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Le Royaume de Nubika - Chapitre IV par Raphaël

Le Royaume de Nubika - Chapitre IV

CHAPITRE IV : Escapade en montagne

 

Alors qu'une brume bien étrange faite de plaque de nuées vertes se dissipait, on découvrit, gisant au sol, notre bon roi qui semblait évanoui au milieu de marécages depuis déjà deux jours. Quelques secondes passèrent et d'étranges créatures firent leur apparition à travers la vase ; c'était des plantes recouvertes de boue qui pouvaient bouger avec leurs griffes en rampant très rapidement et sentir la chair humaine telle de grands prédateurs. Elles se mirent à renifler l'homme atterré, une d'entre elles, la plus imposante, montra une gueule qui grandissait au fur et à mesure que les autres dansaient autour du festin qui se présentait à ces dernières. Puis elles crièrent et d'un saut elles se fondèrent avec la plus grosse pour devenir une énorme plante avec de la vase et de la boue qui se renouvelait sans cesse, des énormes piques acérées recouvraient tout son corps qui continuait à s'agrandir et deux énormes lianes sortirent de la bouche éreintant ainsi le corps inerte du souverain. La vie du roi ne tenait qu'à deux fils, sa mort était inéluctable et son destin tracé : il n'y avait plus aucun échappatoire...

                Soudain, une voix se fit entendre et prononça deux mots « PRUNTZA FRIGWIM ». La scène se paralysa alors devant le sourire prétentieux d'un homme sorti de ce paysage lugubre et figé. L'éclat de la lune verte montra l'aspect de ce magicien du temps, il tenait à sa main un long sceptre noir relevé d'une boule blanche possédant un cadran horaire en or massif. Ses traits de visage étaient ceux d'un elfe, ses oreilles étaient pointues et cet individu avait des cheveux blond mi-long et des yeux verts émeraude. Il portait dans son dos un carquois de soie recouvert de diamant, de nombreuses flèches en cristal gâtées celui-ci, son habit vert et blanc lui permettait de bouger amplement et aisément. Il se dirigea alors vers la créature poignant fortement une épée d'une lame très fine et aiguisée et d'un mouvement vif et précis, l'arme traversa cette immonde chimère en plein cœur. Il finit par prononçait « PRUNTZA AVEZIRU » et le temps reprit alors son cours mais à quelques éléments près : la bête se mit à hurler de douleur quand elle eut repris vitalité et les lianes se délièrent du roi qui s'écroula sur le sol mousseux et boueux. Après quelques minutes de cris stridents, l'immondice se liquéfia sous les yeux victorieux de l'elfe qui s'était rapproché du souverain. Il porta aux lèvres de l'être inanimé un étrange nectar se trouvant dans un flacon en ivoire, le rythme cardiaque alors de ce dernier commençait à accélérer et ses yeux finirent par s'ouvrir peu à peu. Dans une profonde respiration, le roi se réveilla et semblait être en pleine forme. C'était alors qu'il aperçut l'elfe se tenant accroupi à ses côtés, il fut surpris de voir un sourire chaleureux dans ce paysage morbide. Le sauveur du souverain porta alors quelques mots :

« - Ah ! Je suis  rassuré que vous allez mieux messire ! Vous étiez en bien mauvaise posture... mais comment êtes-vous arrivé ici ?

- Comment suis-je arrivé ici... dans cet endroit lugubre ..., répondit Golbano le regard perdu,  je n'en sais rien du tout figurez-vous...je ne sais même pas où je suis...ni qui je suis et vous, qui êtes-vous ?

- Comment pouvez-vous ne plus savoir comment vous êtes arrivé à Vaniloria ? Pour ma part je m'appelle Valmin. Venez-vous de Nubika ?

- Nubika... Je ne connais pas »

                Valmin comprit très vite que le roi souffrait d'amnésie et décida alors de l'emmener à Larbovila, la capitale de Vaniloria afin d'y rencontrer le grand Faldoron que toutes les communautés magiques respectaient, il se mit à penser :

« Il ne se doute même pas qu'il vient de passer très proche de la mort...et en plus il est amnésique...quel calvaire ! »

 Le souverain regardait ses vêtements et posa des questions à l'homme :

« - Dîtes-moi mon brave homme, pourquoi ai-je un si bel habit ?

- Vu celui-ci je pense que vous êtes très important là où vous venez... Et même êtes-vous peut-être seigneur...

- Seigneur ?? Et je sais même pas qui je suis, ni mon nom, ni d'où je viens, aidez-moi je vous en conjure...

- Venez avec moi, nous allons voir l'ancêtre de Vaniloria en espérant d'en savoir un peu plus sur votre vie, riposta Valmin sur un ton ferme et décidé.

