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Le Royaume de Nubika - Chapitre III par Raphaël

Le Royaume de Nubika - Chapitre III

 

CHAPITRE III : Aux portes de Vaniloria

                Une heure après le don du joyau à Margliani, le roi s'endormit enfin après une longue nuit et un début de matinée bien remplis de rebondissements. Quant à Landivio, il avait assez dormi et Galiléa commençait à lui faire sa toilette. Cette dernière lui donna une gelée verte sûrement très calorique,  en tout cas, le prince semblait adorer cela. La naine le prit dans ces bras en lui chantonnant une petite comptine qui plaisait beaucoup au nourrisson ; l'avantage étant que la télépathie fonctionnait avec lui, même âgé d'un jour. Ce chant était d'une langue ancienne, le voici :

« VORF URZ MANURT YOSDU

NURT URZ TARGAN QOZ URZ DUSV

VORF ER POWE QOZ URZ NIURC »

                En même temps qu'elle prononçait ces trois phrases, des particules dorées vinrent s'accoupler avec les paroles et tourner autour du prince comme des électrons autour de leur noyau. De plus, si ce phénomène se déroulait comme tel, cela signifiait bien que Landivio était l'élu. Après que Galiléa eut répété la comptine cinq fois, les particules formèrent un cœur puis disparurent. Malgré cette fuite soudaine, la petite dame souriait et semblait heureuse, tout se confirmer pour elle : elle s'occupait du futur héros de Nubika. Quelques minutes passèrent, le royaume commençait à sortir de son sommeil et se préparer à enterrer leur reine tant aimée mais comment faire lorsqu'il n'y a plus de corps ? Et comment le cacher au peuple ? Margliani réapparut vêtu d'un  long costume en soie rouge avec sur celui-ci un étrange signe, il s'approcha du lit de mort et prononça les mots « TZIMABOR OWE RUXE ». Il se passa quelque chose de déroutant : le corps de Lazulina se reconstitua au moindre détail près et avec la même expression d'éternel repos ! Le roi, qui venait juste de se réveiller, vit cet étrange évènement ce qui bien sûr engendra un gros pincement au cœur de souffrance. Puis la conversation s'engagea, le conseiller la commença :

« - Bonjour mon bon roi, comment allez-vous aujourd'hui ?

- Je suis toujours afféré de toutes les révélations auxquelles j'ai eu droit cette nuit et ce matin, c'est pour cela que je n'ai pu dormir qu'une heure... Et là, je me lève et je me trouve à nouveau devant ce corps de ma défunte épouse... Mais comment cela est-il bien  possible ? Posa sans conditionnel Golbano.

- Vous avez peut être oublié qu'aujourd'hui nous enterrons notre reine...

- Mais vous savez autant que moi que ma femme renaîtra un jour mais qu'il n'y avait pu de corps... Alors pourquoi avoir invoqué ce nouveau corps ??

- C'est tout simple ! Le peuple ne comprendrait pas pourquoi la reine aurait pu disparaître surtout morte !!! C'est pourquoi nous célèbrerons ses funérailles comme prévu ! De plus, reprit Margliani touchant sa barbe comme s'il la brossait, nous devons garder secret l'existence de la magie aux yeux des humains !

 - Mais il reste toujours un problème... Lazulina va renaître et revenir au château et comment cacher au peuple qu'elle n'est jamais morte ou qu'elle a renait de ses cendres comme le phœnix ?

- Ah ! Vous ne savez pas alors ! Quand elle renaîtra, elle possèdera une autre enveloppe corporelle mais avec toute la mémoire et l'amour qu'elle avait avant de nous quitter !

- Comment saurai-je sous quel visage réapparaîtra-t-elle ?

- Elle vous accostera bien sûr !»

