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du coeur à la rue.(part4 coté Manu) par hanna

du coeur à la rue.(part4 coté Manu)

 Vingt-deux heures trente-deux, on sonna à la porte. Manu se lava rapidement les mains et enleva son tablier, avant d’ouvrir la porte à son invitée.

-Bonsoir princesse. J’ai préparé ton repas préféré. Enfin, j’crois. Entre. Sa maladresse était d’une intensité énorme que Chloé devina l’anxiété qui se cacha derrière son comportement. Elle entra et ne put s’empêcher d’être toujours aussi fascinée par le décor de l’appartement. Les murs couverts de dessins. Vulgaires. Impressionnants. Passionnants. Elle reconnut vite que son plus grand amour c’étaient les femmes. Leurs corps à vrai dire. –Ouais… commença-t-il gêné. « Les formes féminines sont plus souples à dessiner. Plus dominantes. » L’atmosphère était manipulée par les bougies et les lumières colorés. Sur la table basse du salon, il y avait les couverts noblement posés. –On mange par terre ? Elle ria chaleureusement. –Ben écoute, les chinois aussi ils mangent par terre et ils survivent chaque diner. Manu s’éclipsa dans la cuisine. –Bière ? Toujours enchainée par son admiration envers cet univers d’un petit nombre mètres carrés, elle répondit juste quelques secondes après. –Euh. Ouais, s’il te plait. Une bouteille s’accosta à la main de Chloé. –Assis-toi. J’vais chercher le manger.

-Hmmm, des nouilles. Je t’adore mon grand. Manu sourit satisfait et fière de son plat.

Le silence était déchirant et Chloé décida l’éclater pour de bon.

-C’est quoi la suite de l’histoire ? demanda-t-elle, enroulant les nouilles autour de sa fourchette. « Je sais que c’est un sujet assez délicat, mais je me sens déjà frustrée d’apprendre tout ceci que maintenant. Donc, je t’écoute Manu »

Manu baissa le regard et fixa sa bouteille de bière. – Où me suis-je arrêté se matin ?

-Elle suçait un papi. Dit-elle, bouche pleine.

-Chloé ! Soit moins directe je t’en supplie. J’vais chercher des bières…

-Euh, non, tu vas poser tes fesses sur le coussin et me raconter le reste.

Il soupira vexé par son attitude.

-Après avoir vu ce qu’elle fessait, je suis retourné dans ma voiture et je me suis juré de la rayer de mes pensées. Malgré les incomptables questions que je me posais. J’suis allé aider mon père au bar. Les images que j’avais dans ma tête étaient trop nettes pour que je les oublient. Là, c’était plus clair que jamais. Je soupçonnais ses activités nocturnes. Donc en rentrant du bar, j’suis passé par la rue où je l’avais rencontré, pour confirmer mes suspections. Et oui. Elle était là et flirtait avec un homme. Ça m’a déçu. Car comment peut-on mener une vie amoureuse avec une… avec une… Manu lâcha sa fourchette et passa sa main sur son front. « Avec une prostituée. Tu vois c’que je veux dire ? Ça me ronge à l’intérieur. Je la veux que pour moi. C’est devenu une obsession. Tous les soirs en rentrant du bar, je passe par sa rue pour voir si elle est là. Et putain, qu’est-ce que c’est bon quand elle me regarde. Mais quand elle n’est pas là, une bombe atomique explose en moi. J’ai envie de la sauver de cette misère. Mais comment ? Le problème est justement que je sais où elle se rend avec ses clients ! Et comme un con, comme un imbécile, comme un perdu, comme un… comme un taré je passe par cet endroit. Pour une fois de plus me tuer. Une fois de plus enfoncer une épée en plein cœur. J’en ai marre Chloé. J’en ai marre. Mais je ne peux plus me passer d’elle. Quand je dois me séparer d’elle, j’ai comme l’impression que l’air m’échappe. Mon esprit se cogne partout quand je la vois pas. Pire. Quand je la vois avec les autres. Des cauchemars me suivent. Me pique le sommeil. Je ne sais rien sur elle. Rien. Juste son nom et sa fac. Mais j’ai comme l’impression de la connaitre depuis des années, quand je suis avec elle. J’ai envie de lui montrer la beauté de ce monde qu’elle ignore. J’aimerais lui faire comprendre, qu’aucun argent, aucun montant ne pourra payer la beauté de son corps. Manu se tut. Respira profondément. « Excuse moi, j’vais chercher des bières. » Chloé l’attendit avec angoisse.

