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ALEXANDRA par hoogewys patrick

ALEXANDRA

 

 

 Alexandra

 

    

Ce matin la bien que n'ayant pas cours, je m'étais levé de bonne heure. C'était un beau matin automnal, le soleil pointait son nez sur l'horizon et une légère brume planait au raz du sol. Je prenais mon petit déjeuner sur la terrasse histoire de profiter de la douceur matinale. J'étais seul, mes parents dormaient encore et j'écoutais le silence. Il faut dire qu'a cette époque je vivais dans une banlieue pavillonnaire depuis bientôt six mois, à une vingtaine de kilomètres de Paris, une banlieue ou la circulation automobile était des plus raisonnable, à plus forte raison un dimanche matin au chant du coq.

     Mon bol de café entre les mains, les yeux clos, je profitais de ce moment de calme absolu. Il me semblait que le temps s'était arrêté, pas le moindre souffle de vent, pas le moindre chant d'oiseaux. Je serais resté des heures ainsi assis sur cette terrasse, je m'imaginais être un arbre planté la par quelque caprice du vent, il me semblait que j'allais y rester encore mille ans, regardant les gens naître, vieillir puis mourir, les paysages se transformer, assister à des cataclysmes … peut etre, j'aurais voulu être le témoin de l'univers de ma rue, car lorsque l'on est un arbre la liberté d'action est des plus restreinte.

J'en étais la de mes réflexions lorsque je fus sorti de ma torpeur par le grincement d'une porte métallique. J'ouvrais les yeux quelque peu irrité d'avoir été arraché à mon doux rêve et cherchais d'où pouvait provenir ce bruit inopportun.

     A quelques dizaines de mètres sur ma gauche devant une maison à laquelle je n'avais jamais prêté attention, se trouvait une jeune fille d'a peut près mon age, quatorze ou quinze ans tout au plus. Elle avait des cheveux d'un beau châtain foncé qui lui descendaient en boucles sur les épaules. Elle portait une petite robe à bretelles qui lui arrivait au-dessus du genou et sur ses épaules nues un petit gilet de laine couleur fuschia dont elle n'avait pas enfilé les manches. Elle avait l'air perplexe, donnant l'impression de chercher dans quelle direction elle allait se diriger, finalement elle vint vers moi. A l'instant ou elle passait je l'abordais en lui souhaitant le bonjour, nous échangeament quelques banalités, puis elle continua son chemin.

     Je la regardais s'éloigner en laissant s'échapper un soupire de désappointement. Je ne dirais pas que j'en était tombé éperdument amoureux sur le champ, tout au plus lui avais je trouvé un beau sourire et une voix enchanteresse, mais de la à tomber amoureux il y avait un abîme que je n'aurais franchi pour rien au monde.

La semaine passa et j'avais oublié cette rencontre quand le dimanche suivant je décidais de faire un peu de sport. Après un petit déjeuner succinct, j'enfilais mes baskets. Ma rue était déserte et je commençais à courir tranquillement afin d'échauffer mes muscles. Je prenais la direction du bois du vert-galant, bois qui débutait non loin de chez moi. J'avais de bonnes sensations et j'étais parti pour plus d'une heure de course à travers bois et sur les berges du canal de l'Ourcq. C'est sur le chemin du retour que je la vis, elle était sur un pont qui enjambe le canal, habillée de la même façon que la fois précédente.

     Je lui fit un signe de la main qu'elle me rendit agrémenté de son charmant sourire. Je la rejoignis sur le pont et nous engageâmes une discussion qui dura plus d'une heure. Cet intermède me fut fatal, mes muscles s'étant refroidis et étant repartis sur des bases trop élevées j'arrivais chez moi boitant bas. Résultat des courses quinze jours d'immobilisation totale avec interdiction de sortir.

     Au bout de deux jours j'étais comme un lion en cage, ruminant mon désarroi en regardant par la fenêtre la vie s'écouler à son rythme tout en m'en sentant exclu. C'est tout naturellement que mon regard fut attiré par la demeure de ma nouvelle amie. Elle s'appelait Alexandra et était pensionnaire dans un collège privé pour jeunes filles. Son père était ingénieur des ponts et chaussées et sa mère ne travaillait pas.

     La maison était banale et ne se différenciait en rien aux autres maisons de la rue mais au bout de quelques jours j'éprouvais un certain malaise, non pas du fait de n'y avoir jamais vu personne, il pouvait se passer plusieurs semaines avant que j'aperçoive certains voisins mais un sentiment bizarre s'était installé au fond de mon esprit.

     Alexandra m'avait donné rendez-vous le dimanche suivant sur le pont du canal, mais avec ma jambe immobilisée je ne pus m'y rendre. Ce qui augmenta encore mon malaise c'est que bien que la guettant à longueur de journée je ne la vit pas du week end et cela me rendit profondément mélancolique.

