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LA PLAGE par ciloum

LA PLAGE

 

 

Deux enfants jouaient sur la plage.

Ils arrivèrent devant un bloc de béton en ruines.

« Cela ressemble à une maison, dit Max, mais cela doit être un blockhaus »

« C'est un blockhaus en effet, et c'est ma maison », dit un homme sortant par ce qui ressemblait davantage à une fenêtre qu'à une porte.

« Je vis là depuis un an, depuis le jour où ma femme m'a rendu bagages et vaisselles » ajouta l'homme.

Max et Emilie, surpris se regardèrent puis Emilie dit à l'homme :

« Désolés de vous avoir dérangé, nous allons jouer plus loin ».

 

Les enfants s'éloignèrent et ce faisant, s'approchèrent d'un bateau retourné sur le sable et visiblement en piteux état.

Ils s'installèrent à califourchon sur la coque et jouèrent à voyager loin, dans une ville pleine de couleurs et de jeux vidéos.

Cependant, l'homme les avait rejoint et leur dit :

« C'est mon bateau, là je viens écrire des poèmes sur le sable, il me tient compagnie ».

Emilie lui répondit :  « Désolés, nous allons chercher un autre endroit pour nos rêves ».

Et ils s'aventurent plus loin sur la plage, plus loin que les maisons aux volets clos, loin, très loin de la cabane du maître nageur, très loin du drapeau qui flottait, orange, dans le vent.

L'homme, trop heureux d'avoir quelqu'un à qui parler, s'approcha de nouveau d'eux et leur cria :  « Vous êtes ici chez moi ! Vous marchez sur mes plates bandes ! »

Cela le sécurisait de faire sienne cette plage, tant que les touristes ne l'avaient pas investi pour l'été.

Max et Emilie n'eurent plus qu'une seule chose à faire, rentrer chez eux..

Alors que la pluie retrouvait son aspect de marécage, ils prirent l'escalier central, et l'homme ne distingua bientôt plus que la casquette verte de Max, et le tee-shirt blanc d'Emilie.

 

De cette rencontre, la seule dont l'homme put bénéficier durant tout l'hiver, l'homme écrivit un poème :

 

- Comme sur une feuille blanche, la plage, durcie par le froid, m'avait jusque là abandonné à mon triste sort.

La mer et ses vagues menaçantes, dans lesquelles je ne pouvais me laver ; ma ruine qui tenait debout, laissait pourtant passer le vent glacial d'un hiver sans fin.

J'imaginais des familles entières au coin de la cheminée ou devant leur téléviseur, et je me sentais bien puni d'avoir, oh !, une seule fois menti.

Enfants, ensemble, vous étiez et à vous j'ai pu crier, cette plage m'appartient !

Ma rage, ma raison de vivre, ce vieux bateau dont personne ne veut plus, c'est mon yacht qui vaut toutes les étoiles du ciel à mes yeux.

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Style : autre | Par ciloum | Voir tous ses textes | Visite : 535

Coup de cœur : 13 / Technique : 9

Commentaires :

pseudo : PHIL

CILOUM JE NE CONNAISSAIS PAS TES TALENTS DE NARRATRICE ET JE SUIS BLUFFE.ET CE POEME DE L HOMME EST UNE MERVEILLE. AMITIES CILOUM

pseudo : deborah58

Tu définis avec plein de pudeur la solitude qui s'empare parfois de l'homme à un moment de sa vie. Ton poème est poignant et ton histoire trés bien narrée. Amicalement.

pseudo : scribio

Trés belle histoire, bien triste, son seul mensonge lui a couté bien chèr.

pseudo : ciloum

oui, je suis triste pour ceux qui sont pauvres et seuls. Phil, on ne connaît que très peu de choses de l'autre, on se connait déjà si peu soi-même alors via mytexte, qui est tout de même un bon filtre, c'est dire! à bientôt et merci à vous 3

pseudo : PHIL

CILOUM EN PLUS TU ES UNE PHILOSOPHE.A+

pseudo : L.

Mélange très élégant... et authentique !