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La boîte bleue par tehel

La boîte bleue

1993

 

Le Président Reaving venait de s'asseoir lourdement dans son LUXURY alvéolé qu'il affectionnait tout particulièrement. Devant lui, gisait l'enveloppe cachetée dont il avait extrait le fax dont ses yeux ne pouvaient se détacher.

- Photoshop? parvint-il à dire sans conviction, connaissant déjà la réponse de son Premier Conseiller.

- Non, hélas, Monsieur le Président. L'authenticité et la provenance de la copie ne font malheureusement aucun doute.

Taylor était nerveux, ce n'était pas là la plus mauvaise nouvelle qu'il avait à annoncer au Président des Etats-Unis, mais il resta muet quelques secondes encore, le temps de contempler une fois encore la photographie faxée.

http://img291.imageshack.us/content_round.php?page=done&l=img291/3551/templier.jpg&via=mupload

Taylor, que Reaving regardait d’un œil inquiet, appuya sur la touche play du recorder.

- Il y a aussi cet enregistrement qui nous est parvenu, il est impératif que vous l'écoutiez Monsieur le Président. L'ensemble de vos conseillers et moi –même, avions jugé peu opportun de vous en informer jusque là

La cassette dans l'appareil se mit à défiler.

- Beep – Record.

*   - D_time minus one 00 –

Alpha 7, de sa voix électronique et monocorde annonçait que la destruction globale de X-Ray 33, était prévue dans 60 minutes.

Les haut-parleurs diffusèrent une voix chevrotante masculine.

"Je m'appelle Eddy Highway, je suis technicien à la base polaire X-Ray 33, située à Umanak au Groenland.  J'enregistre ce message sur le dictaphone, je placerai ensuite la bande dans la boîte noire de l'accélérateur de molécules afin que les secours qui enquêteront sur la destruction de la base, puissent comprendre et intervenir suite aux derniers événements qui ont frappé la station.  Il me reste un peu plus de 59 minutes pour expliquer à la planète entière qu'au cas où, dans les ruines de X-Ray 33, un coffret bleu était découvert, il faudrait l'oublier et ne pas y toucher.  Je ne pense toutefois pas que le coffret résistera à l'explosion nucléaire, car je l'ai isolé au centre du générateur à protons, dans l'atelier d'aciérie, afin qu'il soit prisonnier au cœur-même de la déflagration.  Ces propos peuvent paraître fous, mais ils ne reflètent malheureusement que les tragiques derniers événements qui se sont déroulés ici, depuis jeudi dernier.

L'été passé, Brhouns et Oxfans étaient sur l'île de Disko, ils creusaient les trous prévus pour l'emplacement des charges d'explosifs, lorsque Brhouns stoppa la machine qui venait de percer un corps mou.  Par radio, l'équipe appela le commandant Tracy pour qu'il vienne contempler leur découverte.  La foreuse venait en effet de mettre à jour le squelette géant d'un être vivant qui devait mesurer près de 5 mètres de haut.  Je vous transmets une copie de la photographie du site tirée par Tracy.

Nous avons poursuivi nos recherches sur tout le périmètre jusqu'à l'hiver pour finalement découvrir à quelques mètres à peine de l'incroyable squelette un coffret bleu métallisé de la taille approximative d'une grosse valise de voyage.  Le temps ne l'avait pas altéré.  La découverte fut ramenée au laboratoire, où notre chercheuse l'étudia toute la journée du jeudi 25 mars 1993.  Tracy nous convoqua le soir pour nous exposer ses craintes eu égard à la découverte. En effet, il supputait que cette dernière retarde les travaux de forage et donc l'installation de la future centrale nucléaire, il pensait que le corps devait bien avoir plus de mille ans, et que les scientifiques du continent et la presse mondiale viendraient pour l'examiner et stopperaient du même coup les travaux afin de rechercher la trace d'autres squelettes.

