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Papillons par Mancini Armelle

Papillons

Le ciel était limpide. D'une poignante couleur azur, abyssale et immaculée. Si cette intensité était annonciatrice de quelque chose de particulier, sur le moment, je n'y ai pas fait attention. Et pourtant, elle a noyé ma mémoire, un peu comme tous les jours passés en sa compagnie. Nos pas sonnaient un même rythme, une légère nonchalance, entre deux regards, deux sourires, tendres ou complices. Le simple bonheur d'être deux.
Le chemin semblait long et interminable, mais les secondes défilaient. Sous nos pieds s'étendaient le bitume et une pente douce menant à un bord de Seine, perdu parmi tant d'autres. Ils se ressemblaient tous, jusqu'au jour où chacun d'eux abriterait un souvenir intime bien spécifique. Nos mains se balançaient, impatientes de ce qui pourrait, ou non, se dérouler; mes yeux faisaient des allers retours entre son profil - dont les boucles doraient au soleil, dont les yeux étaint émeraudes, dont le sourire était insousciant - et le sol. Je ne regardais pas l'horizon, ne voulant m'admettre à moi-même que je ne savais pas de quoi l'avenir serait fait. Arrivés au bon endroit, le pensais-je à cet instant, nous découvrîmes un coin calme, qu'aucun être ne semblait en mesure de déranger. L'eau bougeait à peine, le silence n'était troublé que par une nature qui reprenait ses droits : un bruissement de feuilles par ci par là ou un sifflement d'oiseau. Malgré le soleil éclatant, le fond de l'air restait frais, ainsi n'étais-je pas heureuse de pouvoir me serrer contre lui, quand les éléments se retournaient contre nous. Peu importe si tout cela était un prétexte, je savais, j'en étais persuadée, qu'il m'aurait accepté les yeux fermés, pour la plus stupide des raisons s'il fallait, même si les aveux à demi-mots que l'on s'était fait, suffisaient. Lorsqu'on ne parlait pas de tout ou de rien, nos corps se fondaient presque ensemble, cherchant le meilleur moyen pour pouvoir être peau contre peau, pouvoir sentir le sang pulser et la chaleur émaner du corps de l'autre. Nos muscles saillaient sous notre peau, notre coeur s'accélérait sûrement, mais tous deux faisions tout pour que nos respirations restent maîtrisées. Ces unions suggestives montraient à quel point notre besoin de découvrir l'autre était grand, nous étions des enfants, des adolescents, des adultes, tout à la fois. Jouant sur un terrain de jeux, marchant sur des oeufs, à l'abris des regards. Plus rien ne laissait place aux doutes; une exploration de nous-même, aussi bien de l'âme que du corps. Nos envies grimpaient en nous, guidées par une force inconnue, qu'on appelerait probablement amour. Aimer. Comme aimer sentir ses joues légèrement râpeuses sous mes doigts, comme aimer son odeur capiteuse, comme aimer écouter son coeur battre à mon oreille. Les alentours n'étaient plus. Si bien que quand j'ouvris les yeux, ils furent aveuglés par la lumière et mon cerveau martelé d'une seule pensée : retour sur Terre. Cet ordre indiscipliné est beaucoup trop facile à exprimer, et pas assez à appliquer. Je me perdai, je me noyai, dans des méandres méconnus, longtemps ignorés par moi-même. Pourtant, ce n'était pas une noyade comme n'importe qui l'entendrait. Nous manquions d'air pour ne dire que des mots inutiles; les seuls sons, qui, par hasard, par rareté, sortaient à présent de nos bouches, n'étaient que le reflet de nos pensées dépourvues de sens. Paradoxalement, ces -presque- mélodies signifiaient au-delà de ce que la tendresse et la passion réunies pouvaient demander.
Le temps nous courrait après, autant que nous courrions après lui pour en avoir davantage. Nos escapades insouciantes se terminaient souvent de façons brèves et impromptues, un bouton de chemise refermé sans soin, les cheveux décoiffés et les lèvres rosées. Nous nous quittions sur le pas de la porte espérant que le lendemain soit identique en tout point, ou de peu différent, car ces instants étaient précieux. Pour le calme qu'ils nous apportaient, le plaisir de n'être plus soi-même mais un couple d'amoureux à part entière, une sorte de vie avec l'autre, et l'échange langoureux de nos âmes.

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Style : autre | Par Mancini Armelle | Voir tous ses textes | Visite : 955

Coup de cœur : 16 / Technique : 14

Commentaires :

pseudo : Appolline Mars

Vraiment très beau... Une jolie écriture qui m'emporte loin. Le début d'une nouvelle? Pourquoi pas! J'attends la suite avec impatience. Grand CDC

pseudo : Mignardise 974

Immense CDC ... J'aime beaucoup, cela fait rêver ... =D

pseudo : damona morrigan

De très belles images et de l'émotion à gogo ! Oui pour une suite, je l'attends avec impatience CDC

pseudo : lutece

J'ai aimé la douceur et la candeur de tes mots!