- Bien je vous suis ! »

                Nos deux compères partirent alors en direction de la capitale et durent traverser les marais qui donnaient la chair de poule au roi. Ce dernier se demandait comment il avait pu atterrir dans ce paysage sinistre et il ressentait un drôle de goût dans sa bouche qui le dégoutait, il interpela son guide :

« - Excusez-moi, j'ai un goût infecte dans la bouche auriez-vous un peu d'eau pour faire passer cette horrible saveur ?

- Je n'ai qu'une fiole vide, l'eau est rare ici à part de la vase à perte de vue, il n'y a aucun point d'eau potable... et cette étrange gêne ne vous inquiétez pas cela va se dissiper je vous ai donné un nectar qui vous a permis de vous réveiller car vous étiez mal au point...

- Comment cela mal au point ? Que m'est-il arrivé ?

- Pas grand-chose vous savez... vous étiez juste atterré sur le sol et votre cœur battait très faiblement...

- Eh bien merci beaucoup je vous dois une fière chandelle et surtout ma vie.

- Vous ne me devez rien... La servitude pour autrui est ma devise ! »

                Au fur et à mesure qu'ils avançaient, le ciel s'éclaircissait et la brume se dissipait. Le visage du roi se décrispait tandis que Valmin commençait à siffloter une étrange mélodie qui eut un effet sur les astres du jour, en effet le soleil se mit au zénith et les quelques nuages qui pouvaient exister disparurent sous le regard surpris du souverain... qui ne parla pas... L'elfe sourit et s'adressa à son compagnon de route :

« - Je trouve bien étonnant que vous n'ayez demandé d'explications à ce qui vient d'arriver...

- Vous savez mon cher ami, reprit le roi d'un ton serein, la magie je commence à m'y habituer, j'ai comme l'impression que vous n'êtes pas le premier qui me fait part de ses facultés... Mais je ne saurai vous en dire plus... 

- Vous voyez cette colline devant nous ? Reprit l'elfe en pointant du doigt la colline très boisée et riche en couleurs d'automne. Eh bien, derrière celle-ci se trouve Larbovila, nous sommes bientôt arrivés.

- Oh ! Que de merveilles ai-je devant mes yeux ! Vaniloria est un très beau pays... »

                Ils reprirent leur périple en direction de la ville sur un pas décidé. Après une heure de marche, nos deux acolytes arrivèrent au pied de la hauteur, l'archer du temps interpela son protégé :

« - Nous allons être obligés de franchir la montagne qui ne devrait pas trop nous poser de problème... en tout cas aucun de jour...

- Qu'est-ce que vous insinuez par 'en tout cas aucun de jour' ? s'esclaffa le roi qui commençait à prendre peur

- Ne vous inquiétez pas, ajouta le guerrier, ce ne sont que quelques rôdeurs assez malfamés qui ne sortent que la nuit et terrorisent les forêts du sommet...

- C'est censé me rassurer ce que vous me dîtes là ?!? Des monstres nous attendent en hauteur et cela ne vous inquiète pas ? Combien nous faudra-t-il de temps pour nous trouver de l'autre côté ?

- Si tout se passe bien demain aux alentours de midi nous serons à Larbovila. »

                Golbano n'avait pas la conscience tranquille à l'idée de passer une nuit dans ces inquiétantes forêts qui grouillaient d'étranges créatures. A peine fut-il sorti de ses pensés que l'elfe était déjà cinquante mètres devant lui, il se hâta de le rattraper de  peur de se retrouver seul. Après avoir parcourut quelques kilomètres, une fraîche brise fit rappeler que l'hiver approché et que la nuit n'allait pas être de tout repos pour le roi, quant à Valmin, cela ne semblait pas lui portait préjudice. Tandis que le soleil déclinait, le magicien du temps pressa le pas afin d'atteindre le pic avant la nuit. Nos deux aventuriers avaient déjà gravi les trois quarts de la montée, l'obscurité grignotait sur la lumière du jour, de nombreux ricanements et grognements se faisaient entendre, les ombres dansaient au milieu du peu de luminosité qu'il restait. Brandissant son bâton horaire, Valmin prononça deux mots à peine audible « APVARYA CUROX » et un éclat étincelant apparut soudainement de l'artefact révélant de monstrueuses créatures bicéphales. Celles-ci n'étaient pas nombreuses mais semblaient robustes et vicieuses, de plus, la lumière émise du bâton magique les aveuglaient, une chance pour nos intrépides marcheurs qui se mirent à courir pour éviter l'affrontement et pouvoir finir l'ascension du col de plus en plus dangereux.