Miss Lindhall exposa le fruit de ses analyses aux 5 membres présents de la base.  Le squelette, examiné au carbone 14, avait vécu approximativement en l'an 1120, c'était, selon ses dires, fort probablement un Templier, qui mesurait 4,85 mètres et devait peser dans les 310 kg, dans sa main droite, il tenait ce qui avait été un parchemin, dont l'auscultation au binoculaire électronique avait pu fournir quelques renseignements à l'ordinateur central qui avait déchiffré des phrases encore lisibles et intelligibles, toutefois, l'étendue des propos cités n’était pas mesurable, ceux-ci disaient: " ... Palestine, dédions à Orphéus, notre valeureux combattant, l'héritage des Ténèbres afin qu'il réussisse la conquête du monde ... écrin de guerre ... détruire les non soumis ..."

"Je vous lis le rapport de Miss Lindhall: "Une expertise du coffret bleu a été sommairement opérée. La texture du métal provient d'un alliage composite d'iridium vieilli et d'un autre métal inconnu de nos bases de données.  Le passage dans la chambre aux rayons X n'a rien dévoilé, aucun système de vision ne permet de préciser le contenu du coffret, si toutefois, il s'agit d'un coffret.  Les dimensions relevées sont: 125 cm de long, 90 de large et 63 de hauteur, le poids est de 85 kg et 600 grammes.  J'ai toutefois relevé la présence de certaines rainures de formes géométriques diverses, au nombre de 23, je pense qu'il s'agit de rainures à tiroirs.  Malgré les divers essais effectués avec les outils de haute précision à ma disposition, je ne suis pas parvenue à ouvrir l'un de ces tiroirs, ce qui est fort regrettable car le contenu de la boîte nous aurait certes apporté plus de précisions quant à notre Templier géant."

"Le commandant Tracy exigea la mise sous scellés du coffret qui devait être livré aux autorités dès leur arrivée, il demanda à Travis, l'opérateur radio de la base, de prévenir le Continent dès le vendredi matin.  Ensuite, nous sommes partis nous coucher.

C'est vers 3h00, le matin que Brhouns est venu me chercher dans ma chambre, Miss Lindhall avait eu un accident.  Lorsque nous sommes entrés dans le labo, où elle avait continué ses recherches sur le coffret malgré les ordres de Tracy, je vis celui-ci penché sur le corps sans vie de Miss Lindhall, elle avait eu la gorge tranchée et baignait dans son sang.  Le coffret avait un de ses tiroirs ouvert, une espèce de grande dague tendue par un ressort était pointée vers les néons éclairant la table de travail, des gouttes du sang de Miss Lindhall y perlaient toujours.  Brhouns voulut ensuite s'emparer du coffret et le jeter dans la presse mécanique, mais Tracy l'en empêcha, il fallait à tout prix conserver cet objet précieux pour en connaître les secrets.  A l'aide du palan, Oxfans installa précautionneusement la boîte sur la table de travail et l'éclaira d'un puissant spot.  Tracy nous fit alors observer le mécanisme ingénieux du tiroir, mécanisme fonctionnant avec des ressorts et des engrenages à pièces coulissantes sur divers clapets, mais nous ne pouvions toutefois pas voir à l'intérieur du coffret.  Oxfans alluma le chalumeau pour démonter le tiroir, mais lorsque la flamme entra en contact avec le métal, le tiroir se referma lentement, dans un petit bruit de rouages mal huilés.

Par réflexe, Oxfans mit la main dans la boîte qui se referma aussitôt en lui écrasant les doigts. Il eut l'index et le majeur sectionnés.  Travis, qui était aussi le médecin attitré de la station, lui procura les soins indiqués.  Le commandant nous pria de sortir du labo et décida que plus personne ne toucherait au coffret jusqu’à l'arrivée des experts, car si cette boîte avait plus de 900 ans, elle était apparemment toujours en état de fonctionner et mettait la vie de ceux qui s'en approchaient, en danger.

Nous sommes alors retournés nous coucher.  Bouleversés par la mort de Miss Lindhall, nous dormîmes très mal cette nuit-là.  Sur X-Ray 33, nous étions six, avec Mingü, le cuisinier, qui était parti depuis 3 jours au ravitaillement au village de Godthäb, à 600 km d'ici."

*   - D_time minus forty five minutes -

"Il faut que j'accélère, il ne me reste que 45 minutes pour vous expliquer comment aujourd'hui je suis le seul survivant de ce qui a été un véritable carnage !

