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Un peuple affamé par Euskadie

Un peuple affamé

 

...à la manière de M. De la Fontaine
en date d'octobre le vingtième jour,

Le peuple affamé depuis des années,

Sans culture et sans aucun revenu,

Se trouva alors vraiment dépourvu

Quant la guerre de religion fut venue.

 

Le Roi, puissant seigneur en son château,

Embauchait soldat et levait armée

Pour s'en aller aux frontières guerroyer.

 

Mais dans les greniers seuls les vermisseaux

Se partageaient le blé et les morceaux

Que le ciel voulait bien leur accordait...

 

Tandis que le Roi rêvait de conquêtes

Et donnait au château festins et fêtes,

Le peuple s'en alla lui crier famine

Car les greniers demeuraient ainsi vides

Tout comme l'artisanat et les usines...

 

Mais Sa majesté, un brin débonnaire,

Fit une sourde oreille sans négocier,

Fit une sourde oreille sans concéder

La moindre avancée à ses prolétaires:

 

Le peuple le supplia de l'aider

Car celui-ci, depuis pas mal d'années

Essayait bien que mal de subsister...

 

La révolution gagna les manants

Car l'estomac se faisait pressant.

 

Quand notre pieux Roi apprit la nouvelle

Il prit peur pour son trône et sa dentelle;

Alors il s'adressa au peuple en furie

Dans l'espoir de bien calmer les esprits:

 

-« Par Dieu, je vous donnerai, leur dit-il,

A manger et à boire pour l'éternel,

Mais avant je retiens votre attention:

Aimez votre Roi et restez fidèle.

Ne lui envoyer point de crocodile

Pour lui salir sa modeste maison... ».

 

Une voix parmi les vilains retentit:

-« A manger et à boire c'est le principal,

Je n'entends rien aux discours de l'ami,

Je sais qu'il a une folie d'animal...».

 

La nation impatiente et furieuse,

Ne pouvait déjà plus se retenir:

Elle se préparait alors à détruire

Tout le château et ses vies si affreuses,

Mais les usagers ne succombèrent pas

A la tentation de tuer le Roi.

 

En prison, par défaut, ils le jetèrent

Et firent une République populaire.

 

Mais que faire en ces temps tellement chauds ?

 

Au pouvoir, ils portèrent un ahuri

Qui fit vaciller la démocratie

Et une grande partie de la Nation

Vint grossir les rangs de l'apposition.

 

Des combats, nuits et jours à tout venant,

Troublèrent alors la vie des paysans;

Du peuple retentit encore une voix.

Ce fut la même que la dernière fois:

 

-« Toi, Mon Peuple, que faisais tu avant ?

Tu rouspétais si fort et à ton aise

Que tu as voulu la révolution.

Mais une fois accomplie, les prisons

Sont toujours bien garnies, ne t'en déplaise...».

 

Le peuple ne sait pas ce qu'il veut

Et je crois qu'il ne le saura jamais,

Car il se fait à chaque fois berner

Comme un enfant ou un petit vieux...

 

« Mais c'est un choix à faire:

tout homme doit savoir s'il désire vivre libre en activité

ou s'il préfère rester inactif et emprisonné

pour avoir réclamer des libertés sans frontières ».

Mario de Sabato,

Prophéties jusqu'à la fin du siècle, p.26, Edition Marabout

(20-10-2008 à 09:58)

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Style : Poème | Par Euskadie | Voir tous ses textes | Visite : 1370

Coup de cœur : 11 / Technique : 8

Commentaires :

pseudo : PHIL

BRAVO POUR CE POEME EN FORME DE FABLE.LE MESSAGE PASSE ET FRAPPE

pseudo : Euskadie

Je vous remercie. J'aprécie votre dernière phrase. Cordialement

pseudo : BAMBE

L'Histoire avec sa grande H se répéte t'elle indéfiniment??? Peut on faire barrage aux diktats sans créer le chaos? Beau poème en tous cas