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Malice - Le parfait filou [Premier chapitre] par Ygdrassyl

Malice - Le parfait filou [Premier chapitre]

Le parfait filou

 

Premier chapitre de mon histoire. J'espère qu'il vous plaira! 

 

C’était le lever du jour. L’aube naissante éclairait d’une lumière orangée les grandes et riches maisons de pierres de Londres. Toute la ville semblait baignée dans une lumière paisible. Ce n’était malheureusement pas le cas des bas-fonds de la métropole qui restaient presque constamment dans l’obscurité, les rayons de l’astre solaire ne parvenant que rarement à percer entre les maisons si étroitement agglutinées. C’était comme si ces quartiers malfamés étaient abandonnés du soleil lui-même. Les ruelles étaient vides à cette heure-ci. Seul un adolescent s’y trouvait. Marchant discrètement sur le pavage inégal, il semblait se diriger vers les quartiers plus aisés de la ville. Il semblait tout juste sortir de sa pré puberté et devait avoir dans les quatorze ans. Il était de taille moyenne et plutôt mince. Son teint très pâle et presque maladif indiquait qu’il ne voyait pas souvent le soleil. Il avait les traits très fins, des yeux en amandes, des lèvres minces et un petit nez rond. Ses yeux oscillant entre le gris et le bleu étaient vifs et pétillants, le garçon semblait malicieux. Ses cheveux étaient châtains et lui tombaient presque sur les épaules. A sa démarche fière et assurée, l’on eut dit qu’il faisait parti d’une de ces riches familles de Londres fréquentant fréquemment les bals et les opéras. Ses vêtements indiquaient le contraire. Bien qu’ils lui donnaient l’allure du parfait gamin des rues, ils ajoutaient également à son charme naturel un air d’orphelin tout à fait innocent. Il portait un pantalon bouffant bleu foncé ainsi qu’une chemise bicolore aux teintes blanches et beiges. Sa ceinture était brune, comme ses chausses, tandis que son long manteau arborait une couleur étrange mais chaleureuse oscillant entre le beige et le brun. Il portait également au cou un foulard rouge et à l’oreille, une simple boucle en argent. Enfin, il arborait un chapeau haut de forme violet foncé complètement froissé. Le sourire aux lèvres, il accéléra son allure tandis qu’il pénétrait dans une vaste place au fond de laquelle se trouvait une grande église. Il était tôt et les marchands commençaient tout juste à installer leurs étalages. Son sourire s’agrandit. Il mangerait bien aujourd’hui. Il fit le tour du marché, histoire de repérer les charcutiers, les maraîchers, les fromagers, etc… Après une petite vingtaine de minutes, il avait repéré exactement ce qu’il voulait. Il s’assit sur un banc, près de l’entrée de l’église, et attendit. Il serait dangereux d’essayer de voler de la nourriture si tôt. Les marchands l’auraient vite remarqués. Il fallait attendre qu’il y ait plus de monde pour pouvoir se fondre dans la foule. Après une bonne heure, le marché était en ébullition. Les marchands vantaient les mérites de leurs produits à grands cris tandis que les gens se hâtaient d’aller d’un étalage à un autre. C’était le moment parfait. Il se leva péniblement et s’étira longuement. Un sourire malicieux en coin, le garçon pénétra dans la foule. Sans perdre de temps, il se faufila entre la foule pour arriver devant un boulanger qu’il avait repéré plus tôt. Il s’approcha au plus près de l’étalage et poussa tout à coup une vieille femme qui achetait un pain aux céréales. Elle s’effondra sur le sol et le garçon profita de la confusion pour dérober un pain de seigle et un petit gâteau au miel et aux amandes. Il s’éclipsa ensuite en vitesse tandis qu’il cachait les fruits de son larcin à l’intérieur des longues poches de son manteau. Un grand sourire aux lèvres, il se dirigea sans attendre vers un des charcutiers qu’il avait repéré lors de sa promenade matinal. Il y avait foule là aussi. Le vendeur ne semblait pas faire attention, il était occupé à l’autre bout de son étalage. Sans hésiter, le garçon souleva son chapeau d’une main et s’empara d’un morceau de jambon de l’autre. D’un seul geste, il fit passer son larcin en dessous de son chapeau pour le camoufler. Personne ne l’avait remarqué. La plupart de son repas était désormais assurée. Il ne manquait plus qu’un peu de fromage pour compléter tout cela. Le garçon fit une petite grimace en se dirigeant vers le stand en question. Le vendeur était le seul fromager du marché, et il était malin. Il avait déjà prit le garçon la main dans le sac. Il faudrait ruser. L’homme était méfiant. Il avait l’habitude des voleurs. C’est pourquoi il ne gardait pas sa marchandise sur des étalages pour les exposer à la population. Il les gardait derrière lui, sur une petite estrade ou il lui était facile de repérer quelqu’un qui essayerait de le voler. Comment faire alors ? Le garçon en avait une petite idée. Il se fraya un passage parmi la foule pour s’approcher sur le côté gauche de l’estrade. L’homme était occupé à servir une vieille dame. Il n’y avait en effet pas moyen de l’approcher. Il faudrait utiliser un moyen détourné, même si ce n’était pas le meilleur. Le garçon poussa un petit soupir avant de faire quelques pas pour s’extraire de la foule. Il s’appuya contre un mur et ferma les yeux. Il tendit ensuite son esprit. Tout à coup, une multitude d’émotions lui parvinrent. Joie, tristesse, colère, sérénité… Toutes les émotions des personnes composant la foule. Fronçant les sourcils, le garçon se hâta de diriger ensuite son esprit sur le fromager. Ce serait facile. L’homme était tellement méfiant qu’un rien suffirait. Le garçon pénétra discrètement dans son esprit, affirma son contact avant de l’affiner. Il s’insinua discrètement. Alors, alors. Quel sentiment serait le plus adéquat ? La peur ? Non. Plutôt le doute. Agrémenté d’une pointe de colère. Sans attendre, le garçon donna une impulsion dans l’esprit de l’homme qui se mit aussitôt à remuer. Le doute commençait à monter. Cet homme en noir, avait-il payé ce qu’il avait acheté ? Et cette petite fille à l’aspect misérable ? Sûrement pas ! Vu ses frusques, elle n’avait sûrement pas payé non plus. Le garçon se retira alors en douceur, tandis que l’homme se retournait vers la foule en fronçant les sourcils. Et alors qu’il se rapprochait discrètement, les premiers cris lui parvinrent.

