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CAROLINE ! par Gustave

CAROLINE !

 

CAROLINE !

(one man show)

 

 

(D'entrée de jeu et sur le premier paragraphe, parler sans discontinuer afin de monopoliser la parole et obliger le public à instaurer le silence et l'écoute)

Bonjour mesdames et messieurs. Ca va bien ? J'espère que ce que vous avez dans votre assiette vous a convenu. (Inverser bien entendu si nécessaire avec Bonsoir et petit-déjeuner si le repas se déroule le midi) Alors si je vous ai dit bonjour, c'est parce que ce n'est pas moi qui ait écrit le texte. Non. Vous vous doutez bien que si j'avais écrit le texte, à cette heure-là du soir, j'aurais dit bonsoir. Pas bonjour. Enfin ! C'est ridicule quoi !

(Jeter très ostensiblement un regard vers quelques tables prises au hasard) Remarquez que c'est pas parce qu'on est le soir que ça en empêche certains de se vautrer sur la bouffe ! (Jeter un regard malin avec les yeux écarquillés vers quelques tables) Hein !

C'est vrai quoi ! Y'en a qui attendent le soir pour faire des taches sur la cravate ! (Bien faire semblant de montrer des taches sur sa propre cravate, même si on n'en porte pas) Aujourd'hui. Non ! Il y en a qui ont visiblement commencé ce midi. Mais ça, ça me regarde pas. Non. (Changer volontairement de ton et de rythme pour mieux y revenir ensuite) Bon. Arrêtez de regarder la cravate de votre voisin. C'est pas lui ! C'est l'autre à côté. Et puis je ne suis pas là pour foutre la merde. J'ai pas envie de voir les petits pois voler ce soir... (Tourner la tête à 45° et s'étonner) Quoi ? Le chef, dit qu'il n'y a pas de petits pois ce soir... Si c'est ça, je crains le pire !

(Reprendre un rythme normal) Tout à l'heure, j'étais derrière le rideau. Je vous regardais en coin et je me marrais tout seul.

Je ne sais pas si vous savez comment ça se passe derrière le rideau quand on s'apprête à entrer sur scène et qu'on est acteur... ?

Non ! Vous savez pas ? (Casser le rythme et s'étonner tout en paraissant vexé) Comment ? Bon. Ben tant pis ! Non. (Prendre le public à témoin) Attendez, y'en a un dans la salle qui vient de dire « on s'en fout ». Bon ! C'est pas grave. On va passer à autre chose..

(Prendre à nouveau le public à témoin en faisant semblant de cibler plus particulièrement une table) Ah ! Mais c'est comme vous voulez. Faudrait savoir quand même ! Là y'a une dame qui me fait signe que c'est dommage et puis y'a l'autre qui vient de me dire qu'il s'en foutait. Moi, ça m'est égal. (Très affirmatif) Je ne suis pas venu ici pour amuser la galerie. J'ai autre chose à faire. Hein !

(Radouci) Bon. Je vais quand même vous en dire deux mots. Tu vois, quand on est derrière le rideau, d'abord, tu vois pas le public. C'est vrai ! Ils se sont arrangés pour que le rideau soit bien opaque. D'un autre côté, si le rideau était transparent, je vois pas bien l'intérêt que ça aurait.

(Bien faire les gestes et les positions de l'acteur qui est en attente, planté là, comme ça et qui attend nerveusement) Alors t'es là. Déjà que ça te fait chier parce que on t'a dit de venir une plombe en avance... Ton texte, de toutes façons tu le sais ! Enfin normalement tu le sais. Comme ça. Sur le bout des ongles. Ensuite, t'as une gonzesse qui te donne des ordres. Ouais, tu vois, du genre : Gustave. Assis. Bouge pas. Ferme les yeux. Je vais te faire quelque chose de génial. Jamais plus tu feras une tête pareille après.

(Surpris et étonné qu'on ait pu mal interpréter ses propos) Quoi ? Ah, mais je voudrais pas que vous vous trompiez. J'en vois déjà qui ont envie de devenir acteur. Non mon bonhomme ! C'est pas ce que tu crois. Et puis je serais que toi, je rigolerais moins fort. Y'a ta femme à côté qui vient de te lancer un de ces regards que j'aurais pas voulu le prendre en pleine tronche. Finalement, les petits pois, c'est peut-être pas si mal que ça quand on y réfléchit !