Il mit une Corona face à son assiette. « Désolé, je n’ai plus de citron. Si tu veux j’en aussi … »

-Pourquoi ?

Confus, il la regarda dans les yeux. Ne comprenant pas pourquoi elle monta le ton.

-Ben… Parce que j’ai oublié d’acheter des citrons. Dit-il confus, j’avais cru en avoir enco…

-Non ! Pourquoi une fille comme elle ? Pourquoi elle ? Pourquoi Manu ?

Son ton de voix monta chaque fois plus et elle gesticulais plus qu’elle parlait.

-Éh tu vas vite te calmer mademoiselle ! Je ne sais pas ! Ce sont des choses qui arrivent. Tu m’en veux maintenant parce que je suis tombé amoureux d’une fille qui vend son corps pour gagner de l’argent ? C’est un peu pathétique ce que tu me fais là.

-Non, le seul pathétique ici c’est toi ! Elle se fout de toi Manu ! Elle se fout complètement de toi. Car si elle ressentirait la même chose que toi, à ton égard, elle ne ferait pas ce qu’elle fait ! Baiser, sucer, se prendre des queues dans le cul par d’autres vieillards qui doivent se doper de Viagra avant de la voir. Mais oui Manu, bravo. Chloé se mit à applaudir et a rire niaisement. « Bravo mon grand. Tu es tellement bien tombé que ça fait pitié ! Tu me fais pitié ! Je t’ai toujours vu comme un modèle. Tu es canon. Tu as un bon boulot. Tu es créatif. Tu es l’homme que toutes les femmes désirent et tu tombes sur une garce ? Sur une pute ? Une pute dans tous les sens du terme ! » D’un geste rapide, il prit ses bras entre ses mains. –Tu vas te calmer Chloé ! Et ça tout de suite. Leurs regards disputèrent silencieusement. Elle fut la première à abandonner. –C’est bon. Lâche-moi. Mais je ne supporte pas te voir ainsi. J’ai comme un pincement au cœur quand je te sens mal. Et à t’entendre parler, elle est un ange qui est tombée du ciel, droit dans le creux de tes bras. T’sais que ces femmes vivent pour ça. Elle ne va pas abandonner ses clients et son travail juste parce qu’un homme est tombée amoureux d’elle. Tu devrais savoir ça. Elle ne doit sûrement pas te calculer. Ou peut être que oui, parce que tu es différent, mais rien de plus. Au bout de deux heures elle a sa tune et c’est tout ce qu’elle veut. Tu comprends ? » Ses doigts effleurèrent la main de Manu. –Oui je comprends… Il souleva les deux assiettes et se leva. « Mais ce n’est pas pour autant que j’vais abandonner. » Les doigts de la jeune fille passèrent entre ses boucles et elle soupira fortement. –J’vais rentrer. J’dois me lever tôt demain. De la cuisine un faible ‘j’te ramène’ sonna. Chloé ne protesta pas et attendit qu’il enfile sa veste en cuir.

Dans la voiture personne n’osa dire un mot. En journées de joie, le trajet semble court. Mais cette nuit là, il était long. Trop long.

-Merci. C’est gentil de m’avoir ramené. Et merci pour le diner, c’était délicieux.

-Je t’en prie. Ce fut un plaisir.

-Ouais…

-Oui…

-Et tu vas où maintenant ?

-J’ne sais pas encore.

-Tu vas la voir ?

-…

-Bon bah… Bonne nuit.

-Oui Chloé, bonne nuit.

Il descendit la fenêtre, prit une cigarette d’son paquet, l’alluma. Mit le contact et choisit la musique ‘Zombie’ de Cranberries comme remède d’apaisement. Avec une seul chose en tête. La voir. La revoir.

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