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Renaissance par KevinT

Renaissance

Ma vie n’a pas été très intéressante, pour tout dire je ne sais même pas si elle a eu un jour un quelconque intérêt. En fait, le seul jour où je me suis senti vivre… était le jour de ma mort.

Aussi loin que je m’en souvienne j’ai toujours eu une vie banale, élève modèle de primaire en secondaire, fonctionnaire de base le reste de ma vie je pense être l’archétype de la banalité. Ma vie était parfaitement réglée, en semaine c’était métro boulot dodo, le samedi sortie avec des amis et le dimanche je me contentais d’errer ça et là chez moi. Ennuyeux n’est-ce pas ?

Pourtant, cette vie me plaisait plutôt bien,  quoi de plus rassurant qu’une vie tranquille, dans le confort des certitudes inébranlables du quotidien ? Après tout, si la vie est une scène comme disait le poète, il faut bien des figurants. Et moi, je vivais ma vie de figurant sans trop me soucier des gens qui occupaient les premiers rôles dans les journaux et dans les écrans.

S’il est une facette de mon existence qui n’avait pas encore été atteinte par la monotonie, c’est bien ma vie sentimentale. Et encore, si les femmes étaient différentes, les relations que j’entretenais avec elles se ressemblaient à s’y méprendre. C’est sans doute la raison pour laquelle celles-ci échouaient chaque fois.

Mais je suppose que vous voulez savoir comment j’ai passé de vie à trépas. Cela s’est passé en semaine, je rentrais chez moi. Comme à l’accoutumée je me préparais une tasse de thé dans la cuisine. La journée s’était passée sans histoire, et comme à l’accoutumée je buvais mon thé dans la cuisine, or je n’étais pas seul et émergeant d’un recoin discret de ma maison une silhouette jaillit vers moi. Dans un premier temps je n’ai pas très bien compris se qui se passait, j’avais vu une ombre, entendu un bruit  puis l’ombre disparut me laissant seul dans ma cuisine.

Maintenant que j’y pense, j’aurais pu m’en sortir si les seuls voisins que j’avais ne s’étaient absentés ce jour là... non, ça ne sert à rien de s’encombrer de si, surtout quand on est mort, mais reprenons le cours de notre histoire. Ce n’est que quelques secondes après quand j’ai tenté de me lever que j’ai senti quelque chose d’étrange dans mon ventre. Vous l’avez compris, on m’avait tiré dessus. Choqué et désemparé par la douleur qui était apparue doucement je m’effondrai sur le carrelage de ma cuisine, dans un ultime effort je me redressai en position assise et m’appuyais contre une armoire, après ça, je me suis évanoui.

Lorsque je rouvris les yeux, j’étais toujours assis sur le carrelage de ma cuisine mais je ne ressentais désormais plus rien, tous mes membres s’étaient engourdis. N’ayant guère autre chose à faire, je me mis à réfléchir, sur ma vie, sur ce que j’en ai fait et au final je suis arrivé à la conclusion qu’il était impossible d’en poser une, comme si cette vie n’avait jamais eu de sens. Au fond, c’était vrai, elle n’en a jamais eu car je ne lui en avais jamais donné. C’est comme ça que ça se passe, une existence ne possède que le sens que l’on veut bien lui prêter, sans quoi on se retrouve à vivre ma vie.

Il aura fallut que j’attende un long moment avant qu’il ne se passe enfin quelque chose, ou plutôt il s’est passé quelque chose à un certain moment. Mort, le temps n’a plus le même effet, quelques secondes vous paraîtront des heures… mais je m’égare. Je disais donc, une chose incroyable se produit, une silhouette était apparue dans la cuisine, celle-ci n’était non pas sombre mais lumineuse au contraire, cette apparition d’abord floue s’éclaircissait au fur et à mesure qu’elle avançait vers moi et il se trouva que ce fut une femme. Une femme magnifique, comme il n’en existe pas sur terre. Ce qui me frappa d’abord chez elle, c’étaient ses yeux, verts, purs et qui me fixaient calmement, presque tendrement. Ses cheveux flamboyant s’accordaient parfaitement avec ses lèvres fines et contrastaient avec son corps pale, presque fragile, uniquement recouvert d’un tissu très fin qui ne le recouvrait qu’à moitié. Je semblais délirer, pourtant elle était si réelle, tellement que je sentais presque mon cœur battre à nouveau. Elle resta quelque instant devant moi, donnant l’impression de flotter légèrement au dessus du sol, et continua de me regarder. Puis, sans rien ôter de sa grâce elle s’agenouilla et se pencha sur mon visage, ses deux émeraudes toujours plongées dans mes yeux, de sa main glacée mais pourtant si chaleureuse elle me caressa la joue, si seulement je pouvais pleurer et lui rendre ses caresses mais mes membres refusaient tout mouvement. J’essayai de parler, de lui dire quelque chose mais elle posa son doigt sur ma bouche pour m’en empêcher. C’est alors qu’elle recouvrit ses deux pierres précieuses derrière ses paupières et qu’elle s’approcha encore un peu plus de moi, ses lèvres effleurèrent les miennes avant de les épouser complètement et après ce premier et ultime baiser, tout disparut.

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