Je voyais le liquide d’une couleur de nectar divin se troubler comme il le serait par le ricochet d’un galet plat qu’on lance avec une contemplation digne d’un sempiternel enfant. La rivière libère ses humeurs, ses torrents tempétueux qui se déversent dans la mer accueillante, ses êtres dansant entre rochers et végétaux, ses flux dans leur ballet incessant, …

Je me voyais là sur cette rive où le ciel se reflétait à la surface de l’eau clairvoyante, surplombant la ville peuplée de sombres peupliers morts.

Je me voyais devant ce balcon, les cheveux au vent, les eaux chaleureuses qui m’appelaient, envoûtantes.

J'apprécie cette infusion claire qui échauffe mes sens. J’hume l’arôme sucrée, exotique (enfin pas vraiment exotique pour moi). Je goûte au contact brûlant de ce filet d’eau à la teinte de jaunisse. Comme un bien précieux, je l’avale précautionneusement, l’œil percé par la lumière éclatante que l’indécence du fluide réverbère.

C’est là qu’elle m’apparait, translucide illusion, l’image de cette beauté étiolée, de ces yeux creusés par la force du temps et de cette peau traversée par de longs sillons, de cette vieillesse de l’âme.

Mignardise