(Faire semblant d'être complètement perdu dans son texte) Où j'en étais moi. Il est marrant lui ! Tu crois que c'est facile de reprendre son texte après un truc comme ça ? Ah oui, ça me revient ! Donc, je disais que ton texte... Hein ! y'en a qui voudraient savoir ce que la gonzesse nous fait ? Il est con lui ! Mais non, pas ça. Pas chez nous ! On est sérieux nous. Non, elle nous a maquillés. A cause que la lumière elle nous ferait des gueules d'enterrement sinon. Ca y'est j'ai encore perdu le fil de l'histoire. Attends !

(Tourner la tête à 45° du côté opposé à la première fois tout en faisant semblant de s'adresser à un complice) ) Hé, si tu tournes les pages trop vite, moi je suis plus. (S'adresser à nouveau au public) Là j'ai pas l'air, mais si j'ai un trou de mémoire, y'a un mec là bas qui m'a photocopié mon texte en format A3 avec des grosses lignes. Parce que sinon je vois rien du tout et ça m'emmerde. Donc le mec qui est là-bas, il me fait défiler tout mon texte au fur et à mesure... Tu crois pas ça hein ! Hé ben t'as tord. C'est la vraie véridique vérité. (Faire semblant d'aller vers con complice et s'arrêter pour s'adresser à nouveau au public) Tiens, Alfred, file moi une des pages. Je vais la leur montrer. (N'ayant bien sûr rien dans les mains mais aller ostensiblement vers une personne au hasard) Alors, maintenant, t'es cap de me croire ou pas. (Répondre à une pseudo question d'un spectateur) Ben forcément que tu peux pas le voir Alfred. On l'a caché dans un coin. Non. C'est pas parce qu'il est moche. Mais bon, c'est peut-être pas utile non plus de le montrer de trop. Y'a des jeunes filles sensibles quand même dans la salle !

(Revenir franchement à sa position initiale dans la salle) Alors je reviens à mes moutons. Pour ceux qui ont pas suivi. Je récapitule. T'es là, derrière un rideau. T'es plein de maquillage. Tu as dans la tête un texte que tu as mis six mois à apprendre. Tu sais que dans deux heures, t'as un casse-dale qui t'attend : saucisson sec, calendos, coup de rouge... Et puis là, tout à coup, pour passer le temps, tu jettes discrètement un coup d'œil en pinçant les deux bords du rideau. Comme ça, pour le plaisir, rien que pour te faire un œil de Moscou. T'as d'un seul coup une grande angoisse. Tu te marres plus du tout ! (Imiter le blémissement, l'angoisse, la peur) On démarre dans moins de quinze minutes et la salle n'est même pas pleine à moitié. Psychologiquement, c'est mieux de se dire qu'elle est pleine à moitié plutôt que vide à moitié. Ca a pas l'air, mais ça fait pas le même effet.

C'est insupportable. Mais y'a pas. Faut que tu y retournes. (Imiter les mouvements d'un personnage qui a du mal à se retenir) C'est la sixième fois que tu pars pisser dehors depuis 45 minutes. Faut quand même que tu y retournes ! Ouais, sur scène ça ferait pas terrible ! Tu reviens. Tout à coup, tu entends un grand cri. C'est l'actrice principale, celle qui a le plus grand rôle qui fait les cent pas. Elle baragouine quelque chose que tu ne comprends pas. Mais que dit-elle ? Elle n'arrête pas de répéter :  « J'ai perdu mon texte. Je ne sais plus où il est ». Elle vient te voir au bord des larmes et te demande « Comment ça commence ? Je ne sais plus rien. Je ne me rappelle plus de mon texte » ! (A la décontracte) Tu fais semblant de te marrer et tu lui réponds « Mais j'en sais rien moi. Moi non plus je ne sais pas comment ça commence ! »

(Grands yeux écarquillés et raidissement du corps) Alors là tu viens à peine de prononcer ces derniers mots que tu t'aperçois que tu es dans la merde ! Parce que toi aussi, tu es sur scène au début et tu sais même plus comment tu t'appelles. Toi non plus : ton texte tu le sais plus. T'as mis six mois à l'apprendre. Hé ben là, maintenant, tout de suite : tu le sais plus. T'as tes 227 répliques que tu savais par cœur qui viennent de se faire la malle.

(Changer complètement et subitement de rythme) Ah ouais, faut que je termine d'abord ce que je disais tout au début. Oui, rappelez-vous, quand je suis entré !... Je vous disais que je me marrais tout seul derrière le rideau en vous regardant manger. (Sec) Tous. Y'a pas d'exception ! (Imiter le geste du mangeur délicat) Je vous ai tous vu porter votre fourchette délicatement à votre bouche. C'est là d'ailleurs que j'ai vu ceux qui étaient propres et les autres ! Bon. Faut pas trois plombes non plus pour essayer d'envoyer un bout de salade récalcitrant de l'assiette vers la bouche. Mais parfois, c'est vrai que c'est presque un coup de poker. Y'a des fois tu te dis que si t'avais un ticket Millionnaire dans la poche...Parce que la salade, elle, elle arrive tant bien que mal. C'est la sauce qui fait toujours l'andouille. Elle est con aussi la sauce. Personne ne lui a demandé de jouer au trampoline avec la feuille de salade ou de faire du saut à la perche à l'aide de ta fourchette. C'est vrai quoi, elle prend la cravate du mec pour un matelas de réception...