 

Brhouns fut chargé de la garde du coffret, le commandant s'étant tout d'abord assuré que les portes du labo avaient bien été verrouillées.  Il avait pour cela changé le code électronique d'accès.  Il était impératif pour la science de garder le coffret, même si nous étions à des kilomètres de toute civilisation et que dans quelques heures à peine, une équipe allait être dépêchée pour nous relever et emmener le coffret et le fameux squelette géant !

Vers 6h00 du matin, le soleil entra par la lucarne du labo, ses rayons pâles et faibles caressèrent les flancs du coffret, et soudain, un tiroir s'ouvrit sur un ensemble de prismes et de petits miroirs qui s'imbriquèrent en échafaudage, formant une espèce de loupe qui vint amplifier les rayons solaires.  Le faisceau amplifié fut dirigé sur l'armoire vitrée contenant les produits inflammables; les vitres volèrent en éclats, Brhouns émergea d'un sommeil léger et voulut entrer, mais n'y parvint évidement pas, son code étant incorrect, les flacons d'alcool, de térébenthine et les autres matières combustibles explosèrent, déclenchant l'alarme et les springlers.  Travis arriva très vite sur place et il ouvrit les portes.  Ensemble, avec Brhouns, ils stoppèrent l'incendie à l'aide de la lance murale et ils durent constater qu’à nouveau, le coffret était responsable de l’incident.  Les miroirs regagnèrent lentement l'intérieur du coffret.

Travis appela immédiatement le Continent, une fois la liaison établie, il relata explicitement les derniers événements mais il nous fut répondu qu’aucune équipe ne viendrait sur place tant qu'un rapport complet et approfondi ne serait pas établi au sujet de ce maudit coffret.  Le commandant Tracy hésita tout d'abord, puis prit la décision d'effectuer lui-même les tests demandés par les autorités, il désigna Travys en tant que remplaçant au poste de commandement au cas où et m'enrôla pour l'aider dans ses analyses.

Grâce aux bras mécaniques du robot servant aux manipulations des carottes de glace, j'avais placé la boîte dans la chambre à essais, il fallait percer le coffret et pour ce faire, nous avions rempli une éprouvette spéciale d'acide chlorhydrique puissant. Quand les doigts mécaniques commencèrent à verser le produit mordant, un tiroir s'ouvrit.  Une gigantesque pince argentée en surgit en même temps qu’un second tiroir découvrait une cuvette pierreuse.  La pince actionnée par de petites tiges dorées, surmontées de ressorts puissants, sectionna littéralement le bras mécanique d'une traite, l'éprouvette tomba dans l'écuelle du coffret et les tiroirs se refermèrent juste au moment où, avec l'autre bras j'essayais d'interrompre le mouvement de recul du tiroir, les deux flancs latéraux du coffret s'ouvrirent, ils pivotèrent, se déployèrent, le gauche se divisa en deux lamelles tranchantes formant une hélice reliée au coffret par une courroie, le droit se transforma en une espèce de tuyau et l'acide de l'éprouvette en ressortit, projeté et mordant inexorablement les circuits électroniques des bras mécaniques, dès lors hors service.  Nous restâmes là, bouche bée, impuissants face au coffret qui se refermait.  Tracy se parla à lui-même, il se disait ébloui par la technologie primaire du mécanisme, mais tellement efficace, il admirait et craignait à la fois, l'homme ou l'être vivant qui avait imaginé et conçu la boîte bleue."

