. Elles nous raconteraient tant de récits,sur tant de vies ;même si une vie,ça commence toujours pieds nus, de l’utérus d’une mère jusqu’à la tombe sous terre. Mes chaussures à moi, ou plutôt mes brodequins,marchent maintenant sur l’asphalte d’une route déserte. Si seulement une jupe passait devant moi. Si seulement quelqu’un se trompait et me serrait dans ses bras en croyant que je suis son frère, je suis effectivement son frère. Si seulement quelqu’un passait par hasard sur un âne et sans me connaître, il m’aurait dit « bonjour ». Mais Où suis je donc ?Où est mon ami Lemsiyeh noir ? (O quelle paix dans son regard-oreiller!). Je veux voir un sourire complice. Je veux reposer ma fatiguée de tête sur les genoux d’une sœurette réconfortante . Ah oui ..Je me rappelle , je suis avec mon grand H…AMI…D . Il est entrain de me dessiner une belle aquarelle , à coups de pinceau , coups de cœur , il me la colore de son amitié sincère et jovialement innocente ; il me l’encense par son sourire enfantin et bénévole qu’ il me sort tel un magicien de sous sa folle et touffue barbe d’ artiste maudit ; tout comme moi ; n’est ce pas Hammouda ? ( Annajah ya Najah ) . Ou suis je à Dakar pour parler de l’Islam avec mon si croyant copain Sénégalais, ou grignotant un faisandeau grillé à Abidjan. Suis-je au Mexique dans les bras d’une belle descendante des Aztèques, ou des Olmèques ou des toltèques ou peut être des Mayas ou de je ne sais quelle race Amérindienne (j’aurais du lui poser la question avant de la laisser tomber avec sa tequila.) Mais ou suis-je donc ? A Fès la terre des saints. Suis-je au village de la soupe aux fèves ? ou sur le mont des mouches ? dans le pays de la citrouille peut être ou celui du froid de canard et du temps de chien ? dans des contrées chaudes ou celles de "la chaude-pisse" .Ou suis-je probablement, dans cette colombe blanche qu’est la ville de Tétouan, assis sur une pierre de son cimetière des montagnes, en compagnie de mon regretté philosophe d’ami Chibane,en train de brûler jovialement mes brouillons d’essais poétiques. « Ne devient on pas poète à force de poétiser » pour paraphraser l’adage du forgeron qui le devient à force de forger ,n’est-ce pas Amal ? Ne suis-je pas à Murcie en Espagne dans ce magnifique hôtel; style andalou à me rappeler les merveilleux apports arabes à la civilisation humaine dans ces terres " del. Andalucía " ou suis - je dans la " Basque " San Sebatian mangeant une délicieuse tortilla en compagnie de cet amical nain de Pépito ou dans ce bon vieux Saskatchewan ou à Montréal entrain de parler ce français « québécoué » (accent canadien oblige ) avec mon ami François , ou peut être à Kansas city dans le Missouri américain ou tout simplement à missour le marocain , réconfortant cette pauvre aicha ; aux beaux cils et noirs sourcils ; pour tous ses échecs dans les épreuves de ce bas monde ( tu sais ma douce, je ne crois pas qu’il y’a des défaites,il n’y a que des expériences utiles et enrichissantes, à nous d’en tirer profit ). Serais- je perdu ou un simple touriste, paisible et serein sillonnant la terre de Dieu, là ou je veux, ou plutôt là ou je peux, selon le bon gré des frontières et des visas (ne me faites pas rire O respectables droits de l’homme). Mais ce dont je suis sûr, c’est qu’en « camarade » il n’y a rien , en « frère » il n’y a rien. Les bagages ? ce n’est pas la peine . « Tout le mal vient de l’impossibilité de se comprendre » avait dit ce geôlier dans "Luc la main froide" de Paul Newman ou dans "la 25 heure" d’Anthony Quin, je ne me rappelles plus. Vas ! O vent de toujours , que Dieu n’arrêtes jamais la marche, car les arrêts peuvent être fatals, meurtriers, comme l’oubli par fois, ou comme la mémoire d’autres fois.Je ferme les yeux, je les rouvre, je trouve que la route est longue même si elle est courte, telle une vie et j’ai envie d’un épi de mais grillé ; rien qu’un épi de mais grillé et tant pis si la mort me vienne je ne pleurerai pas, je ne regretterai rien. Je pourrais même sourire et sincèrement dire: « que le seigneur Dieu nous ait dans sa sainte miséricorde » et mourir en tant que martyr de l’épi de mais grillé . L’extase n’est qu’un sentiment d’auto-suffisance. C’est mon humble avis. Et toi où est tu mon ami aux lunettes ? Il ne fait jamais dire: « celui là, je ne le verrai