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Mon Histoire Vraie - BONUS (1/2) - par L.

Mon Histoire Vraie - BONUS (1/2) -

Texte écrit un an avant "Mon Histoire Vraie" et prononcé sur scène, le soir de la Saint Valentin,  en présence de la demoiselle du banc... Pensé, donc, pour être lu à voix haute.

 

Une (Simple ?) Histoire d'Amour 
 
 
 
Je suis né, il neigeait, et j'étais déjà seul : à la fenêtre, les étoiles scintillaient, seulement elles ne scintillaient pas assez... La vie était comme une maison dont les portes étaient grandes ouvertes, mais je n'arrivais pas à en franchir le seuil. A l'intérieur, il y avait des voix, des fous-rires et même de la chaleur, mais au-dedans, je ne semblais destiné qu'au néant, à l'absence et au froid ; et ce qui était une naissance - au fond - ressemblait à un deuil. 
 
On m'a donné la vie, on m'a expliqué que c'était une chance, que c'était un trésor que je devais chérir - et pourtant, je n'ai rien reçu -. Longtemps, j'ai attendu que l'on me dise ce qu'il fallait en faire, ce qu'on voulait de moi, la conduite adéquate ou ne serait-ce qu'un signe, mais la voie qu'on m'avait tracée était une ligne si droite que je m'y suis perdu. On aurait voulu que je croie que « tout ce qui brille était Or », qu'une frontière séparait la mort de cette vie-là, que je prenne le soleil pour seul point de repère, que je rêve d'enfermer la mer dans un verre d'eau... On m'a dit que j'étais un Roi, que j'aurais un château, mais j'attends toujours la couronne. Aussi : que « si ce n'était pas moi, ce n'était personne », mais personne ne m'a jamais dit pourquoi. On m'a dit d'être un lion mais on m'a mis en cage, et on a chassé mes mirages pour mieux me bercer d'illusions. Entre matins livides et vie à contre-jour, en me parlant d'amour, on m'a offert le choix d'un vide qui me hanterait toujours, et c'est tout ce qu'on m'a donné. 
 
Alors, j'ai pris. 
 
J'ai ouvert grand les yeux, j'ai regardé le monde, j'ai cherché à comprendre dans quel sens il tournait sans en trouver aucun et puis... J'ai fais mes premiers pas, risqué mes premiers mots, saisi ma première main pour entrer dans une ronde dont je ne savais rien, où j'étais étranger, qui tournoyait sans fin ; et j'ai fait comme les autres pour ne plus avoir peur, pour ne plus avoir froid, pour ne plus être creux ou seul à l'intérieur et peut-être oublier que ce n'était plus moi, que j'y perdais une âme qu'on ne me reconnaissait pas. 


J'ai grandi avant d'être l'enfant qu'on aurait voulu que je sois et comme beaucoup d'autres à mon âge, j'ai longuement scruté les nuages à la recherche d'un Dieu qui ne s'y trouvait pas. Plutôt que de me battre, j'aurais pu apprendre à me taire... Plutôt que m'indigner, j'aurais pu apprendre à m'y faire et respecter les règles, même celles qui m'imposaient de ne pas respecter les gens. J'aurais pu, oui, faire comme tous les autres - et même, avec talent - :  
 
Profiter, jalouser, mentir, mépriser, critiquer, haïr, envier, médire, tromper, tricher, trahir... Briser tous les miroirs pour ne plus jamais voir ma Vérité en face. Ne tendre la main que pour « avoir », et ne jamais rendre que les coups que l'on m'aura donné. 
 
On m'a dit qu'il fallait que je sois « le premier » - quitte pour cela à écraser les autres-, et que quand Dieu ferme une fenêtre il ne fallait pas hésiter à enfoncer la porte. On m'a conseillé d'être odieux, de ne penser qu'à moi, de ne pas être une proie mais d'être un prédateur ; on a ajouté que « nécessité faisait force de loi », que si l'argent gagné ne fait pas le Bonheur, il fait la valeur d'un être vivant et qu'en cachant mes cartes, c'était les hommes eux-même que je pourrais abattre. Moi, j'aimerais pouvoir dire que je n'ai pas été tenté, que j'ai su résister, que je n'ai jamais cru à ces Grandes Choses que j'étais censé accomplir, à cet Homme Admiré que j'étais censé devenir, à ces Empires que j'étais censé ériger et à ceux que j'étais censé détruire... Mais je voulais être Grand, mais je voulais être Fort, je voulais être Aimé - si ce n'est à raison, au moins, à tort -.  
 
Je construisais sans rien construire. 
Je respirais sans respirer. 
Je marchais, mais sans avancer. 
Je voyais, mais sans voir. 
 
Plus il faisait sombre, plus je m'égarais... Et plus je m'égarais, et plus il faisait sombre. Je cherchais la lumière au milieu de la nuit, seulement je ne trouvais que du noir et du gris pour dessiner des ombres.  
 
Et puis... 

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Style : Poème | Par L. | Voir tous ses textes | Visite : 653

Coup de cœur : 11 / Technique : 12

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