Publier vos poèmes, nouvelles, histoires, pensées sur Mytexte

Au crépuscule par nader

Au crépuscule

 

 

 

Une légère brise agréable succède à la moiteur.

Lentement le crépuscule s'installe dans l'espace

Et des étoiles s'éveillent en s'étirant de toute leur pâleur

Et  inondent de leur lumière fébrile l'obscurité  sagace

Funambule, je marche sur un fil de satin au dessus du vide

Déchirement ancestral. Je tombe indéfiniment du ciel

Amerrissage dans une eau salée au charme insipide

Du fond de ses entrailles se dégage une odeur pestilentielle

S'échappent les cris les plus stridents qu'ils soient. Naissance...

Je ferme les yeux. Par une tornade je suis aspiré

 Transe... Frémissements. Perte de connaissance.

Le blanc cotonneux et ouaté de l'intemporalité

 

A partir de cet instant, je ne contrôle plus rien, ma très chère  muse

Les métaphores, les rimes, les strophes et  les images deviennent confuses.

 

 

Acte 1

 

Je m'enfonce au plus profond de cette étendue béante

A la fois, cruelle et tendre

Elle n'en fini pas de me tourmenter et de me cajoler

Je dois m'échapper, coûte que coûte.

Surtout ne pas crier. Même si j'en meurs d'envie.

Mais elle a déjà anticipé sur mes intentions...elle me lacère le dos de ses griffes pourpres.

Blessure indélébile !

Et, je persiste à lui offrir ce corps dont elle n'épargne aucune partie.

Elle laboure partout sans effusion aucune, elle creuse ses sillons en moi.

Elle m'embrasse sur les yeux. Je sens son souffle balayer ma paupière.

Elle me susurre à l'oreille : « laisse toi aller mon chéri, je suis là... »

Je suis totalement livré aux charmes de cette mielleuse.

Je suis à l'apogée du cri de la mort ou peut -être du cri primal...

Tous mes sens volent en éclat.

 

Je ne peux contrôler tout cet afflux de pulsions qui explosent.

 

Payer de ma vie ces moments de plaisir.

Ne pas laisser cet esprit fantasque me transformer en objet sensuel.

Voilà qu'elle s'emporte...

Je dois reprendre conscience et me dégager de cet enivrement fourbe.

Soudain, tel un geyser, elle explose. Orgasme volcanique !

Cette faucheuse cherche à me couper le souffle à jamais.

J'esquive de justesse la lame de la faux d'or.

 

Un brouillard opaque plan au-dessus d'un lac glauque.

 

En empruntant dans un registre de voix connues, elle murmure  doucereusement : 

 

 « Viens au plus profond de mes entrailles et prends ta place dans cet univers qui reflète ton moi profond et tu connaîtras enfin l'apaisement que tu cherches depuis si longtemps. »

 

J'éclabousse mon visage  et je l'enduis de lave de volcan.

Je suis prêt pour le combat.

Mais elle continue à m'aguicher et elle se projette même sur un écran  en 70 mm pana vision : blonde, brune, rousse, c'est la seule actrice à pouvoir se réincarner en femme du monde.

 

: « Ne pas regarder son film. Son but c'est de me tromper  et elle me propose une évasion sans retour. Elle veut dompter mon inconscient et le garder en captivité. Ne pas la laisser jouir et lui refuser l'accès à mon psychisme.  »

 

Sure de sa domination elle prolongera cet état de fait jusqu'à la délectation suprême. Elle fermera les yeux  et à ce moment là, ce sera la fin.

Elle est extravagante et quasi narcissique, je ne dois pas me laisser amadouer par ses simagrées.

Voilà qu'elle se maquille et me fixe d'un regard intense et puis elle ondoie autour de mon

sexe. Varech ou pieuvre ?je ne saurais le dire.

Alors qu'elle se livre à une débauche de vacarme, je suis envahi par une soudaine nostalgie.

 

 

Acte 2

 

Évocation par images :

 Le soleil, le sable fin, les pommes de pin, les voiliers blancs, le surf, les glaces italiennes, les pêches gorgées de jus, l'odeur des grillades, le cri des mouettes et enfin la fraîcheur d'un soir d'été.

J'entends encore les rires des chipies. Et pendant que je soliloquais, elle ricanait sans vergogne et pour cause, elle a détecté mon état émotionnel.

 

Mes pulsions refoulées.  Est ce bien moi ?

 

Elle se tient les côtes tellement elle est secouée de moqueries à mon égard.

Vexé .Je scrute le ciel .Mauvais présage. Je prends conscience qu'elle n'est pas la mer.

La vraie mer se trouve de l'autre coté de cette soufrière. Ici, il n'y a rien. Je ne vois que des algues mortes.

Même pas de saumons roses pour apporter du contraste. Pas de scalaires se cachant entre les roches et encore moins de requins. Aucun vestige. J'espérais trouver des vaisseaux des caraïbes du 17ème siècle.