     Ma seconde semaine d'immobilité se déroula comme la première, je passais mon temps à regarder par la fenêtre guettant un signe de vie chez ma charmante voisine, mais la encore je ne vis personne. Le dimanche suivant je me rendis sur le pont de notre rendez vous avec le secret espoir qu'elle y sois venue. Quelle ne fut pas ma déception en n'y découvrant personne. Je restais la à contempler l'eau du canal…au cas ou. J'étais resté ainsi deux bonnes heures lorsque je me décidais de rentrer. Arrivé devant chez Alexandra, je pris mon courage à deux mains et j'allais frapper à sa porte.

     Arrivé devant le portail je fus pris à nouveau par cette sensation de malaise que j'avais éprouvé en observant la maison depuis mes fenêtres. Le portail était ouvert et présentait un état avancé de décrépitude, j'eus du mal à le pousser tant les gongs étaient rongés par la rouille. Je pénétrais dans une petite cour bétonnée sur le devant de la maison et je compris en la regardant ce qui inconsciemment avait mis mon esprit en éveil. Les volets étaient clos et toute la quinzaine ou je n'avais pu sortir ils l'avaient étés. Je contournais le bâtiment et arrivait dans un jardin invisible depuis la rue car caché par de hauts thuyas. Ce jardin totalement à l'abandon était envahi d'herbes montant à plus d'un mètre de hauteur. Un escalier menait à un perron abrité par une véranda elle aussi rongée par la rouille, j'en gravissais les marches le cœur battant, saisi d'une inquiétude grandissante.

     La porte était fermée à clé, je redescendis et découvris sous cet escalier une petite porte en bois qui donnait accès au sous-sol, celle ci aussi était fermée mais une légère poussée fit céder la serrure. Je pénétrais dans la maison, gravissait les marches allant du sous sol à l'étage d'habitation.

     J'étais consterné, toutes les pièces étaient vides de mobilier et cela semblait dater de quelques années. Le soir venu ma mère fut chagrinée de me voir d'humeur morose, elle me pressa de questions. Je lui racontais mon aventure dans le détail. Cela la laissa perplexe, cette maison étant inhabitée aux dires du voisinage depuis bientôt cinq ans puis elle se mit en colère me reprochant mon insouciance sans doute quelques clochards avaient ils du y trouver refuge. Ma mère décida des le lendemain de se rendre à la mairie afin de faire condamner les entrées de cette demeure afin d'éviter l'intrusion de nouveaux clochards, elle m'interdis aussi d'y retourner pour éviter de mauvaises rencontres.

     J'avais interdiction de retourner dans la maison mais pas sur le pont du canal. J'y retournais tous les dimanches des mois qui suivirent jusqu'à la fin de l'année, je n'y revis jamais mon amie.

     Au début de l'année suivante je faisais des recherches à la bibliothèque pour une dissertation et j'avais comme thème l'histoire de ma ville. C'était un jeudi après midi et je feuilletais de vieux journaux locaux lorsque je tombais sur un fait divers qui me laissa flagellant. Un gros titres dans les pages intérieures d'un journal dont je ne me souviens plus du nom mentionnait la disparition de deux adolescents un garçon et une fille suivait leur description et leur habillement au moment des faits. La jeune fille se nommait Alexandra X  et était vêtue d'une robe légère à brettelles et d'un gilet couleur fuchsia venait ensuite l'adresse et le numéro de téléphone des parents de la jeune fille ainsi que celle du garçon, adresse qui depuis était devenue la mienne. Je me jetais avec désespoir sur les articles des jours suivants. Dans les faits divers du journal paru une semaine plus tard y était relaté la découverte du corps d'un adolescent dans les bois à une cinquantaine de mètres du pont du canal, et ce n'est que deux jours plus tard que l'on découvrit le corps de la jeune fille accroché à une racine dans le canal.

     La fin de la tragédie avait été relatée en ces termes plusieurs semaines après la découverte des deux corps :

Après recoupement de diverses sources d'information il s'agirait d'un crime passionnel. Gérard T était le petit ami d'Alexandra X et avait décidé de rompre avec elle. Lorsqu'il avait été retrouvé il avait été frappé de plusieurs coups de couteau dans le dos, la jeune meurtrière ayant ensuite mis fin à ses jours en se jetant dans le canal.

     Je ne revins jamais sur le pont du canal.

 

 

   

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Style : Nouvelle | Par hoogewys patrick | Voir tous ses textes | Visite : 680

Coup de cœur : 11 / Technique : 10

Commentaires :

pseudo : PHIL

SUPERBE TA NOUVELLE . TROUBLANTE ET J AIME LE DENOUEMENT.Y A T IL UN DEBUT DE REALITE?

pseudo : hoogewys patrick

merci phil, pour ce qui est de réel dans ce texte,c'est effectivement qu'a l'age de quinze ans j' étais amoureux d'une jeune fille qui demeurait en face de chez mes parents

pseudo : deborah58

J'ai adoré ta nouvelle Patrick : suspense-mystère-romantisme... Vraiment tous les ingrédients d'une super histoire. J'en redemande... A quand la prochaine nouvelle ? Toutes mes félicitations ! Bonne soirée. Amicalement