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Mon Histoire Vraie - 4 - Mercredi 4 février par L.

Mon Histoire Vraie - 4 - Mercredi 4 février

Je ne suis pas venu, hier.

J'avais besoin de réfléchir. De faire un peu le point sur ce que je ressens. D'essayer de comprendre ce qui me lie à toi. J'ai été vite fixé : même si je pouvais te parler, même si je pouvais te le dire, même si je trouvais les mots justes, tu n'imaginerais pas combien tu m'as manqué, la force qu'il m'a fallu pour éviter le parc, pour éviter le banc et le ciel coulé d'or, tout comme tu n'imaginerais pas combien ça m'a fait mal, combien ça m'a coûté, combien je souffre encore. Même si tu me voyais, même si tu savais que j'existe, même si tu savais tout de moi, tu ne pourrais pas imaginer ce que tu représentes à mes yeux, à quel point tu es importante, et surtout, à quel point...

Je t'Aime.

Parce que je t'Aime. Qui que tu sois. Quoi que tu cherches et qui que tu attendes. Je me suis longtemps menti à moi-même, j'ai fait comme si ce n'était pas le cas, je me suis trouvé des excuses, je me suis joué la comédie de l'indifférence et j'y ai cru, tellement j'avais envie d'y croire. Je m'y suis accroché, je me suis convaincu, je me suis entêté, je me suis obstiné à me raconter des histoires, à m'inventer de la tendresse et de l'admiration sans voir que cette tendresse et cette admiration n'étaient que ma façon d'éprouver de l'Amour pour toi, sans avoir à l'admettre.

Or, aujourd'hui qu'enfin, je te retrouve, je suis obligé de le reconnaître tant c'est une évidence : je t'Aime. Tant pis si ça sonne creux. Je t'Aime de toutes mes forces. Je t'ai toujours Aimée. Depuis le premier souffle. Depuis la première fois. Le premier de tous mes regards. La première de toutes nos rencontres, ce fameux soir d'été, quand nos chemins se sont croisés sur cette grande place déserte où nul ne vient jamais. Ça a toujours été en moi. Toujours... Et ça a toujours été de l'Amour, je te le jure. C'est vrai. Il me suffit de te regarder, à nouveau - que dis-je, même, de te contempler - pour en prendre définitivement conscience : tu es la femme dont je rêvais quand je savais rêver, celle que j'imaginais quand j'étais assis sur ton banc, jadis, et que je regardais les mêmes étoiles, celle que j'imaginais dans chaque histoire d'amour dont je tournais les pages avec fascination.

C'était déjà toi pour chaque « elle » semée sur mon chemin, déjà toi dans chacun de mes amours, déjà toi dans chacun de mes frissons, déjà toi que j'attendais sans y croire et qui n'est pas venue, et qui a tant tardé. Il me suffit de te voir là, de retenir mon souffle, de laisser mes yeux se fermer sans cesser de te voir, de fondre au moindre de tes mouvements, de guetter tes moindre tressaillements, d'espérer tes moindres soupirs pour ne pas en douter. Même si je ne peux pas t'Aimer, même si je n'en ai pas le droit, même si je ne suis pas celui qui peut te rendre heureuse, même si tu attends une étoile et pas un vers luisant...

Je t'Aime, je t'Aime, je t'Aime...
Faut-il le répéter encore ? Et pourquoi m'a-t-il fallu si longtemps pour m'en apercevoir ? Pourquoi n'ai-je pas compris avant ? Tu es si merveilleuse, si séduisante, si extraordinaire que c'est à peine si tu sembles plus réelle que moi.

Un pantalon de velours noir, sobre, sans défauts, qui épouse ta finesse comme j'aimerai embrasser ta main. Une veste cintrée, assortie à ravir, parfaitement ajustée, et qui ravit ce cœur que je t'aurais donné si tu ne l'avais pris. Piqué sur ton haut bleu-lagune, une fleur, ou bien un papillon, ou un papillon sur une fleur, ou une fleur dotée d'ailes, ou une nouvelle constellation qui vient briller jusque dans ces boucles d'oreilles qui attirent la lumière pour mieux la renvoyer, éclairer ton visage, souligner la douceur distinguée de tes traits. Pour un peu, on y verrait des guirlandes d'averses, mais avec la clarté des longs après-midi d'été et sans aucune tristesse, aucune mélancolie. Tu as bien assez de la tienne, allons... Elégante à mourir, tu es princesse du bout des ongles jusqu'à la pointe de ces talons qui imposent leur rythme sec à mes battements de cœur. Je me perds dans tes yeux couleur noisette, miel, chocolat au lait, aux contours légèrement dorés, tantôt profonds, tantôt limpides, toujours intenses, toujours troublants, toujours perdus ailleurs, à la recherche de ce que tous deux désespèrent de pouvoir retrouver, parfois interrompus d'un battement de paupières, disparaissant un temps pour mieux réapparaître, mieux m'emporter par-delà leur barrière pour m'effacer et mieux me faire renaître encore. Je glisse sur tes longs cils qui battent avec elles la cadence, et dont le jais tranche sur ta peau de cannelle ou de sucre blanc, tes lèvres d'un rose discret, parfois pétale, parfois bourgeons de rêves qui ne demandent plus qu'à éclore et qu'on voudrait cueillir, mais sans oser, craignant de voir faner l'inestimable trésor... Et puis, et puis, et puis encore...

