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Mon Histoire Vraie - 5 - Mercredi 11 février par L.

Mon Histoire Vraie - 5 - Mercredi 11 février

Eh bien voilà.

Qu'importe si je me leurre ou si je me berce d'illusions. J'ai pris ma décision. Je veux tout essayer. Tout tenter. Tout faire pour revenir sur le vœu que j'ai fait. Je ne veux plus être invisible, ne serait-ce qu'à ses yeux. Je veux retrouver mon corps, mon visage, ma silhouette, ma voix. Je ne veux plus que l'on m'ignore. Je veux être à nouveau jugé, aimé, haï, malmené, jalousé, trahi, vous m'entendez ? ! J'ai compris, je me suis trompé. Je n'aurais jamais dû désirer disparaître. J'étais lâche et fragile, peureux et égoïste, je m'en rends compte, maintenant ! Je ne méritais pas qu'on m'accorde de faveur ou qu'on me tende la main, c'est vrai, je vous l'accorde, je vous comprends mais j'ai changé - elle m'a changé -, je ne suis plus le même, je jure que je ne serais plus le même, c'est pourquoi je vous en supplie, si vous existez, si vous m'entendez, rendez-moi ce que j'ai perdu ! Rendez-moi ma réalité ! Mon précédent vœu était une erreur. Pourquoi l'avez-vous exaucé ? Pour me punir ? Me donner un avertissement ? M'ouvrir les yeux ? C'est fait, alors qu'attendez-vous ? !

Exaucez plutôt celui-ci !
Faites qu'elle me voie. Faites qu'elle m'entende. Faite que j'existe pour elle, qu'elle sache que je suis là et que je serais toujours là, si elle le souhaite, et que je disparaîtrais à nouveau si c'est ce qu'elle attend. Vous avez fait que nos chemins se croisent, faites à présent qu'ils ne se séparent pas ! Je vous en prie. Je vous en prie. J'ai appris ma leçon. Je suis un homme nouveau. Je veux tout essayer ! Je suis si fatigué, si vous saviez. Ça me fait tellement mal, de la voir là, mélancolique, les yeux pailletés d'étincelles, si seule, si triste, sans pouvoir rien y faire, sans pouvoir rien changer, condamné à ne pouvoir que souffrir de la voir aussi affligée, condamné à ne pouvoir que rêver de la voir trouver le bonheur, incapable de le lui offrir, de l'aider à porter un peu de son fardeau, de parvenir à la faire sourire pour, peut-être, un jour, éteindre ses étincelles pour en allumer d'autres, plus douces, plus belles et plus sereines.

Si je pouvais... Si je pouvais ne serait-ce qu'essayer...

Je mettrais le monde à l'envers, je lui décrocherais des colliers d'étoiles, je glisserais la lune sur une bague que j'irais glisser à son doigt, je réécrirais son histoire en la semant d'éclats, de fêtes, de folle passion, de raisons de se réjouir, de moments d'émotion, de joie ou de complicité. Je modifierais le cours du destin. Je remonterais le temps. Je tomberais à genoux. J'irais jusqu'à donner mon sang, jusqu'à me mettre en pièces. Mais donnez-moi une chance, rien qu'une, de pouvoir en demander une, tant pis si c'est en vain. Donnez-moi un reflet, des traits qu'elle puisse aimer ou rejeter, chérir ou détester... Je franchirais tous les fossés, contournerais toutes les barrières, triompherais de tous les obstacles que je lis dans ses yeux, parfois, suivant comment joue le soleil. Assis à ses côtés, j'attendrais avec elle, j'attendrais celui qu'elle attend, j'attendrais patiemment qu'un jour, elle finisse par me voir vraiment. Dès lors, chaque fois qu'elle sera triste, chaque fois qu'elle se sentira seule, chaque fois qu'elle aura des soucis, chaque fois qu'il faudra la comprendre, chaque fois qu'elle aura des problèmes, aussi longtemps qu'elle aura besoin de quelqu'un, je serais là, pour l'écouter, la soutenir, me battre pour elle. Je lui donnerais ma vie. Je lui donnerais mon âme. Elle m'aura tout entier sans rien avoir à me rendre en échange, je le promets. Mon cœur sera son cœur. Mon souffle sera son souffle. Ses peines deviendront miennes comme ses hésitations, ses raisons de se réjouir...

Mais je vous en supplie, je ne supporte plus de la voir si seule, si silencieuse, si blessée, si perdue. Je veux entendre sa voix, je veux entendre son rire, je veux la voir heureuse, je veux la voir comblée, je veux pouvoir m'asseoir près d'elle, partager les mêmes cieux, partager le même temps, l'encourager, la soutenir, lui rendre un peu de cette force qu'elle me donne à chaque fois que je pense à elle, l'Aimer comme personne ne l'aimera jamais, je pourrai le jurer...