*   - D_time minus fourty minutes -

"Mingü était revenu sur sa moto des neiges avec les provisions.  Tracy lui raconta notre découverte et du même coup notre isolement provisoire.  Les expériences étaient à présent suspendues, il fallait qu'un d'entre nous se décide à entrer dans la chambre pour prendre le coffret, le déplacer et l'installer dans le cyclotron où un bombardement de neutrons à faible tension avait été préconisé par l'équipe d'experts du Continent.  Après un tirage au sort, ce fut Mingü qui fut sélectionné.  Oxfans, qui était à présent remis de son accident de la veille, était venu nous rejoindre, nous étions là, derrière la baie vitrée de la chambre à essais, regardant Mingü s'introduire timidement dans la pièce.  Tracy lui ordonna tout à coup d'en ressortir, un tiroir avait en effet commencé à s'ouvrir, Mingü obtempéra immédiatement.  Tracy nous expliqua alors sa pensée; si la boîte réagissait à toute attaque ou approche, c'est qu'elle contenait un système de vision ou d'écoute, aussi, décida-t-il d'équiper Mingü d'une paire de lunettes infrarouges, de plonger la chambre à essais dans l'obscurité totale et de déclencher l'alarme incendie, la sirène stridente devant ainsi camoufler toute approche !

Notre cuisinier entra à nouveau dans la pièce, le vacarme couvrait en effet ses déplacements. Tous équipés des lunettes infrarouges nous pouvions suivre son évolution.  Avec mille précautions, il arriva à hauteur du coffret, il décrocha le palan, fixa les sangles de la poulie et ressortit aussitôt que le treuil fût en place.  Tracy, aux commandes du pont roulant, déplaça la boîte bleue et parvint à la poser dans le cyclotron, la porte hermétique se referma et comme nous rallumions les lumières, le bombardement de neutrons commença.  La faible intensité aurait dû normalement provoquer la fusion partielle du coffret, mais rien ne se produisit !  Outrepassant les recommandations du Président, Tracy augmenta la puissance, le coffret ne bougea pas d'un poil !  Un fait était certain, s’il y avait à l'intérieur une vie quelconque, elle était à présent annihilée.

Selon le même procédé, Mingü, revêtu d'une tenue adéquate, déplaça le coffret et l'enferma dans le refroidisseur de molécules, après quelques temps, la température y descendit au zéro absolu, soit à -273°C, il n’y eut aucune réaction !  On le mit alors sous la presse mécanique, les vérins et les pistons du moteur surchauffé crissèrent.  Mingü augmenta la puissance, la paroi latérale du coffret s'enfonça légèrement, un tiroir s'ouvrit, une fumée verte s'en échappa tandis que la presse continuait son travail inexorable de destruction.

Soudain, Tracy fit arrêter l'expérience.  Mingü dut en effet attendre que Alpha 7 infirme la présence de quelque vapeur toxique ou microbe dans la pièce pour y entrer à nouveau.  Tout était normal, la température était de 22°C.

En pénétrant à nouveau dans la pièce, Mingü se jeta au sol, ses mains crispées à la gorge, j’ai alors voulu lui porter secours, mais Tracy m'en empêcha, il m’obligea au préalable à revêtir une tenue hermétique ainsi qu'un appareil respiratoire.  Ce que je fis au plus vite.

 

J'enlevai le corps inerte de Mingü, il était mort !  L'autopsie révéla qu'il avait été asphyxié.  Le coffret avait, entre-temps, refermé son tiroir; les vérins de la presse avaient reculé, et nous pouvions voir un côté de la boîte bleue à peine éraflé et légèrement enfoncé.

Nous étions encore cinq, dont un blessé."

*   - D_time minus thirty minutes -

- Beep - record,

"J'ai retourné la cassette, il faut encore que je vous raconte comment les autres sont morts.

Les corps de Lindhall et de Mingü furent placés dans la chambre froide.

Le lendemain, nous visionnèrent les caméras vidéo du labo qui avaient tout filmé au cours de la nuit de vendredi à samedi. Oxfans, qui ne trouvait pas le sommeil, s'était rendu dans la salle de la presse, il avait voulu s'emparer du coffret, quant à nouveau un tiroir s'était ouvert.  Un lacet de cuir, puissamment enroulé sur une toupie en mouvement, l'avait attrapé à la gorge, la toupie avait tourné à contresens, ramenant le lacet à l'intérieur, Oxfans avait suivi le mouvement, sa langue disproportionnée sortit d'emblée hors de sa bouche tandis qu'un épais filet de sang s'était échappé de ses narines, il s'écroula sur le sol, entraînant le coffret dans sa chute.  Les puissantes pinces qui éliminèrent les bras mécaniques du robot, sortirent et décapitèrent le malheureux Oxfans.  En un éclair, le lacet et les pinces rentrèrent dans la boîte. 