Mais non.

Pour en dire plus, je devrais plus la regarder, je devrais m'approcher, je devrais me trahir et je ne le dois pas, je dois lutter, je dois rester loin d'elle, elle doit rester un songe pour moi, ou une chimère, ou un mirage, ou une histoire sans fin. Plus que jamais, pourtant, j'aimerais m'asseoir à côté d'elle à la place qu'elle laisse libre et qui reste toujours vide, qui attend autant qu'elle, pour y respirer son parfum de sucre roux et de dentelles et le laisser tout balayer de mes hésitations, de mes plaies, de mes peines jusqu'à m'envahir tout entier, chasser jusqu'à la toute dernière des pensées qu'elle m'inspire... Alors, je lui dirais, je lui murmurerais à l'oreille tout ce que je ne pourrais pas dire si elle pouvait m'entendre. Combien je l'Aime. Combien je ne rêve que de la chérir. Combien je ne vis pas quand je ne la vois pas. Hélas, même invisible, je reste planté là, sans bouger, sans trouver le courage de faire un pas vers elle et bientôt, je commence, je commence à me demander...

Comment la retenir ? Comment attirer son regard ? Comment faire en sorte qu'elle sache que j'existe ? Comment faire pour - peut-être - faire briller ce sourire qui m'est si cher ?

Et tandis que je m'interroge, j'entends sa voix, dans un murmure. Le temps d'un mot. Un mot unique. Qui, certainement, était un nom. Qui, certainement, valait plus que le mien, et que j'ai oublié depuis. La voix, elle - l'enchantement de sa voix -, m'a accompagné le long du chemin, tandis que je rentrais sans véritablement rentrer - et plus qu'à contre-cœur -, abandonnant sans le savoir la plus belle part du peu qui subsistait de moi. L'obscurité a eu beau chercher à me diluer à nouveau, m'engloutir comme une ombre, je n'ai pas dormi cette nuit-là : quand à mon tour, j'ai fermé mes paupières, tu étais toujours là...

Aussi, même si c'était en vain, j'ai pensé, pensé, pensé sans relâche, je n'ai fait que penser, je n'ai fait que chercher, chercher, chercher un moyen pour, peut-être...

Tu sais... Pour être plus comme tu le voudrais et pour, enfin...

Que tu me vois.

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Coup de cœur : 10 / Technique : 8

Commentaires :

pseudo : Brestine

C'est très beau, toujours. On attend la suite, évidemment. J'espère que tout se passera comme tu le voudras. Peut-être qu'il faut forcer un peu son destin. Il faut oublier cette piètre image du ver luisant que tu n'es sûrement pas...

pseudo : PHIL

TROUVE CE COURAGE. NE PERDS PAS DE TEMPS

pseudo : ficelle

c'est vraiment magnifique ! Mais, et si une femme te disait ce qu'elle peut ressentir ? Peut-être t'a-t-elle déjà vu, peut-être se pose-t-elle aussi des questions te concernant, qui est-il, pourquoi vient-il toujours sur ce banc, en face, à fixer toujours le lointain ...etc. As-tu envisagé de changer de banc ? de te "tromper" de banc, de t'asseoir à côté d'elle ? Qu'est-ce qui t'en empêche ? hein ?? L. j'attends une suite pleine de couleurs, le printemps commence à jouer derrière les nuages, les éclats se ravivent...A toi de jouer

pseudo : L.

Merci de vos compliments... et de vos encouragements ! J'espère que la suite sera à votre goût, même si je doute de pouvoir jamais vous offrir une Happy-End !Je fais ce que je peux, malgré ma piètre image et mes réserves... Mais j'ai bien peur qu'il y ait des obstacles contre lesquels on ne peut rien. Que ce soit un joli texte, alors...