On est l'17 aout 2010 et je me décide à t'écrire,

ça va faire bientôt 15ans, on va dire que j'ai grandi.

J'ai tellement d'choses à te dire,

mais je sais pas si c'est le pire ou le meilleur que j'aimerai te faire parvenir.

Au fait, c'est ton ptit fils, tu sais Alexis,

toi t'es restée en France y a 15ans quand on est parti.

J'me demande ou tu es et qui tu es devenue,

je t'ai attendu si longtemps mais t'es jamais venue.

Pourquoi ? deja ça je ne sais pas,

parfois y a des questions auxquelles on ne répond pas.

Mamie, pourquoi ce surnom sonne faux ?

Pourquoi t'étais pas la ? Et pourquoi le téléphone sonne peu ?

Tu te souviens de moi ? Ptit bronzé à la peau d'or,

tu sais maintenant j'suis blanc car en France le soleil dort.

Parce que j'ai mal c'est vrai,

va pas croire que j'ai été mal sevré, au contraire mais j'crois que y a pas de secrets.

Si seulement t'étais là,

si seulement j't'en voulais pas,

ça serai comment si t'étais là,

parfois y a des questions auxquelles on ne répond pas.

T'étais où pour mes dents de lait ?

Sur cette grande lettre y a des « t'étais ou » car t'étais loin mamie ?

T'as pas vu grandir ton ptit fils, t'as même pas su lui dire « je t'aime »,

quand on est parti, toi t'as rien fait pour qu'on revienne.

Alors moi j'fais comme si t' existais pas,

car tu fais partie de ces gens qui souvent n'insistent pas.

Y a toujours un vide dans nos vies,

toi t'es un bide dans la mienne et dans mes lignes, t'es loin d'être un mythe.

J'aurai eu besoin de ton soutient, t'as pas appelé...

tu t'en souviens, non, moi oui car t'as jamais appelé.

Y a pas d'grand mère y manque quelqu'un, et y a pas d'paix,

parce que t'y comprends rien et que tu dois faire avec trois ptits points.

Je sais que y a des gens qui vivent la même chose que moi,

je sais que y en a qui savent ce que s'est que de vivre dans le noir.

J'étais toi, j'étais elle et j'étais moi,

et à moi seul, et bah j'étais nous trois.

Si seulement t'étais là,

si seulement j't'en voulais pas,

ça serai comment si t'étais là,

parfois y a des questions auxquelles on ne répond pas.

J'aurais encore pleins de choses à dire mais je sais pas comment l'écrire

j'te verrai peut être le jour, le jour où tu vas partir.

Tu as laissé ta fille seule, élever ses deux enfants,

tu représentes rien, pour moi t'es juste une grand mère absente.

Jamais une carte à Noël, pour mon anniversaire,

sur la plage de mon cœur, toi tu n'es rien que le désert.

Putain c'est dur à dire, mais j'ai sûrement raison,

au fait t'as une ptite fille, tu sais, elle s'appelle Manon.

Elle non plus tu l'as pas vu grandir,

tu l'as pas vu murir, cette petite rose qui ne demande qu'à s'ouvrir.

Plus le temps passe, plus ça me fait souffrir,

car tu n'est qu'un prénom, qu'un surnom qu'on n'pourra jamais dire.

Et quand je pense à ma mère qu'a grandi sans repère,

une enfance difficile marquée par l'absence d'un père.

Je ne demande qu'à te connaître mais cette lettre n'est que foutaise,

mes espoirs se transforment en braise.