« REVIENS SALE VOLEUR ! TU N’AS PAS PAYE CE QUE TU M’AS PRIS ! » Dit-il en pointant un homme manifestement aisé.

« Pardon ? » Bredouilla-t-il. « Bien sur que si ! Je vous ai donné quatre pièces d’argent à l’instant ! »

« SALE VOLEUR ! REVIENS ICI ! »

L’homme descendit de l’estrade et commença à se diriger vers l’homme tandis que la foule s’écartait pour lui laisser le passage. Le dosage de colère avait peut-être été un peu fort. Bah ! Tant pis ! Profitant de ce que tout le monde ait le dos tourné à l’estrade, le jeune garçon commença à y grimper mais au dernier moment, une main s’abattit sur son épaule et le fit basculer en arrière. Furieux, il se releva et leva aussitôt la tête, les yeux flamboyants. Sa hargne s’en alla bien vite lorsqu’il vit à qui il avait affaire. C’était une jeune femme. Elle devait avoir une vingtaine d’années tout juste. Elle avait l’air furieuse.

« Malice ! Tu as encore fais ça ?! » Demanda t’elle d’une voix qui signifiait clairement qu’il serait risqué de ne pas répondre comme il faut.

« Mais euh…Non… » Répondit Malice d’une toute petite voix. « Je t’assure Epine ! Je n’ai absolument rien fait ! »

« Ne mens pas ! » Cria t’elle, le regard flamboyant.

Sur ces mots, elle attrapa le garçon par le bras et l’entraîna hors du marché. Après avoir parcouru plusieurs ruelles en ignorant royalement les gémissements de Malice, la jeune femme s’arrêta brusquement et lui lança un regard noir qui lui imposait clairement le silence. N’osant pas dire un seul mot, Malice resta muet. Epine frappa trois fois à la lourde porte de chêne se trouvant en face d’elle. Des bruits de pas se firent entendre et la porte s’ouvrit brutalement. Un homme négligé et à l’allure sévère jeta un bref regard à Epine, puis à Malice. Poussant un grognement, il tourna les talons et retourna s’asseoir à sa table, remplissant à nouveau son verre avant de continuer son jeu de cartes. Avec un regard désapprobateur, la jeune femme dévisagea l’homme quelques instants avant de se hâter de refermer la porte. Sans dire un seul mot, elle attrapa le garçon par la main et l’entraîna le long d’un escalier branlant et poussiéreux. Au bout de deux étages, elle s’engouffra dans une grande pièce, bientôt suivie de Malice. L’endroit avait du être la demeure d’un riche et opulent bourgeois auparavant, les tapisseries ternies et les tapis poussiéreux rappelaient encore une gloire passée. Les grandes vitres crasseuses, presque opaques, ne laissaient plus guère entrer les rayons du soleil. La salle était principalement éclairée par des bougies et un grand feu de cheminée. Au milieu de la salle se tenait une grande table de bois, à l’aspect rustique. Autour de celle-ci, la vie fourmillait. Des jeunes garçons, allant de six à une vingtaine d’années s’affairaient à rassembler et trier le butin de la veille, journée plutôt chanceuse. A tel endroit étaient rassemblées les montres à goussets, à tel endroit étaient rassemblés les mouchoirs richement brodés, ici se trouvaient les portefeuilles, et ici encore se trouvaient les bijoux. Sur quelques tabourets bancals, des enfants empilaient des livres dérobés dans les librairies à cause de leur rareté, ainsi que de vieilles cartes. Quelques hommes, plus trapus et dans la force de l’âge, fumaient leur pipe en discutant, assis en cercle et accompagnés de leurs chiens dressés à faire le mort. Et enfin, tout au fond de la pièce, assis dans un vieux fauteuil défoncé mais qui paraissait encore confortable, un vieil homme attendait, les mains griffues crispées sur les bras du fauteuil. Malice n’osait pas le regarder. D’un pas vif, Epine traîna le garçon vers le vieil homme et le projeta à terre. Une voix lente et chevrotante s’éleva alors, celle du vieil homme.

« Qu’a donc encore fait ce garnement ? » Questionna le vieil homme.

« Il a délibérément utilisé ce que vous savez ! » S’exclama t’elle.

« Très bien, Epine. Je vais lui parler. Va t’en. »
Répondit sereinement le vieil homme.

« Quoi ? Mais… » Protesta t’elle.

« Va t’en, j’ai dis. » Dit-il d’un ton parfaitement calme mais expéditif.

Malice leva timidement les yeux vers le vieil homme.

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