jamais ; cette route là , je n’y passerai plus » , car notre poste de commandement cérébral est si limité dans ses pouvoirs, ses décisions tellement conditionnés. Alors !On est à Rotterdam ? Anvers ? à Stockholm ou à Copenhague ? Où est–ce qu’on est tout simplement endormis sur le siège de l’automobile handicapée de nos divagations. Au port d’Amsterdam, il y a des policiers et des femmes; Ah! Jacques Brel. Jacques Brel! Je m’en vais faire de l’auto-stop. Ah! Jacques Brel.. Jacques Brel! Moi je suis à Paris et ce génie -chanteur a dit « Adieu » . Ne nous quittes pas Jackie, ne nous quittes pas. Pourquoi mon ami barbu, le train n’était il pas mort ? Pourquoi mon ami, l’idée demeure toujours. Est–ce que ta vue égoïstement myope t’a fait gagner du terrain ? Ton sac plein de déchets de café s’était il rempli de perles et émeraudes ? est-il vrai que c’est toi qui avait dit: « la mer rugit.les gens meurent par millions.. » Non ? « Poète de l’oignon ! » aurait ironisé Settouf le montagnard. Sois–en sur mon vieux, l’unilatéral regard peut se révéler un vil traquenard. Et ne touches plus de gigot sans lui demander son avis d’abord. La chair d’autrui, n’est pas à la portée de n’ importe qui. Et un repas mangé à l’insu des autres n’est pas nécessairement enrichissant. Tu devrais savoir aussi que l’amitié n’est pas une barbe qu’on peut raser à notre guise. Pour moi, ton image est toujours amicalement gardée dans mon sac à dos à souvenirs (n’est ce pas mon Hercule ?). Dans la gare d’Austerlitz, il y’a une salle d’attente. En tout il y’a une salle d’attente. Il y’a trop de monde et je suis seul. Il y’a un train… Un autre train... Des trains... La fumée des cigarettes, des yeux qui regardent... Des chapeaux... Des jupes et sabots, une tête se baisse, une autre se retourne, celui-ci est pressé, celle–là aussi... Des apparences stressés... Des visages souriants... D’autres contents... La nervosité dans l’air... La névrose peut être aussi... Il faut de tout pour faire un monde... Il faut de tout pour remplir une salle d’attente... Il y’a trop de monde, dans ce monde et moi je suis seul. Si seulement des policiers venaient m’arrêter... J’ai la peau brune et des cheveux noirs, j’ai tué deux papes et jacques Brel; au moins dans un commissariat parisien, j’aurais de la compagnie, il y aurait assez de policiers (gentils et méchants), et des détenus(coupables et innocents). Je ferme les yeux, je les rouvre. Je ne sais ou va cette route. Ne pleure pas gentille Lola. Pardonne-moi , si tu ne me trouves pas à tes côtés. Je ne suis pas le sensible poète que tu cherches. Laisse les vents du nord jouer avec tes cheveux gitans. Regarde ce pigeon « boiter » sa vie sans renoncer à sa vie de pigeon boiteux, ou reviens à Aix En Provence, ça sera encore une fois pour toi chaud et doux comme le paisible ventre de ta mère. La sécurité réconfortante a été et restera toujours tout prés de nous, il suffit d’y croire et de l’accepter en s’acceptant soi-même. Moi, il se peut que je sois à Ifrane, j’étanche ma soif en savourant l’eau coulante des hauteurs du Moyen Atlas, sinon je dois être avec ma belle Mounia sur les monts de Tioumliline qui ont voyagé à travers toutes les saisons pour nous accueillir par cet été de rêve. Où suis-je entrain d’écouter sa merveilleuse imitation des chants de la diva arabe qu’a été Oum keltoum, sous l’ombre des arbustes de la superbe station balnéaire Tamaris. Et je peux être aussi avec mon étrange d’ami Hassoun, sous une tente à Kharzouza (O Dieu, Grand et Mésicordieux, faites que tous les amis du monde soient tels que lui; bons, fidèles et généreux; au moins l’amitié restera un havre de paix ignorant les tempêtes du temps). Tiens donc, et si j’étais là, maintenant, tout simplement, en train de goûter les fameuses sardines grillées à Safi en lisant quelques lignes de l’histoire si riche de mon Maroc bien aimé sur les murs de Ksar Labhar avec la bénédiction des Saints Sidi Mhammed Saleh et Sidi Bouddhab. Je ferme les yeux, je les rouvre, je suis dans un berceau, dans une mosquée, sur une chaise d’école, je suis dans mes souvenirs. Heureusement qu’on a une mémoire. Malheureusement on a une mémoire. Mais il y a toujours l’histoire (Histoire! histoire! Baves sur moi, je ne dirais rien.) On nous avait raconté qu’Alexandre le grand avait appris