- Bon week-end à tous.

- Merci. Toi de même Raphaël ; me répondent-ils tous en cœur.

      Je sors du lycée où j'ai étudié pendant quelques années. Maintenant, j'enseigne les mathématiques depuis six ans. Je marche au pas jusqu'à l'arrêt de bus, quant, occupé à répondre au téléphone portable, je vois le bus arriver à allure lente sous mes yeux. Je regarde les passagers un à un et tout à coup mon regard se fige sur un homme. Nous nous suivons du regard, ébahis. Après avoir eu l'impression d'avoir vu mon reflet, je me rends compte que cet homme dans le bus est ma copie conforme. Ses cheveux sont noirs, légèrement bouclés, son visage, ses  yeux me rappellent quelqu'un. Il porte des lunettes de forme rectangulaire. Comme moi.

Le soleil n'est pas au rendez-vous, pourtant il est vêtu d'une chemise. Comme moi !

Mon sang ne fait alors qu'un tour et je décide de rattraper le bus à tout prix. Je cours le plus vite possible. Me rapprochant du bus, je vois les passagers s'exclamer en me montrant du doigt. Le bus s'arrête et le chauffeur me laisse monter. Je respire comme un dératé. Je cherche l'homme et je vais m'asseoir à côté de lui. Un long silence s'installe. Je suis tremblant. Il finit par m'adresser la parole.

- Difficile de reprendre son souffle ! Pourquoi n'avez-vous pas attendu le prochain ?

- Je... J'ai l'impression de vous avoir déjà vu. Votre visage ne m'est pas inconnu. Alors j'ai couru.

- Vous avez bien fait car vous étiez à deux doigts de le rater. Je m'appelle David et vous ?

- Raphaël.

Sa voix ressemble étrangement à la mienne. J'aimerai tout savoir de lui mais je n'ose rien lui demander car j'appréhende sa réponse. Après moult tentatives, je le questionne sur son âge.

- Vous m'avez l'air jeune, quel âge avez-vous ?

- Trente-deux ans.

- Moi aussi ; lui répondis-je aussitôt.

J'avais très envie de savoir sa date de naissance. J'étais sur le point de lui poser la question quant il me dit :

- Je suis né  le vingt-sept Mai mille neuf cents soixante seize ici, à Rouen.

En entendant cette date qui est aussi celle de ma naissance, un frisson me parcourt le corps. Je suis bouleversé, désorienté, désarçonné, choqué, stupéfait. Mais... Comment est-ce possible d'avoir tant de points communs ? Le doute s'installe. Ces éléments conjuguent à... Non, ce n'est pas possible ! Ce n'est pas moi !

Avant de quitter le siège, je lui demande :

-  On pourrait se revoir ?