Le commandant, pris d'un coup de folie, décrocha la hache à incendie et commença à marteler furieusement le coffret bleu, un tiroir s'ouvrit, rien n'en sortit ! Tracy recula, le tiroir se referma.  Tracy s’échappa de la pièce en traînant les restes de Oxfans, que nous plaçâmes avec ceux de Lindhall et Mingü.  Le commandant décida de se faire subir un examen médical, au cas où le tiroir devait contenir une vapeur invisible qui aurait pu le contaminer.  Travis s’imaginait quant à lui que le mécanisme avait eu une défaillance, mais, Tracy voulut absolument subir l’examen du scanner.  Les résultats ne révélèrent rien d'anormal, sauf la présence d'un kyste assez volumineux au niveau du pariétal droit, kyste dont Tracy ignorait l'existence.  La journée du samedi se déroula ensuite sans événement de grande importance, le coffret resta là où il était tombé.

Au cours de la soirée, le commandant Tracy fut pris de terribles douleurs à la tête et Brhouns lui fit une injection de morphine pour le soulager.  Durant la nuit, Tracy appela au secours, nous guettions chacun à notre tour son sommeil, il rêvait !"

*   - D_time minus twenty five minutes –

"Le dimanche matin, lorsque j'allai relever Travis au chevet du commandant, je découvris leurs corps.  Travis avait été éventré par le tesson du verre d'eau qu'on avait laissé sur la table de nuit de Tracy, celui-ci était allongé de travers sur son lit, les mains ensanglantées, le tesson du verre littéralement fiché dans la main, il avait complètement perdu ses cheveux et son oeil droit, noirci par l'hémoglobine, pendait hors de son orbite..  Quand Brhouns est arrivé, nous décidâmes de ne pas toucher aux corps, car il était évident que le commandant avait été infecté par les émanations du coffret, probablement une substance provoquant la démence et des hallucinations pendant lesquelles il avait dû assaillir Travis.

Je pris de nouveau contact avec le Continent pour relater les derniers faits, et à nouveau réclamer du secours et je leur signalai que ni Bhrouns ni moi n'approcherions à nouveau du coffret bleu.  Il nous fut répondu que l'aide arriverait dès mardi, soit deux jours à patienter.

Le lundi matin, une tempête éclata, la température extérieure descendit à -30°C et la neige tomba à nouveau en rafales, je m'étais installé dans la chambre de Brhouns, nous avions collecté des vivres et des provisions diverses dans toute la station et nous avions branché le poste émetteur, nous nous étions enfermés par pure précaution.  Le mardi matin, Brhouns prenait sa douche, il avait installé son radiocassette près de lui et il chantait en choeur sur 'The miracle", ironie du sort, qui nous rappelait que nous étions seuls à des centaines de kilomètres de toute vie humaine !  Les décibels de la radio déclenchèrent certainement le mécanisme du coffret, deux tiroirs latéraux s'ouvrirent simultanément, des roues dentées vinrent toucher le sol, soulevant la boîte, qui commença à se déplacer.  A hauteur de la porte close, un autre tiroir laissa opérer une sorte de bélier, qui permit au coffret, après quelques tentatives, de sortir du local dans lequel on l'avait enfermé.  'The Miracle” couvrait les bruits, inexorablement, le coffret arrivait vers nous...

