Publier vos poèmes, nouvelles, histoires, pensées sur Mytexte

Anatomie des sentiments par zadig

Anatomie des sentiments

 

 

La nuit si belle de sa luisance se révélait doucement à mes yeux encore tiède de lueur.Les rues vides d'âmes  se rétrécissaient de complexité, les lanternes éclairants ces longues avenues si pâles de leurs exils montraient la logique de la soirée.Marchant, inconnu au milieu de cette foule d'humains semblable à ces gigantesques marées qui ne laissent que des traces invisibles, je me suis aventuré dans ce café coloré.

De dehors les sons me parvenaient, magnifique musique dont le jazz si subtil me rendit tous de suite heureux. A l'intérieur, des visages de démons et d'ange pervers entrainèrent l'ambiance vers l'infini. J'étai témoin des civilisations de la nuit, différente de celles qui se déplace le jour. Le bar étai rempli de couleur, du rouge se fondait en jaune, repassait par le bleu clair, finissait en mauve. Les attitudes se confondaient ironiquement sous le poids de l'alcool, s'interrogeant parfois, se lamentant souvent. Une table me tapa dans l'œil, celle du fond, celle que personne ne prend, celle qui prochainement brillera de destinée. Assis et perdu  dans mes songes j'y ai retrouvé une certaine quiétude, fumant et consumant ce qui reste pour ne rien laisser.

Je me rappelle très bien l'avoir aperçu, cette fille à travers l'épaisse fumée qui se dissipa sous son visage. Son regard mystérieux m'intimida tous de suite, ses mouvements se dessinèrent dans ma pauvre tête. La musique si belle de sa finesse me montât dans l'âme, mes yeux ne fixèrent plus que cette inconnue dont je ne savais rien, presque indifférent à sa vie, surestimant le hasard. Le temps se ralentit, autour de moi les regards tombèrent, fixant le sol de lassitude. Le spectacle s'offrit uniquement à moi, je pus contempler cette déesse avec mes yeux d'envie, de surréaliste. Ses courbes s'exprimèrent dans l'espace, des images jaillirent de mon inconscient et je me rappelle très bien qu'à ce moment précis je pris mon destin en main et je l'invitai à ma table. Ses mains si fragiles caressaient son visage, voulant effacer sa fatigue et ses problèmes par un battement à peine perceptible. Je lui souris, ma bouche lui dévoila des mots futiles, voulant tellement que mes paroles remplissent la terre entière. Elle qui n'osait me défier m'écoutai passivement, prenant ma main comme objet du désir. Nos mots se rapprochèrent et dans un excès de confiance je rapprochai mes lèvres mouillées de peur sur sa bouche encore tiède de solitude. Je me suis habitué à sa présence, apprivoisant ces regards perdus dans cet espace sans logique où toutes les directions pointent sur le même cœur.

A ce moment et à la limite de l'extase je compris tous sur l'amour, l'envie et les sentiments. Cet acte fut l'introduction de nos débats, finissants rapidement nos verres pour éviter que les secondes meurtrières engloutissent nos pulsions étrangères. Nous sortirent de l'origine de nos regards, volants dans ces ruelles avec des ailes magnifiques qui remplies de force nous emportèrent dans le tourbillon fascinant de la vie.

La porte de son appartement fut difficile à franchir, des doutes incertains l'empêchèrent de se livrer tous de suite. Ces questions existentielles furent magiquement effacées de l'ordinaire, la brillance de nos yeux éclairait à présent cette pièce qui bientôt serai marquée par les variations de mouvements. Timidement elle me proposa un verre, les gorgées me laissèrent indifférent car j'étai déjà ivre, saoul d'humanité et de contemplation. Je déposai alors ce verre et j'entrepris d'explorer sa peau, de parfumer mon nez de son odeur, de m'occuper de ses attentes. Le temps faisant son effet, elle s'ouvrit peu à peu à moi avec une volonté commune, sa langue effleurait à son tour mon visage, scrutant mon corps, fascinant ma curiosité d'adulte.

Là, dans la lumière de cette scène, tous à basculer. Je me suis transformé, ma perception des mouvements s'est amplifiée, je suis devenu bestial, intraitable. L'animal m'a remplacé, mes yeux se sont ouverts sous ce corps, mes mains se sont enivrées. J'ai découvert sous cette passion la raison de toutes guerres, la raison de tous pardons. Je me suis retrouvé sans vie, gisant à côté de cette femme dont je connaissais à présent tous, dont la vue me rappellerai à jamais cet apprivoisement consentant, cette servitude solidaire.

Je me suis endormi avec la certitude de toutes vies, avec l'espoir de tous vivants. La nuit m'a paru longue, je me suis réveillé bouillonnants d'interrogations, des craintes m'ont accablé l'esprit, des visions d'amour m'ont aveuglé. Je me suis alors rappelé que j'étai un homme et que sous ce spectacle éphémères, des liens s'étaient créer.

Je suis retourné bien des fois dans ce lieu, ce café d'espoir mais je n'ai jamais revu cette déesse d'amour. Bien des moments similaires se sont passés depuis, mais je n'ai jamais retrouvé cet apaisement, cette envie d'espérer, cette magnificence extraordinaire.

 

Je vous en prie, si un jour vous apercevez cette lueur, cette fille au regard tempétueux, dites- lui que je vais bien, que mes souvenirs sont toujours là, que je me rappelle encore de chaque secondes passés avec elle. Dites-lui bien que mon cœur la remercie pour ce qu'elle représente, que même aveugle je retournerai dans ce bar, que même mort je sourirai de joie.

 

 Zadig.

"Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite sans le consentement de l'auteur est interdite"

Style : Réflexion | Par zadig | Voir tous ses textes | Visite : 863

Coup de cœur : 11 / Technique : 9

Commentaires :

pseudo : Lulu

C'est magnifique et très bien écrit... Cela dit, si je fais ma méchante... je crois que tu es capable d'éviter de faire des fautes d'orthographe. Ne m'en veux pas, je te dis ça en plaisantant. Merci pour ce beau texte que j'ai eu beaucoup de plaisir à découvrir.

pseudo : monalisa

ZADIG UN TEXTE TRÈS BEAU ET AGRÉABLE A LIRE AVEC AUSSI LA PASSION DE CETTE ANATOMIE SENTIMENTALE.CAPTIVANT CES MOMENTS INTENSES D'UNE RENCONTRE INOUBLIABLE.

pseudo : zadig

Je vous remercie pour vos commentaires...

pseudo : arshesti

Tes mots dégagent une telle force ! C'est tout à fait captivant... ton écriture n'a rien à envier, bravo !