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Le Jeu par JC Culioli

Le Jeu

J'adorais assister à ces spectacles-là. Cela me rappelait à la fois les jeux du cirque, les combats de gladiateurs et les joutes de chevalerie. Je m'y sentais si bien ! Je m'investissais corps et âme, soufflant, hurlant et pleurant quand il le fallait. Les règles étaient plus que simples. Pour moi, modeste spectateur, il suffisait d'invectiver ou d'applaudir. Ceux qui jouaient, en revanche, ne devaient rien laisser au hasard : une préparation qui durait parfois des années, une lucidité et une spontanéité méthodiques, un exceptionnel contrôle sur soi-même pour ne pas s'effondrer, et une réelle envie de gagner. Il leur fallait aussi une bonne dose d'intuition, cette qualité inestimable, ce don du ciel qui fait parfois deviner sans savoir. Et cela n'était pas tout. En plus de tout cela, seule la chance permettait
aux candidats qui le méritaient de passer la dernière question. Rares étaient les gagnants. L'enjeu, pourtant, en valait la peine : dix crédits de vie supplémentaire.

Une centaine d'années de vie gratuite ! J'enviais ceux qui
osaient se risquer à jouer, car ils pouvaient aussi perdre
beaucoup, jusqu'à leur propre vie. C'est d'ailleurs ce qui
rendait ce jeu aussi passionnant pour nous.

Ce jour-là, le candidat était un homme des montagnes. Une
sorte de paysan au bon sens affiné mais à l'esprit lent.
Court, trapu, un visage bien carré, des yeux verts qui
semblaient se perdre dans l'horizon de ces alpages qui ne
dégèlent jamais, il s'avançait lourdement vers
l'organisateur. L'organisateur, lui, était un homme de la
ville. Je le connaissais bien. Toujours souriant, poli,
pince-sans-rire, cultivé, parfois même un peu pédant. Un
homme très savant. Cela faisait des années qu'il dirigeait
ce jeu, et toujours dans la plus parfaite équité. Un homme
comme il faut. Un modèle pour nous tous. Pas comme ce
candidat qui, dès le départ, ne m'avait pas plu. Il était
clair, dès son arrivée sur la scène, qu'il allait semer
l'anarchie dans ce jeu pourtant si beau et si bien conçu :
le Jeu du Temps.

Je me souviens que l'organisateur commença par ces mots :
- Mesdames et Messieurs, bonsoir, nous voici de nouveau
réunis en cette merveilleuse salle des grands spectacles
pour l'inimitable, pour l'impitoyable... JEU DU TEMPS !

Un concert d'applaudissements et de vociférations, une
symphonie frénétique de hurlements remplirent immédiatement
la salle. Chacun savait que l'organisateur ne ferait aucun
cadeau à l'ignoble individu qui avait osé être candidat et
gagnerait peut-être le droit de vivre trois à quatre fois
plus que nous. Chacun haïssait ceux qui se croyaient assez
forts pour tenter ainsi l'impossible. Nous spectateurs
étions tous venus pour voir chuter ces monstres d'orgueil,
ces inconscients qui se croyaient plus forts que l'ordre du
Monde.