J'étais couché sur mon lit lorsque le radio-pilote appela, les secours arrivaient et seraient sur place dans 10 minutes, je courus avertir Brhouns, la porte s'ouvrit à grands fracas, le coffret roula vers moi, un tiroir pivota, une arbalète ou ce qui y ressemblait en sortit, la corde tendue, une flèche dans l'encoche me visait.  Le système se déclencha, je hurlai, la flèche demeura à sa place, le tiroir se referma, je sautai de côté, Brouhns accourut, alarmé par mes cris, il était nu et encore mouillé de sa douche, le coffret se précipita sur lui, plusieurs tiroirs s'ouvrirent, le bout de cuir lui enlaça les jambes, le faisant basculer et tomber au sol, les pinces d'argent lui tranchèrent l'artère fémorale, la dague, qui avait égorgé Miss Lindhall, le transperça, une fumée verte commença à s'échapper, je sautai par dessus le coffret, qui s’était mis à foncer sur moi, et m'enfuis vers la sortie principale, j'enfilai au passage une veste d'extérieur et composai le code d'ouverture.  En sortant, j’aperçus l'hélicoptère qui allait se poser.  Le pilote me fit un signe de la main, le coffret me dépassa par la gauche, l'hélicoptère touchait presque le sol lorsque le couvercle de la boîte bleue s'ouvrit entièrement, un mécanisme se monta en un coup, et subitement, un boomerang en jaillit d'un trait, atteignant le rotor de l'appareil qui se mit à tournoyer et finit par s'écraser.  Je m'écroulai sous la dépression de l'explosion, le désespoir m'envahit, le coffret se referma, et se dirigea vers moi. Alors à toute vitesse, je regagnai la station et fermai le sas en modifiant le code pour empêcher le coffret de me suivre. J'étais provisoirement hors de danger.  Je me suis ensuite dirigé vers la radio et j'ai rappelé les secours, mais je n'entendis que des grésillements.  Lorsque je regardai à l'extérieur via le hublot, le boomerang qui avait disparu, revint précisément vers la boîte bleue pour s'insérer dans le support du couvercle, à sa place initiale tandis qu'au loin, l'antenne émettrice s'écroulait de tout son long dans la neige poudreuse.  Le coffret disparut de mon champ de vision..."

*   - D_time minus ten minutes -

Je me suis alors rendu à l'annexe de contrôle de X-Ray 33, une ligne satellite y était installée pour les cas d'urgence, j'entendis le fracas des débris de la coupole du couloir qui tombaient au sol, le coffret descendit du toit via un grappin relié à un filin extrait d'un de ses tiroirs du dessus.  Je m'enfuis dans les réserves de la base, j'y découvris le lance-grenades destiné à provoquer les avalanches.  Lorsque le coffret arriva vers moi, je tirai dans sa direction, tous ses tiroirs s'ouvrirent à la fois, plusieurs projectiles de toutes sortes faillirent m'atteindre, je m'encourus dans la centrale de X-Ray 33, dans l'antre de Alpha 7.  L'ordinateur verrouilla les portes, à mes questions Alpha 7 répondit que des bactéries dangereuses avaient globalement envahi l'air de la station, la peste bubonique, la grippe espagnole et la fièvre jaune, entre autres, se propageaient dans l'atmosphère, j'étais condamné, inexorablement sans recours, et le coffret était toujours là, intact !

Mercredi, je suis resté allongé près d'Alpha 7, le coffret ne s'est pas manifesté et j'ai pu réfléchir à cette satanée boîte bleue.  J'en suis presque certain à présent: elle contient un mécanisme qui s'actionne avec le soleil ou la lumière, les Templiers, qui connaissaient tant de secrets, avaient peut-être déjà expérimenté le principe de la cellule photoélectrique ou quelque chose dans le genre, en tous cas, le système n'en n'était pas infaillible, pour preuve: l'arbalète qui n'avait pas fonctionné. Les mots inscrits sur le parchemin fossilisé dans les doigts du squelette, parlaient sans aucun doute du coffret bleu.  Il y a 900 ans, cette boîte, si elle était arrivée à destination, aurait pu fortement aider son propriétaire à conquérir le monde, mais plusieurs questions m'intriguaient, pourquoi ou comment cela se faisait-il, qu'elle soit restée enfouie dans la glace, au lieu de s'en extraire, puisque les essais de refroidissement n'avaient pas donné de résultat probant.  Il y avait certes un moyen de dominer ou de contrôler la boîte, puisque le templier la détenait sans problème.  Si une seconde équipe arrivait ici, sans précaution préalable, elle se ferait sans aucun doute éliminer par le coffret, qui n'avait sans doute pas encore dévoilé tous ses secrets !  Le soir, alors que j'entendais des bruits de martèlement dans l'atelier de X-Ray 33, je me suis risqué à aller voir ce qui s'y passait, par les toits. Je me suis glissé jusqu'à la lucarne de l'atelier et là, quelle ne fut pas ma surprise de voir le coffret complètement ouvert, tous ses tiroirs avaient sorti leurs atouts. Des dizaines de mécanismes étaient occupés à œuvrer.  Une sorte de bras automate, articulés par des courroies et des rouages, construisait une autre boîte de très grande taille, pour laquelle deux wagonnets à minerais avaient été découpés.  Une face était construite avec la benne du Caterpillar qui servait de chasse-neige.  Le bras mécanique travaillait pendant que des lentilles et miroirs, formant une sorte d'oeil, lisaient un plan extrait d'un des nombreux tiroirs.  C'était incroyable, le coffret vivait, il avait appris à se servir d'un poste à souder, il avait aussi saisi les principes des techniques modernes, comme l'électricité, la fusion de l'acier, le moteur à explosion, techniques qu'il utilisait pour la construction de cet espèce de double.  Je suis ensuite retourné dans le centre d'Alpha 7 et au bout de plusieurs heures je suis parvenu à m'endormir, malgré le chahut du coffret."