                Après un sprint haletant, les deux hommes trouvèrent un abri creusé dans la roche avec une inscription sculptée au dessus de l'entrée « ZRUNT LOPCA », Golbano la frôla de ses doigts et se coupa à peine eut-il touché le second mot. Valmin, venant de voir cet évènement, se précipita pour guérir sa plaie qui saignait sans cesse. Il sortit de sa poche une fiole rempli d'un liquide rouge violacé et en déposa trois gouttes sur la fente, ce qui eut pour effet d'anti coagulant, le blessé intervint :

« - Décidément que pourrai-je faire sans vous, voilà déjà deux fois que vous me sauvez la vie... Je vous en suis plus que reconnaissant...

- Mais ne dîtes pas cela, répondit modestement l'elfe, je ne vous ai appliqué que quelques gouttes de jus de raisin de cette saison... rien de bien extraordinaire...

- Et comment allons-nous faire pour dormir avec ces créatures qui rôdent dans les parages ?

- Reposez-vous, riposta-t-il loyalement, je m'occupe de veiller sur le camp !

- En êtes-vous sûr ? Si vous avez besoin de moi... je suis à votre disposition.

- Dormez bien, TARGAN OWE AFY... »

                Les mots tout justes prononcés, le souverain s'endormit sous le regard de l'elfe devenu très ténébreux et maléfique. C'était alors qu'arrivèrent les créatures qui les avaient poursuivis, elles s'arrêtèrent quand Valmin tendit à bout de bras son sceptre du temps et cela suffit à les faire s'enfuir. Pourquoi ont-elles disparu aussi vite qu'elles sont apparues ? Que nous cache le guerrier qui paraît occulter sa véritable identité ? En tout cas, il semblait satisfait à la vue du rictus qui venait d'apparaître au coin de ses lèvres et se retourna d'une façon dédaignée pour finir par se coucher auprès du roi. La nuit était redevenue sereine, seul le vent rompait le calme qui régnait en s'engouffrant à travers les branches comme une armée piétinant tout sur son passage. En parallèle, le sommeil du roi paraissait très perturbé, des gémissements plaintifs se firent entendre ; Valmin, déconcerté par ces clameurs, ne trouva nul repos et se retourna pour se trouver en face du roi. Le magicien planta son bâton au sol et posa son index et son majeur sur le front de l'homme endormi ; l'horloge dorée du sceptre se mit à se brouiller. Après un moment d'attente, une image s'afficha et l'elfe se dit « Voyons voir ce qui te perturbe ainsi ! ».

Sur le cadran, on put apercevoir les évènements qui se déroulaient dans le subconscient de Golbano. Il y avait la présence d'un jeune homme portant une maille de diamant et brandissant une large épée en argent, il avait des cheveux bruns aux reflets blonds, des yeux d'un vert pastel très perçant révélant une flamme de rage. Autour, le feu et le sang dominés sur le paysage dévasté par les ténèbres et les confrontations qui étaient mortelles. Puis, on revit le jeune guerrier qui s'était lancé à l'assaut d'une personne entourée d'une aura noire. C'était alors que l'elfe fut effrayé de voir qu'il avait vécu exactement ces éléments et que ce jeune homme se révélait être Rabano, son visage se crispa et au moment où le coup de grâce fut portait à Hendarius, Valmin  souffrait d'une douleur au fond de lui qui s'atténua quand il ressentit la haine du roi l'envahir ! Le magicien s'arrêta de regarder ce dont rêvait l'homme, il comprit que ce dernier n'était autre que l'un des descendants de Rabano. Soudain le roi se réveilla sous un ciel étoilé et fut surprit que son ami fut encore debout, il l'interrompit dans ces pensées :

« - Vous êtes encore éveillé à cette heure de la nuit?

- ... Heu, comment ? Riposta surprit l'archer qui n'avez pas remarqué le réveil de son compagnon de route, que m'avez-vous demandé ?

- Vous semblez bien pensif... Bref, pourquoi n'êtes-vous pas couché ?

- Je ne trouvais pas le sommeil et j'avais peur qu'il vous arrive quelque chose vu le repos perturbé que vous aviez...

- Vraiment ? Pourtant j'ai bien dormi, aucun cauchemar ni même un rêve, répondit-il surpris.

- Je me suis inquiété pour rien alors... Veuillez m'excuser !

- Il n'y a pas de mal ! Nous pourrions reprendre la route si cela vous dit ...

- Très bonne idée ... Repartons ! Nous devrions arriver pour l'aurore »

                La levée du camp se fit sur les chapeaux de roue et revoilà nos deux promeneurs commençaient à descendre en direction de la capitale qui se présageait à l'horizon. Pourtant, l'elfe était toujours autant dans ces pensées, une idée lui vint à l'esprit : « Golbano tu vas m'être bien utile pour recouvrer mes pouvoirs ancestraux ...»

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