Il n'existe aucun fait inexplicable ici bas. Méfiez-vous. Les conséquences dérivent des causes.

LA CURIEUSE

Evitez d'être curieux. Votre vie peut en dépendre.

Ce jour là, caroline arriva tôt à son travail. Jeune fille d'Anse À Vaux, elle était venue à Port-au-Prince, en quête d'une vie meilleure. Et les circonstances de la vie lui avaient imposé ce rôle de femme de ménage.

-Bonjour caroline. Comment allez-vous ?

-Je vais bien, madame Jacques.

Madame Jacques était sa patronne. Madame Jacques, elle l'appelait toujours ainsi bien qu'elle n'ait jamais vu le mari de cette dernière.

Un jour, caroline lui avait demandé.

-Madame Jacques, où est monsieur jacques ?

-Ecoutez mademoiselle, cela ne vous regarde pas, occupez-vous de votre travail ! C'est pour cela que je vous paie, lui avait lancé madame Jacques furieuse !

Les jours passaient et le mystère demeurait intact pour caroline. Mais elle était convaincue qu'un fait étrange se déroulait toujours dans la chambre de madame jacques. Quoi ?...elle voulait savoir. D'une façon ou de l'autre elle le saurait.

Elle guettait madame Jacques discrètement. Elle contrôlait ses sorties, ses moindres fait et gestes. Rien n'y fit. Mais en bonne curieuse qu'elle était, elle n'avait jamais baissé le bras. La solitude de madame Jacques l'intriguait.

Pourquoi refuse-t-elle toujours qu'on entre dans sa chambre, se demandait toujours caroline. Qu'est ce qu'elle peut bien y cacher. Il faut que je le sache.

-Laisse moi tranquille !...

Caroline sursauta. De la cuisine étant, le cri déchirait ses oreilles. Ce cri venait de la chambre de madame Jacques. Intriguée, caroline se dirigea vers la chambre...Lentement, avance-t-elle ? Elle se demanda sans cesse : Mais ! avec qui madame  discute-t-elle ? Que se passe-t-il ?

Arrivant devant la porte, son cœur fit un bond. Madame parlait avec quelqu'un à la voix de stentor. On dirait la voix d'un monstre.

-Tu dois m'aimer, disait la voix. Tu t'es engagé à accomplir mes quatre volontés. Alors, tu ne peux plus revenir en arrière.

Et la voix riait. La voix riait encore, elle riait plus fort tandis que madame pleurait. Elle pleurait comme une madeleine. Caroline tressaillit. Elle avait peur. Elle voulait partir tout de suite. Elle allait courir. Mais quelque chose lui retenait. Non, je ne peux pas partir sans savoir avec qui elle parle.  Elle retourna sur ses pas, se ravisa, réfléchit un instant et se dit : il faut que je voie !...elle retourna devant la porte. Elle resta inerte un moment, elle hésitait. Devrait-elle tourner la serrure ou non...

Par une main invisible, caroline se laissa guider. Elle tourna la serrure et ouvrit la porte. Étonnée, elle perdit parole...

Ce qu'elle voyait était incroyable. Caroline ouvrit de grands yeux. Elle voulut courir mais les pieds lui manquaient. Seigneur !cria-t-elle en son fort intérieur, sauvez moi.

Elle avait peur. Elle avait peur de cette couleuvre qui était debout auprès de madame Jacques. Cette voix de stentor qui riait, ses yeux de braise qui la fixaient lui donnait des frissons.

-Que voulez-vous, fulmina le serpent.

Caroline trembla. Elle trembla de tout son corps et sua de tout son être.

Le serpent fila vers elle. Elle courut. Dévalant les escaliers, elle courut de plus en plus vite tandis que le monstre lui emboîta le pas. Elle priait. Elle appelait tous les saints, tous les anges. Viendront-ils à son secours ? Caroline, aurait-elle la chance de s'échapper...

Elle alla ouvrir la porte principale. Cette porte qui pourrait la sauver de ce monstre. Elle posa sa main sur la serrure.

-Pas si vite ma belle, ordonna le serpent. De sa queue, elle tira les mains de caroline.

-Lâchez-moi ! Cria cette dernière.

Elle tenta de se débattre. Peine perdue. Le serpent avait la force d'un démon venu de l'enfer. Devenue faible ne sachant quoi faire, la femme se laissa torturer par le serpent, qui, par la suite, la viola. Après avoir vécue cette expérience atroce, la femme de ménage laissa Port-au-Prince pour se rendre dans sa ville natale. Deux jours plus tard elle mourut.