*   - D_time minus five minutes -

"Aujourd'hui matin, très tôt, je suis remonté sur le toit et par le même chemin que la veille je suis allé espionner les travaux du coffret.  Une espèce de chariot était à présent presque terminé, des roues de chaque côtés m'annonçaient la couleur, c'était un engin de transport, le lance-grenades que j'avais abandonné dans ma fuite avait été fixé sur le toit découpé en une sorte de trappe, à côté d'un gros spot électrique, à l'arrière plusieurs batteries avaient été connectées en série et mon attention fut aussi attirée par les flammes d’en dessous de l'étrange véhicule, le coffret était en effet occupé à souder mais, sur la gauche, un autre coffret plus petit m'apparut, puis un troisième !!!  Quelques heures avaient suffi pour que le coffret bleu s'auto-reproduise.  C'est alors que je décidai d'agir comme je le fais à présent.

J'ai placé la pile nucléaire au centre de l'accélérateur de molécules et j'ai enclenché le système d'autodestruction.  Il m'a fallut ensuite détruire tous les codes électroniques des portes donnant accès à l'extérieur et abaisser les volets métalliques prévus en cas d'ouragan, afin que le coffret et ses doubles restent à l'intérieur.  Je commence déjà à tousser, je suis fiévreux, l’incubation est terminée.  Les motos des neiges ont été détruites, plus aucun véhicule n'est utilisable, la fuite vers la civilisation la plus proche est donc impossible.  Mon choix, si j'en ai eu un, est fait, je renonce à la vie pour assurer celle des autres hommes, afin qu'ils ne connaissent pas les secrets du coffret bleu, car ils pourraient en faire un mauvais usage, mais surtout, j'en suis quasi persuadé: rien ne pourrait le détruire, hormis cette explosion nucléaire !"

*   - D_time minus one minute -

"Je n'ai plus rien à dire, sauf qu'au cas où le coffret sortirait intact de l'explosion, il ne faudrait surtout pas y toucher, il y a 900 ans, la nature a arrêté le coffret, ne lui donnez pas une seconde chance ..."

*   - Beep  - stop -

Taylor avait appuyé sur la touche stop du recorder et regardait maintenant le Président.  Celui-ci se leva et frappa son poing sur la table, des millions de dollars étaient partis en fumée dans l'explosion globale de la base nucléaire polaire de X-Ray 33, dix personnes y étaient mortes ainsi qu'une équipe entière de secours et tout ça à cause d'un soi-disant coffret bleu ayant appartenu à un templier géant mort il y avait 900 ans.

Le téléphone sonna, le Président décrocha, c'était l'équipe d'enquêteurs dépêchés sur les lieux de l'explosion qui appelait, ils avaient été attaqués par une boîte bleue, plusieurs victimes étaient déjà à déplorer !

Le Président Reaving raccrocha, le regard perdu dans le vide, à la recherche d’une solution.

S’il y en avait une.

 

FIN 

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Commentaires :

pseudo : Mignardise 974

CDC !! =D ça fait froid dans le dos quand même ^^'