L'organisateur était vêtu de son plus beau costume pailleté.
Il me faisait toujours penser à un toréador. Le candidat,
lui, avait l'épaisseur et la lourdeur du taureau. Il
semblait solide, sûr de lui, et même un peu narquois. Il ne
savait pas ce qui l'attendait. Nous, nous espérions le pire.
L'organisateur se tourna alors vers le candidat et lui
demanda, du bout de la bouche, comme s'il voulait parler
avec des pincettes, d'avoir l'amabilité de se présenter à
l'assemblée. Le candidat nous regarda, sourit et déclara :
- Je m'appelle Antoine de Sparte et je suis éleveur dans les
montagnes claires.
Immédiatement, l'organisateur nous décocha le rictus méchant
que nous connaissions bien. C'était là le signal que nous
pouvions commencer à injurier le candidat et à le haïr à
haute voix. Le candidat nous interrogea de ses yeux verts,
fixant parfois son regard limpide sur l'un ou sur l'autre,
comme s'il essayait de comprendre notre ressentiment. Il n'y
avait pourtant rien à comprendre. Les hommes des montagnes
ont toujours été la race la plus détestée. Tout le monde
avait appris à l'école que les catastrophes successives des
siècles précédents avaient eu pour source l'accession au
pouvoir d'un certain type d'hommes machiavéliques : les
philosophes. Des individus non-violents, épris de science et
de littérature qui avaient tenté d'infiltrer tous les hauts
postes de responsabilité de la société afin de satisfaire
leurs buts propres. Quelques dirigeants plus intelligents
qu'eux, nous en étions les fiers descendants, avaient
rapidement compris cette manoeuvre, déjoué cette conspira-
tion et épuré la nation en interdisant à cette race toute
responsabilité dans la vie des cités. Dans certaines
régions, ils furent même chassés par la foule et durent se
réfugier dans les montagnes claires, là où la glace ne fond
jamais. La plupart ne conservaient plus aucun contact avec
notre société. Pour vivre, ils élevaient des gazelles des
neiges et des chiens. Ils avaient leur propre culture et,
même s'ils parlaient tous notre langue, aucun de nous ne
parlait la leur. Un dialecte beaucoup trop complexe pour les
besoins de la société. Une langue inefficace. Leur reproduction
était limitée, comme la nôtre, à quatre crédits de
vie, mais le contrôle était très difficile. Aussi,
périodiquement, l'armée devait-elle faire oeuvre de salubrité
publique en rasant quelques villages de montagne. Et nous
pensions tous que c'était très bien ainsi. Voilà pourquoi
cet Antoine de Sparte n'aurait eu droit, si nous l'avions
croisé dans la ville, qu'à notre mépris légitime.
Mais non content d'appartenir à une race déchue, il avait le
culot de se présenter à ce jeu qui avait déjà attiré et
détruit bien des siens. Et pourtant, c'était bien les gens
de sa race les plus forts au Jeu du Temps.

Après nous avoir laissé nous défouler pendant une bonne
dizaine de minutes, l'organisateur nous fit un signe bien
connu. Tous ensemble comme un régiment bien entraîné, nous
nous mirent à scander :
- La question ! La question ! La question

L'organisateur nous applaudit puis, le silence revenu, prit
sa voix de stentor :
- Eh bien oui, chers spectateurs - et cher candidat - voici
le moment que vous attendez tous. La première question du
grand jeu du temps : monsieur Antoine de Sparte, vous
m'entendez bien ?
- Oui, je vous écoute, répondit-il d'un air absorbé.

Nous tremblions tous. Allait-il tomber dès la première
question, comme tant d'autres ?
- La première question, reprit l'organisateur, est la
suivante : veuillez m'indiquer exactement après le "top"
que je vais vous donner, quelle heure exacte il est ? Je
précise, mais vous le savez, bien sûr, que je vous demande :
les heures, les minutes mais aussi les secondes !

Attention, top !

Le candidat sourit. Il avait l'air très à l'aise. D'une
voix claire que semblaient souligner ses yeux devenus
rieurs, il déclara :
- Cher monsieur, au moment même du "top". que vous m'avez
indiqué, il était seize heures vingt-trois minutes et
quatorze secondes.

L'organisateur regarda un tableau sur lequel venait d'être
inscrite la réponse exacte par l'une de ses assistantes,
une superbe citadine vêtue d'une combinaison dorée.
- Exacte ! Il a trouvé la bonne réponse ! Nous avons affaire
à un candidat exceptionnel ! Applaudissez-le, chers amis
spectateurs !


