Je voudrais maintenant dormir à poings fermés

Et ne les ouvrir que pour te regarder

Car j'aime ton sourire d'homme satisfait

Tes pensées contaminent mon âme trop pressée

De comprendre ce mal être en toi, tes tourments, ton surmoi

Te surprendre aujourd'hui pour te faire rire demain.

J'abandonne pour un temps, je ne te suis plus dans ton cheminement

Je m'évade et je suis, dans le fond d'un jardin

Assise au bord d'un puits, je regarde flotter des brindilles

Et tout en me penchant j'imagine des radeaux

Ceux remplis d'êtres humains, ceux qui errent en mer

Les yeux brillants d'espoir, juste un bout de meilleur

Un peu de liberté, un havre de bonté.

Raté c'est à Calais, que finissent pour un temps leurs doux rêves d'enfants.

Je pense à eux mais ne les oublie pas, ces passagers du désespoir

Que malgré les contraintes ils ne renoncent pas.

J'ai tant pensé à eux, j'ai tant rêvé de toi, la margelle est si glissante

J'ai bien failli tomber, je me suis absentée, je me suis oubliée.

C'est que, voyez-vous penser à moi m'ennuie, l'Autre et l'ailleurs

Me font planer, je voudrais déplacer des montagnes pour leur faire de la place

Je m'imagine chef d'entreprise embauchant à tours de bras, chez moi pas de porte

Parce qu'on ne la prend pas, elle ne fait que grandir mais reste à taille humaine.

Chacun y pose sa pierre, mais nuls bâtisseurs de cathédrales

Ces édifices majestueux sont trop coûteux en hommes les détruisent au travail

Et les réduisent en cendres.

Je voudrais pouvoir contrecarrer le pouvoir de ceux qui acheminent des trains de défaite remplis de poudre d'or qui ne sert qu'à eux.

Mais je ne suis qu'une femme, et je quitte le puits, je sors de ce jardin, je laisse là mes émois

Retournant m'allonger, je regarde le ciel, et j'insiste pour ne pas perdre tout espoir d'un monde plus humain, sait-on jamais, peut-être viendra-t-il demain.