Je ne demande qu'une chance. Simplement : un reflet. Il y a tant d'années que je ne me suis pas vu dans un miroir, tant d'années que personne ne m'a adressé la parole, tant d'années que j'ai disparu, tant d'années que j'ai oublié le jeune homme que j'étais... Je ne sais même plus à quoi je ressemble, je ne sais même plus l'âge que j'ai, je ne me rappelle plus le son de ma voix. Suis-je un adulte, vraiment, ou un petit garçon qui rêve qu'il est adulte ? Ai-je le droit de l'Aimer, ai-je seulement le droit d'en rêver, suis-je né avant ou après elle, serait-elle flattée ou gênée de savoir que je l'Aime ?

Et si... Et si, retrouvant mon visage, je découvrais que je ne pourrais que l'embarrasser, et si je ne pouvais que la pousser à fuir, et si je n'étais qu'un vieillard ou rien qu'un enfant, à ses yeux ? Qu'est-ce que je deviendrais ? Comment savoir ? Pourquoi ai-je souhaité disparaître, déjà ? N'avais-je pas une raison ?

Non, non, bien sûr.

Je n'ai pas le droit de l'Aimer, allons. Ça ne peut être qu'un crime d'Aimer une femme si belle, aussi beau que l'on soit. Or, je ne le suis pas, alors... Alors pourquoi souhaiter à ce point qu'elle me voit ? ! Pourquoi ne pas renoncer, comme avant ? Pourquoi m'entêter de la sorte, sachant combien je vais souffrir ?

Mais je m'entête, pourtant. Mais je vous en supplie. Rendez-moi mes traits et mon corps ! Ne la laissez pas s'en aller ! Ne me laissez pas seul ! !

Déjà, la voilà qui se lève, qui s'époussette, qui s'éloigne à nouveau, et voilà que je cours vers elle, et voilà que je la rattrape, et voilà que je la rejoins, et voilà que je lui fais face, et voilà que je lui souris, que je lui tends la main, que je lui murmure un « Je t'Aime » qui n'a jamais - au monde ! - été aussi sincère...

Cependant elle ne me voit pas, elle ne me répond pas, elle poursuit son chemin comme si de rien n'était. J'aurais dû m'y attendre. Cette fois, personne n'a entendu mon souhait.


Seule les ombres de la nuit devinent que je suis là.

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Style : Nouvelle | Par L. | Voir tous ses textes | Visite : 762

Coup de cœur : 11 / Technique : 8

Commentaires :

pseudo : PHIL

PROFOND EMOUVANT POIGNANT.COMME C EST UNE HISTOIRE VRAIE JE TE SOUHAITE PLEIN DE CHANCE ET DE COURAGE.AMITIES

pseudo : ficelle

...en tout cas, ta muse colore tes écrits d'une belle émotion, L.

pseudo : Brestine

Il n'y a pas que les ombres puisque nous sommes là, nous aussi, et l'on te devine de plus en plus dans tes écrits... Faire face à l'autre avec le peu et le plus qu'on a n'est pas facile, mais c'est tellement beau de rencontrer. Même le plus simplement du monde. Elle t'inspire de jolis mots en attendant. Ca fait penser un peu aux romans de chevalerie que je n'ai jamais vraiment lus, mais dont j'ai pu étudier quelques textes. Ecris. Peut-être que sa raison d'être dans ta vie se situe quelque part par là. Je te suggèrais de l'aborder, mais je sais que c'est délicat. Entrer dans la vie de quelqu'un, ainsi, peut sembler être quelque chose de prétentieux... Mais certains tentent leur chance en comprenant qu'ils peuvent passer à côté de quelque chose s'ils n'osent pas. Fais comme bon te semble. Il n'y a pas de règles. Il faut juste y croire, je pense, pour que le possible prenne corps, en soi et dans la réalité.

pseudo : scribio

Ton texte est vraimant trés beau, si elle savait toute la beauté qu'elle t'inspire...tu l'aurais déjà conquise. Bon courage.

pseudo : L.

Merci encore MILLE FOIS pour vos commentaires et vos conseils inspirés ! C'est toujours tellement bien écrit et bienveillant... Chaqe fois que j'ai besoin de me ressourcer, je viens par ici ! C'est une bonne thérapie ! Je pense d'ailleurs que tu as raison, Brestine : il faut écrire pour "faire plus" de cette matière première qui, sinon, resterait "lettre morte". Peut-être (sans doute), que ce ne sera qu'un songe. Mais il restera les mots pour en témoigner. Quand à l'aborder... Disons que ces textes sont une métaphore de mon Histoire Vraie, une transposition. Au risque d'enlever un peu de magie, il n'y a pas vraiment de parc, il n'y a pas vraiment de banc... A part dans nos têtes... Je serais incapable, d'ailleurs, d'aborder quelqu'un de cette manière là (je suis fichu !), je n'arriverais pas à donner assez de sens à la démarche (je suis VRAIMENT fichu). Mais métaphoriquement, puisqu'ici, tout est métaphore, je vais sans doute me lancer... Et en dire plus sur l'au-delà de la métaphore la prochaine fois ! ; )