(Impliquer très nettement le public) Mais j'ai vu aussi une dame. Je ne dénoncerai personne. A un moment, je sais pas ce qui s'est passé, mais ça a fait tout drôle. Il devait y avoir comme un bout de pain ou je sais pas quoi. J'ai pas eu le temps de voir. Il ne devait pas se plaire dans la bouche de la dame. Il s'est jeté par la fenêtre et s'est suicidé dans l'assiette du monsieur. Remarque, il est sympa. il a fait ça discrètement et l'autre n'y a vu que du bleu. (S'étonner soi-même d'un jeu de mot pas franchement réussi) Tiens, à propos de bleu : c'était peut-être du fromage d'ailleurs ? Peu importe. (Viser une personne au hasard dans la salle) Mais ne rougissez pas madame. C'est pas parce que je regarde dans cette direction que je vous accuse. Non. D'ailleurs, je vous avais repérée, mais c'était pour une autre chose. Maintenant que tout le monde s'est retourné, je suis obligé de fermer ma gueule. J'ai pas envie de prendre l'assiette de petits pois en pleine tronche. (Tourner la tête vers les cuisines) Quoi ? Qu'est-ce qu'il dit le chef cuistot ? Ah oui, c'est vrai. Y'a pas de petits pois ce soir !

(Faire semblant de se reconcentrer) Bon. Là je me suis encore évaporé dans des discours interminables. Je me rends bien compte que vous avez autre chose à faire. D'ailleurs, je vous recommande de ne pas rire trop fort, sinon vous risquez de réveiller le monsieur du fond qui commence à piquer du nez. Ca fait un moment que je le surveille discrètement tout en vous parlant. Je voudrais voir sa réaction quand il va plonger dans son assiette.

(Se moquer tout en prenant le public à témoin) Laissons-le. On va y revenir dans quelques minutes si je vois que ça se précise.

Revenons à nos moutons. Le rideau va s'ouvrir. Tu ne sais plus du tout ton texte. Tu es derrière le rideau. Tu t'apprêtes à parler au public pour lui avouer (Prononcer solennellement cette phrase) « Je m'excuse, vous vous êtes déplacés pour rien : je ne sais plus mon texte, il va falloir annuler ». (Mouvement brusque de ressaisissement du corps) Soudain, le bâton retentit neuf coups brefs puis trois coups courts et espacés. Tu te concentres très fort. (Mettre du mystère et de l'histoire dans l'énoncé qui suit pour passionner le public) Tu es prêt avec un grand courage à affronter droit dans les yeux ce public à qui tu vas annoncer l'horreur. Dans un grand fracas, le rideau s'ouvre. Ils sont tous dans le noir et toi dans la lumière. A ce moment très précis il se produit un miracle fabuleux : tu entends des applaudissements. C'est un énorme déclic. Ton sourire monte aux lèvres. Ta tête qui vient d'être violemment secouée par ces applaudissements subitement retrouve la mémoire.

Et puis, tu crois qu'il vient de s'écouler cinq minutes. En réalité, la pièce vient de se terminer et elle a duré une heure trente. Tu n'as rien vu. Tu étais bien dans ta peau. C'est ça le miracle du théâtre même quand il est amateur. (A dire hautement, distinctement et noblement) On ne fait pas du théâtre : on le vit.

(Cassé rapidement et volontairement le rythme pour ressaisir le public) Qui a roté très fort ? Excusez-moi de ce mot un peu vulgaire ! Mais tout de même, c'est moins malpoli que ........................................ ???????????????????!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!

 

VOUS AVEZ AIME LE DEBUT ?

 

VOUS SOUHAITERIEZ CONNAITRE LA FIN DE CETTE PIECE ?

 

JE VOUS PROPOSE DE VOUS L'ENVOYER PAR MAIL...

 

Il vous manque unepartie de texte car la fin se trouve un peu plus loin

 

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c.gustave@wanadoo.fr

et je me ferais un plaisir de vous envoyer la fin tout aussi gratuitement

merci de votre compréhension car c'est seulement comme ça

que je peux avoir un meilleur suivi des pièces qui sont montées 

Gustave

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