Au lieu de l'encourager, nous ne pouvions qu'exprimer notre
déception à la vue de ce succès si facile. Les injures, les
quolibets et les regards assassins tinrent lieu d'applaudissements.
Généralement, ceux se trompaient perdaient immédiatement
un demi-crédit de vie. On les voyait vieillir d'un
seul coup, en quelques secondes. Ils se ridaient, ils se
voûtaient, perdaient parfois leur équilibre. On voyait leur
cheveux virer au blanc et leurs yeux perdre un peu de leur
lumière. Certains, dont les crédits de vie étaient épuisés,
venaient à mourir devant nous. L'apothéose du jeu ! Qui n'a
jamais vu ce spectacle ne peut pas comprendre notre déception de ce moment-là.
Cet Antoine n'avait pas regardé sa montre. Il n'en portait pas comme la plupart de ces gens de la montagne. Ils ont, aussi surprenant que cela puisse
paraître, un sens inné du temps. C'est d'ailleurs la seule
qualité que l'on accepte de leur reconnaître. La société
emploie couramment quelques uns de ces hommes de montagne
pour contrôler les nombreuses pendules qui régissent les
cycles de la ville. Mais même avec une montre bien réglée,
cette question, la plus facile, apparemment la plus idiote,
l'heure, ne laissait passer qu'un candidat sur dix. Cet
homme-là était un phénomène. Nous le sentions. Il n'avait
fait aucun effort pour donner sa réponse. L'un de mes
voisins me glissa à l'oreille que l'on allait avoir du vrai
spectacle : il chuterait sûrement à la prochaine question.
Plus dure serait la chute !

L'organisateur reprit son air distant vis-à-vis du candidat.
Il devait avoir un peu de gêne à interroger ainsi, devant
une telle assemblée, un être de cette race inférieure. Il se
préparait à lui poser la question suivante, celle qui
transformait en poussière la plupart de ceux qui avaient
franchi le premier barrage. Il devait lui demander son âge,
exprimé en crédits de vie, avec trois décimales. Personne ne
connaît son âge véritable. Seul le hasard et le Pouvoir
Central connaissent l'âge de tous les hommes. Le Pouvoir
Central est en possession d'appareils très perfectionnés qui
peuvent indiquer l'âge de toute chose avec quatre décimales.
Au-delà, les imprécisions de mesure sont telles que de
nombreux centres de recherche ont renoncé à donner autre
chose que des encadrements. On ne saura donc jamais si l'on
est âgé de 3,21438 ou 3,21439 crédits. Les savants conviennent
alors d'arrondir à 3,2140. Mais ce chiffre ne nous est
jamais communiqué. Cela prendrait trop de temps. Nous sommes
informé de notre âge périodiquement, lorsque cela est
nécessaire. De même, la date de notre disparition physique
de la société est programmée aléatoirement entre 3,500 et
4,000 crédits, dès le jour de notre apparition. C'est une
mesure de salubrité publique, approuvée par tout le monde.
L'organisateur, après avoir ménagé son effet, nous prit à
témoins d'un clin d'oeil complice :
- Maintenant que vous avez passé le plus difficile - je
plaisante, bien sûr - pouvez-vous m'indiquer exactement
votre âge, avec trois décimales toujours ?

S'il se trompait, il allait vieillir immédiatement d'un
crédit. L'appareillage prévu pour cela était, depuis le
début du jeu, braqué sur lui. Nous attendions la réponse
fausse suivie immanquablement, sur ordre du grand organisateur, du faisceau de lumière rouge qui enveloppait les perdants pendant qu'ils vieillissaient lentement. Antoine avait l'air encore jeune. Peut-être ne mourrait-il pas immédiatement ? Il pourrait alors répondre à la question suivante et un second vieillissement, celui-là définitif,
accompagnerait sa deuxième réponse fausse. Nous le verrions
alors s'assécher, se racornir puis se décomposer en quelques
minutes. Un spectacle qui me fascinait. Il pouvait aussi
décider de renoncer au jeu et repartir, sous les quolibets
la foule, terminer son existence à réfléchir à tout ce qu'il
aurait pu faire pendant ce crédit envolé en fumée.

Antoine de Sparte sourit à nouveau et prit son temps pour
annoncer :
- j'ai très exactement, et bien plus précisément que vous ne
pourrez le mesurer, 2,85431 crédits. La réponse est donc,
avec trois décimales, 2,854.