Des cristaux de souffre éclairent le fonds de ce no man's land rouge et noir. Ce sont les couleurs de cette folle. Elle met un bandeau autour du visage en laissant juste apparaître des petits yeux injectés de haine.  Regard mortel.

 

Mes propres pulsions de mort ?

 

Ampoule fluorescente. Odeur d'éther. Une femme. Une vision angélique. Elle est belle et elle me caresse mon front ruisselant, avec une extrême douceur.

Injection intraveineuse .Mon héroïne.

Cruel tourbillon qui m'arrache du monde réel.

La femme disparaît. Silence de monastère. Respiration, souffle, gémissements et cris.

J'entrouvre, à nouveau les yeux et j'aperçois une silhouette diffuse.

Le vent souffle...

Frissons. Non ce n'est pas cette femme angélique. C'est encore cette perverse qui se fait appeler Méditerranée.

Je constate qu'elle avait balisé tout mon itinéraire de voyageur égaré. Elle affecte une mine humaine. Mais je ne peux la confondre avec une vraie femme.

Une terrienne. Ce qu'elle n'est pas.

Même si elle adopte des mimiques ridicules et qu'elle se lime des ongles imaginaires ou qu'elle me caresse le front de sa main pleine de cendres.

L'hypocrite, s'apercevant de mon dégout, elle m'administre de grandes tapes dans le dos.

Elle se penche au dessus de moi et m'entrouvre la bouche et puis me force à avaler des liqueurs enivrantes.

Un fou rire s'échappe de sa gorge et elle se caresse le bas du ventre.

Elle me pince le mamelon et puis m'enveloppe dans ses bras et me serre très fort.

J'entends le bruit d'une porte qui grince.mes os vont craquer.

Exit vers nulle part.

La main glisse dans son entre jambe s'immisce dans une toison de femme qu'elle a reconstituée hâtivement afin de tromper l'amant potentiel que je représente à ses yeux.

Eh oui, je déguste la substance de ce fruit charnu et je m'égare dans ce sexe sinueux et jonché d'orties noires.

Tandis que le suc se propage en moi, elle me plante son dard dans le cœur.

Alors dans un ultime effort, la bouche en feu, je mords  l'aréole noire de son sein.

Mais elle m'injecte du poison : cocaïne et procaïne dessèchent mes muqueuses.

Je vois le sucre se propager par vaguelettes blanches à l'assaut du sable chaud.

Désaltération excessive.

Une envie féroce, bestiale.

Je rugis tout en me griffant la chair, je riposte et j'essaie de détruire cette bête factice.

Je veux être le maitre absolu.

Mais elle guette.

Je lui fais comprendre que cette intrusion dans ma vie lui coutera ses yeux  jade de chatte.

 

 

Acte3

 

J'ai suivi Fatima, Marie et Sarah .Ces hallucinogènes. Et les portes du paradis se sont refermées derrière moi. Je suis seul...j'ai pêché Seigneur.

Saint Pierre a refusé de me jeter une clé.

Pourtant j'ai lutté aux côtés du Baptiste. Lui, sans concession et fait de passion.

Comme je suis attiré par Ève...Envie de la croquer...Seigneur pardonne moi.

 

Elle ne cesse de m'aguicher, à la fois matador esse et matrone aux courbes plantureuses. Elle aime à s'encanailler avec les dockers des bas fonds. Gang band.

Elle m'offre ses seins électriques et  je les empale et m'apprête à les avaler.

Ultime plaisir dans un donjon ténébreux et gothique.

Elle me pourchasse et me charge de ses grandes cornes de kandou.

Ma conscience s'envole et plane dans un espace surchargé. C'est le bigbang.

Je ne veux pas heurter saturne. Là, une comète fonce droit sur moi.

Extinction. Echappement des gaz.

Dernier souffle.

Un grand tumulte vient de brutaliser l'univers.

J'ai rouvert les yeux.

Je survole  tout

Je me retrouve dos allongé sur une natte persane.

Le soleil cicatrise les plaies de l'homme.

Là bas, des fleurs gigantesques  flottent au gré du vent. Je vois aussi des arbrisseaux fuchsia, des pavots géants, des plantes de réglisse, pivoines aux pétales roses et rouges.

Odeur d'une amaryllis généreuse que j' hume à satiété.

Au loin, des hommes, courent sur le rivage. Beauté de leurs gestes naturels d'indigènes.

Mais brusquement, ils disparaissent dans la jungle.

Des métisses aux dents éclatantes leur  succèdent. Ondulations exaspérantes.

Cheveux ébène de jais qui glissent jusqu'aux creux de leurs reins.

Seins mates citrons verts. Ces filles pouffent de rires et me font un signe de la main :

« Iorana » .

 Elles avancent et s'enfoncent dans l'eau, sous l'étoffe du pagne des rondeurs douces de leurs sexes merveilleux diamants dissimulés sous la roche. Ah L'amour...

Claquements d'ailes.

Rythmes lourds des congas ;

 

L‘Afrique ?