sa persévérance d’une fourmi. Moi aussi je veux l’imiter et imiter sa fourmi, qui dès qu’on écrase son trou de gîte, elle en creuse un autre. Et si Alexandre est mort, qu’importe! je suis à Casablanca. Casa la blanche, Casa la grande, Casa l’ogre, Casa l’enfant gâté, le bon enfant. Si à Paris, j’avais voulu suivre les pas d’apollinaire, ici, je suis mes pas. Rappelles toi véronique, si sympathique viking « squaw » qu’on ne "remplace pas la tristesse d’un cœur, par le souvenir d’un passé" (comme si la vie , allait mourir demain), l’avenir n’est pas myope. Il suffit d’avoir un cœur gros comme ça. Même si les murs sont haut, même s’il y a des enfants qui pleurent, même s’il y a des loups, je veux dire des loups-garous ou des hommes loups, je ne sais pas moi. Même si la mer peut être d’une traîtrise insoupçonnée, même si les circonstances peuvent être menteuses, il y aura toujours des gosses; filles et garçons; qui jouent quelque part, il y aura toujours une affectueuse mère dorlotant son chérubin. Et puis, il y a toujours du sable doré, on peut toujours s’y bronzer, on peut toujours savourer les sourires sincères, on peut même chanter (seuls ou devant quelqu’un, importe peu), on peut toujours voir quelque chose qu’on avait jamais vu auparavant ou même une chose qu’on a déjà vu, un papillon voler par exemple, un oiseau, un ciel coloré par un beau crépuscule ou par une rayonnante aurore, un couple d’amoureux sincères, des gens vaquant à leurs innocentes occupations quotidiennes, et tout ce que le Créateur peut présenter devant notre regard altruiste et désintéressé. Je ferme les yeux, je les rouvre. Je suis à Oujda, brave chef-lieu de notre oriental national, buvant un succulent thé dans la verdure de ce café populairement nommé Charchoura dans les alentours du mausolée du Saint Sidi Yahia Ben Younes, et j’ai là une pensée pour cette vielle femme juive marocaine qui m’avait dit que « ce sont les hommes qui nous ont séparé» quand, pour la réconforter pour sa plainte d’avoir un cancer , je lui avais parlé des malheurs subits par le prophète Sidna Ayyoub et qu’elle m’avait répondu que dans le Judaïsme, ils ont eux aussi un prophète du nom de Job qui avait une histoire similaire et que je lui avait expliqué que l’Islam parlait du même personnage , seuls les noms diffèrent selon la langue: Ayyoub c’est Job , Yahia c’est Jean le baptiste, Younes c’est Jonas. Je ferme les yeux, je les rouvre, et je suis tellement heureux d’être à Kenitra, je rend grâce au Bon Dieu tout puissant et clément d’avoir guidé mes errants pas pour arriver là, et rencontrer ce Saint homme, sage et mystique Moulay Abdelaziz qui a bien voulu guérir mes plaies spirituelles (Pardon Sidi, je ne serais jamais capable de vous traduire mes sincères remerciements et véritables sentiments de gratitude, même si je sais que vous m’avez toujours humblement dit: "le rescapé tend sa main à son frère") Je ne ferme plus les Yeux , je les garde ouverts. Ou êtes vous mes amis? Tenez mon cœur, faites en un palais de vos rêves les plus fous. Faites en un sac de couchage si vous avez froid. Faites en une clé, une fenêtre pour vos cellules, une belle chanson pour vos sombres nuits de solitude. Il n’y a pas de limites aux choix réels, réalisables. Où êtes vous? Moi je suis en moi. Et j’y reste Puisqu’à chacun ses jumelles, à chacun son propre mensonge, à chacun sa foi, à chacun ses calculs, à chacun son écrit, et que chacun parle sa langue, chacun veut être... et être, et être, puisque tous les chemins mènent à Rome, toutes les mesures sont des mesures, tous les regards ont trop de choses à dire, je préfère ma couche, elle est de toutes étoiles, sous la belle étoile; avec moi je l’espère ma bonne étoile. Rédigé par: Noureddine EL HADAOUI. CASABLANCA

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Style : autre | Par Nour EL HADAOUI(AMIGO) | Voir tous ses textes | Visite : 392

Coup de cœur : 12 / Technique : 11

Commentaires :

pseudo : princedudesert

Tu aurai du ecrire ton texte en parties car là il parait trés chargé et n attire pas à la lecture.Essaie de mettre en ligne un texte qui respire c est plus agreable a lire.Amitiés

pseudo : N.EL HADAOUI(AMIGO)

Merci prince;mon ami najah Hamid m'avait suggéré de le diviser en plusieurs textes . mais j'ai peur de défigurer mon bébé .