L'organisateur, étonné de cette précision consulta le tableau :

AGE du CANDIDAT = environ 2,854

Le candidat avait, à nouveau, vu juste. C'était extrêmement
rare. Un sur mille peut-être avait la chance de trouver le
bon chiffre. Par hasard. C'est, en général, ce qu'il
avouaient alors, dans leur bonheur d'avoir déjà gagné leur
âge en vie supplémentaire. L'organisateur demanda alors à
Antoine de Sparte comment il avait fait pour deviner si bien
son âge. Antoine répondit
- je suis un homme des montagnes, vous le savez. Contrairement à ceux des villes, nous ne portons pas de montre.
Cela ne veut pas dire que nous ne nous intéressons pas au
Temps. Au contraire. Il est pour nous aussi naturel que le
chant des éperviers des neiges. Dans vos villes, vous n'avez
ni Soleil ni Lune, ni saison, ni rythme naturel. Vous en
oubliez le rythme de votre corps, et donc son âge...

Un hurlement général qui partait du fond de la salle vint
s'abattre sur la scène. Un homme des montagnes qui voulait
nous faire la leçon ! Alors que le hasard lui avait fait
trouvé ce que seul le Pouvoir Central connaît ! Certains de
mes voisins jetèrent ce qu'ils avaient sous la main. Je
regrettai amèrement de n'avoir pas prévu de projectile.
L'organisateur se cacha rapidement derrière un panneau prévu
à cet effet pour attendre que cette averse de colère passe.
Le temps était venu de la troisième et dernière question,
celle à laquelle ce monstre de fierté devait succomber. La
question que la plupart des refusaient, craignant de
reperdre ce qu'ils venaient de gagner. Le candidat devait
dire la date exacte de sa mort, à nouveau avec trois
décimales. Cette date est programmée pour tous mais personne
ne peut la dire. Et c'est très bien ainsi. Comme il serait
absurde que chacun connaisse la date de sa mort ! Si le
candidat trouve le bon chiffre, il gagne dix crédits de vie.
Tous les deux crédits, il a droit à une cure de rajeunissement.
S'il se trompe, il perd tout, sa vie y compris...

L'organisateur, une fois certain qu'il n'y avait plus de
risque à remonter sur la scène demanda d'un ton théâtral :
- Voulez-vous poursuivre, Monsieur de Sparte ?

Dans notre frénésie, nous allions tous l'encourager à
poursuivre, mais il nous prit de vitesse :
- Oui, évidemment, je suis venu pour ça, Monsieur
l'organisateur. Je suis venu pour détruire ce jeu stupide,
pour montrer à tous ces gens de la ville et à vous-même
qu'il vous manque quelque chose pour être des hommes
véritables. Il vous manque la distance, cette distance qui
fait voir les choses d'un autre oeil et résoudre les énigmes
absurdes que vous posez, sans le moindre effort ou la
moindre peur.

C'était la deuxième fois qu'il nous faisait un sermon ! Nous
commencions tous à être profondément choqués par les
manières de ce montagnard. Nous n'attendions plus qu'une
chose, qu'il soit puni, et vite ! Nous repartîmes tous d'un
rythme :
- La question ! La question ! La question ! L'organisateur,
blessé lui aussi, quittant son ton habituel de circonstance,
mêlant cette fois colère et désir de vengeance pour cette
série d'affronts, dit rapidement :
- Eh bien, Monsieur Antoine de Sparte, vous qui êtes si
fort puisque vous venez des montagnes, indiquez-moi donc,
avec trois décimales, l'âge que vous aurez à votre mort !

Antoine de Sparte éclata de rire.
- Eh bien, Monsieur le merveilleux organisateur, et vous,
public stupide aux yeux fermés, je vais sûrement vous
surprendre, mais je connais la réponse. Je vais mourir à
l'âge 2,854 ! Ma réponse est donc à nouveau 2,854.

Nous étions tous bouche bée. Comment pouvait-il en être
aussi sûr ? L'organisateur était encore plus surpris que nous.