                Le roi ne semblait pas très rassuré mais cependant c'était le jour des funérailles de son épouse et il fallait qu'il fût d'autant plus à la hauteur de l'évènement même si le corps ne fut qu'une vulgaire copie de la reine... Lors du passage du soleil au zénith, le cortège se forma et commença sa mise en marche en direction du caveau royal. La masse de tristesse ne se fondait pas avec la nature environnante qui jouissait de toutes ses couleurs et de ses splendeurs : le doux parfum des fleurs, bordant la route allant jusqu'au cimetière, enivrait la peine régnante au sein des gens en deuil, les enfants des paysans s'amusant dans les champs et ce couple s'embrassant à l'ombre d'un grand et vieux chêne ; les abeilles butinaient avidement la variété de fleurs qui recouvraient la terre et rendaient ainsi à la nature sa beauté divine ! Très vite, le roi fut mal à l'aise par rapport à ce qui l'entourait et qui s'offrait à lui, il se retourna et dit à la foule :

« - Je vous prierais de m'excuser, mais je ne peux pas vous retenir en cette si belle journée alors que les blés jaunissent et que vous avez mesdames surement à vous occuper de vos enfants...

- Vous êtes si bon, reprit un homme moustachu, mais si nous sommes là c'est pour dire une dernière fois au revoir à notre belle reine...

- Oui, il a raison, interrompit une femme assez corpulente, nos enfants sont bien gardés par nos aînés et nous voulons rendre cet honneur à notre douce reine... »

                Le roi était ému d'entendre tant de belles phrases et l'admiration que le peuple avait et a toujours pour leur reine. Ils reprirent ainsi la destination finale à laquelle ils s'étaient conviés pour rendre hommage à leur souveraine. Après cinq cents mètres, le cortège arriva ; on plaça la défunte dans le caveau puis Golbano se retourna et demeura stoïque à la prononciation de son discours :

« Ma chère épouse, tu m'as apporté tout ce qu'un homme pourrait espérer amour, tendresse, et exemple pour notre peuple... De plus, tu as donné à notre royaume le plus beau des cadeaux qu'un homme pourrait espérer c'est de donner la vie... la vie à un enfant qui est promis à un avenir glorieux et héroïque ! Nous te rendons, au nom de toutes les personnes du royaume, un dernier au revoir ... et nous te souhaitons un repos éternel à la hauteur de ta grande pureté... »

                A peine eut-il fini son discours, qu'un garde vint alerter le roi d'un incident qui était parvenu au château. Ils se précipitèrent en direction de la demeure royale où de drôles de bruits émanaient des fenêtres... Le roi montait deux par deux les marches du château et se hâta d'aller vérifier si son enfant allait bien mais entrant dans la chambre, Landivio n'était plus là. Bien sûr, le souverain, pris de panique, ne savait pas par où commencer afin de retrouver son fils mais de nouveau un cri strident le fit se boucher les oreilles. Il se lança à la recherche de la provenance de ces éclats de voix. Après une chasse d'une grande prudence, il poussa une porte très bien sculptée ayant en relief le dessin d'un combat entre un polrabo et un gloguron et entra doucement d'un pas hésitant. Il aperçut alors Landivio faire sortir du parquet de longues plantes feuillues et recouvertes de fruits étranges bicolores et difformées devant le regard enthousiaste et approbateur de Galiléa. Golbano s'exclama d'un ton ferme :

« - Mais que faîtes-vous Galiléa ? Pourquoi laissez-vous mon fils utiliser la magie ?

-  Vous êtes de mauvaise foi ! Votre fils utilise ces pouvoirs de son plein gré ! Il est vrai qu'il est précoce pour son âge de quelques jours mais la magie qu'il possède en lui est en constante progression et s'il n'utilise pas cette énergie cela peut lui être fatal ! Prenez- en conscience mon bon roi !

- Veuillez accepter mes excuses ma chère je me laisse m'emporter trop souvent ces derniers temps. Mais il reste une chose étrange encore à éclaircir : d'où provenaient ces étranges clameurs ?