 

Je n'ai donc pas échoué sur  l'ile des coupeurs de têtes ?

Les filles me désignent du doigt. Je ne peux ni leur sourire, ni leur tendre la main.

J'aimerais tant caresser leurs petits seins  et déguster le miel qui se niche dans les alvéoles de ces belles fleurs.

Mordre leurs lèvres charnues aux moues capricieuses au gout de cherry.

Hélas le soleil me plaque sur cette étendue horizontale. J'aperçois même la blancheur des coquillages nacrés.

Perles jamais touchées par la main exploratrice. Endroit propice à la redécouverte d'un site sauvage. Conte féérique où convergent tous les continents.

 

Le monde tourne ainsi.

 

Danseuses pailletées et fardées s'offrent à une rituelle initiation. Aguichantes et conscientes de ma frustration.

Brunes Latino-Américaines aux visages de bronze. Je m'agite en vain.

Euphorie chimérique dont je remplis mon ça.

Des accords de guitare sèche.

Tout à coup, des oiseaux : colibris des caraïbes et même de Californie tournoient tels des hélicoptères, tout en volant à reculons au dessus de mes yeux ébahis.

Rapidité complexe évaluée à 200 battements/seconde.

Étourdi, je subis, aussitôt, le raid d'une horde de toucans croupion rouge venus de la haute Amazonie pour participer à une chasse sans pitié.

D'autres rapaces passent et repassent : petits arcaris vénézuéliens jaunes et noirs lancent leurs cris de guerre tout en agitant leurs queues.

Cruelle espèce que cette tribu du toucan qui tue sans grâce ses petits semblables de la jungle, les petits bourdons verveine colibri...

Enfin, des oiseaux mouches aux ailes couleur d'éventail de geisha andalouse et encore d'autres qui n'ont jamais fait partie de mon répertoire mnésique.

Tandis que je fixais le ciel, les yeux rivés sur cet opéra volant, j'ai perdu de vue la plage.

 Où sont donc passées les danseuses tahitiennes et ces torrides espagnoles d'Amérique et ces luxurieuses nymphettes ?

 

Vision chimérique provenant de mon inconscient.

 

Silence absolu.

 

Là bas, un homme debout, pieds nus sur des cailloux bancs.

Il m'observe. Il sourit ou il grimace ?

Il me fait un signe de la main puis disparaît dans la forêt touffue. Il rejoint, sans doute, cet univers fantasmagorique, duquel je me suis exclu.

 

Pure sublimation de cette mère qui s'est débarrassé de moi, en me retirant son sein de la bouche.

D'ores et déjà j'imagine un monde peuplé de femmes nourricières.

 

L'homme aux pieds nus a disparu derrière un voile noir. Pavillon à tête de mort. Étendard des pirates ?

Ou chiffon de deuil porté par une pleureuse de Bagdad au 7ème siècle ?

Et si cet homme sauvage, ce robinson, c'était moi ?

Quel jour sommes nous ? Vendredi ?

Brise légère. Ce paradis sauvage s'éloigne doucement.

L'archipel emporte avec lui des arbres sains et vigoureux fiers d'exhiber des goyaves,des mangoustans,des papayes,des corossols,des jujubes,des chérimoles, des mangues,des fruits de la passion,des kakis,des longanes,des ramboutans,des sapotilles et des caramboles des oranges amères et mêmes des avocats. Que de fruits exotiques !

Le sable est dévoré par l'ébullition des vagues. Des Mangroves.

Peut être le dernier signe de (à la) terre.

Des toucans - toco noirs aux reflets bruns jacassent à propos de la pluie qui va s'abattre sur cette région déjà dévastée.

Saison peu propice à ce mauvais présage.

Roches, arbres et toucans disparaissent à jamais.

Les seules étoiles encore accrochées tombent et se noient dans la mer.

Une pluie fine ruisselle sur mon  visage humm ça fait du bien cette fraicheur...puis tout mon être semble comme englouti dans un bleu pétrole.

 

Est cela la mort ?

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

"Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite sans le consentement de l'auteur est interdite"

Style : Poème | Par nader | Voir tous ses textes | Visite : 817

Coup de cœur : 15 / Technique : 11

Commentaires :

pseudo : Lulu

Eh bien... Quelle inspiration ! Bienvenue sur le site. Il faudra, pour tes prochains textes, grossir les caractères car c'était tout de même difficile à lire...

pseudo : nader

Merci Lulu pour ta patiente lecture.Du coup, j'ai modifié les caractères. Amitiés

pseudo : Al

magnifique !

pseudo : nader

Merci Al pour ton commentaire. Cordialement.

pseudo : mathieu arfouillaud

sujet rebattu et pourtant résultat passionnant; Bravo

pseudo : nader

C'est gentil de ta part Mathieu.Merci. Amitiés

pseudo : folle7

quelle inspiration et libération !! on attend d autre textes à lire c'est beau.

pseudo : Nader

Merci pour ton soutien folle7. Je vais bientôt publier un autre texte.