- Mais Monsieur de Sparte, voulez-vous dire que vous allez
mourir aujourd'hui ? Nous retenions notre souffle. Antoine
de Sparte se mit à rire à nouveau :
- Oui, c'est bien ce que je veux dire, mais cela signifie
bien plus. Essayez un peu de réfléchir, ânes de citadins
que vous êtes. J'ai répondu "2,854". Si j'ai tort, je dois
mourir. Or, dans ce cas, je mourrai bien à l'âge de 2,854
crédits ! Vous me devez donc dix crédits, ainsi qu'à tous
ceux qui voudront jouer après moi, sachant qu'il ne peuvent
plus perdre à votre jeu inhumain. Venez jouer, mes petits,
venez sur la scène avec moi ! Venez gagner des crédits, ce
jeu est ridiculement facile !

Je ne sais comment je me suis retrouvé, avec beaucoup de mes
voisins, emporté par le mouvement de masse qui faisait se
vider la salle au profit de la scène. Nous avions tous
compris le raisonnement d'Antoine de Sparte. Nous voulions
tous vivre plus longtemps, maintenant que c'était si facile.
Nous voulions tous jouer. Nous étions déchaînés. Rapidement,
l'organisateur fut débordé et malencontreusement piétiné par
la foule en liesse. Le matériel de vieillissement fut
renversé lui aussi. Dans notre précipitation, nous avions
perdu Antoine de Sparte de vue. Il avait disparu. Nous le
cherchions tous. Il avait pris le chemin contraire du nôtre.

Il était seul, en haut des gradins, et nous regardait en
riant. Il demanda du silence. Nous l'écoutâmes religieusement.
Alors, d'une voix qui résonne encore dans mes oreilles, il nous cria :
- Avez-vous réellement compris mon raisonnement, mes amis ?
D'une seule voix, nous répondîmes :
- Oui, vive Antoine de Sparte ! Nous allons tous gagner dix
crédits !
Il reprit alors, d'une voix claire et glacée :
- Eh bien non, vous n'avez rien compris ! Si vous vous
imaginez que vous allez gagner en disant que vous allez
mourir le jour du jeu, vous vous trompez ! Ecoutez-moi bien.
Vous vous souvenez que mon âge est 2,854. Puisque j'ai
gagné, on doit me donner dix crédits de vie, n'est-ce pas ?
- Oui ! Il a gagné dix crédits ! Nous aussi, on va gagner !
- Eh bien, réfléchissez ! Si on me les donne, la date de ma
mort ne sera pas 2,854, mais 12,854 ! Je me serai donc
trompé à la troisième question ! Je devrai donc mourir... et
vous aussi ! Si vous jouez à ce jeu, vous ne pouvez que
gagner votre mort !


Tout le monde ne comprit pas immédiatement. Un flottement
secoua la foule. Un de mes voisins lâcha :
- Ce jeu est stupide ! Ce jeu est stupide ! Ce jeu est
stupide !

Nous reprîmes alors tous ce refrain, galvanisés par le
bruit, par cette violence que nous avions si longtemps
contenue, et nous nous mîmes à dévaster consciencieusement
la salle des grands spectacles, sous le regard hilare
d'Antoine de Sparte. Nous n'avions plus notre équilibre
habituel. La logique d'Antoine de Sparte nous avait déréglés.
Nous étions comme des fauves, excités et lâchés par
leur dompteur. Tout ce qui pouvait être brisé fut brisé, les
sièges, les appareils du Pouvoir Central pour mesurer le
temps, le système de vieillissement à lumière rouge, tout.
Ensuite, certains d'entre nous s'en prirent aux autres. Il y
eut de nombreux blessés et de nombreux morts.

C'est ce jour-là que j'ai répondu à l'appel des montagnes
claires, ces montagnes où la glace est si belle et où les
gazelles des neiges mangent dans la main des philosophes.

 

 

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Commentaires :

pseudo : Cécile Césaire-Lanoix

Quel magnifique texte! Une histoire merveilleusement racontée. Une belle leçon d'humilité et de sagesse. Un vrai bonheur!