- Ah oui... Ne vous inquiétez pas le jeune prince a fait apparaître des tulivoxs, ce sont des fleurs violacées surmontées d'une trompe qui, au contact du soleil, libèrent de longues exclamations de différents timbres. C'est aussi pour cela que nous sommes venus dans cette pièce très isolée mais apparemment pas assez si vous avez entendu leurs cris !

                Soudain, un autre bruit sourd retentit dans une autre salle à l'étage inférieur. Golbano prit l'initiative de partir à la source de cet écho où d'étranges apparitions jaunes et oranges rebondissaient sur les parois des murs du château. Arrivé devant l'antre du brouhaha, le roi entendit Margliani bougonner au milieu de tout ce tintamarre, il entra précipitamment dans la bibliothèque royale mais il fut stupéfait de ne voir personne... Etait-ce l'imagination du souverain très surmené ces derniers temps ou Margliani était vraiment ici ? Il continuait à poursuivre la voix du conseiller à travers les allées bordées de livres de toutes tailles et de toutes les couleurs ; quand il arriva devant l'étagère qui était en face de lui, les grognements cessèrent d'un coup comme si on avait pressentit son arrivée... Un sentiment d'inquiétude envahit le seigneur qui regardait tout autour de lui, son visage se crispa et commençait à se creuser de plus en plus profondément. Il décida alors de faire demi-tour et se hâta en direction de l'entrée mais un chemin qu'il ne retrouva pas du fait qu'en quelques secondes le plan de la salle avait été modifié sans un moindre bruit. Golbano commençait à entrer dans un climat de panique, un tintement se fit entendre à quelques étagères plus loin se qui le fit sursauter. Il avança prudemment, on aurait dit un enfant voulant filer en douce, son cœur battait à la chamade et ne savait pas trop s'il devait continuer à avancer ou s'arrêter. Ce doute se dissipa quand la voix de Margliani reprit d'une manière nette et compréhensible, il en était sûr désormais son esprit ne lui jouait aucun tour. Il retrouva un certain courage à vouloir repartir dans son assoiffée poursuite mais le tintement se fit à nouveau entendre et il se trouvait dans la même direction que le Faldoron ; cela n'arrêta pas pour autant la course du roi qui se rapprochait à une allure folle de l'endroit d'où provenaient tous les troubles vocaux. Débouchant sur la dernière allée, Golbano se mit à crier d'effroi, il venait de se retrouver nez à nez avec une créature poilue, très étrange et très grivoise malgré les mâchoires aiguisées très imposantes, une chimère était là devant ses yeux ébahis et il était pétrifié par la peur devant celle-ci. Elle présentait un large corps musclé qui ressemblait à celui d'un gorille, une tête de panthère quatre fois plus grosse que l'originale, une queue panachée comme celle d'un écureuil et une corne de la forme de l'éclair au milieu du front. Autour de son cou se trouvait un long collier avec une amulette avec le même signe qu'il y avait sur la robe que portait Margliani lors de la réapparition de la reine.

Après des secondes à s'observer, la bête se mit à renifler l'homme qui paniquait à cette approche, celui-ci se retenait de crier aussi fort qu'il pouvait des gouttes de sueurs froides ruisselaient sur son visage, on aurait dit qu'il était atteint d'une virulente fièvre. Puis, les yeux de l'animal prirent une couleur bleue et une longue et grande langue vint lécher le seigneur laissant ce dernier recouvert d'une couche de bave visqueuse. A partir de cet instant, la chimère poussa un cri strident et une spirale lumineuse apparut derrière celle-ci laissant Golbano dans la plus grande stupéfaction. Il se releva en s'accrochant à la créature qui ronronnait. Il se dirigea vers cette entrée tellement étrange mais étant attiré par cette dernière, il ne s'y opposa pas. Il finit au bout de quelques minutes à y pénétrer...

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Coup de cœur : 11 / Technique : 10

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