On dit que ce n'est pas bon de vivre trop longtemps dans le passé. Qu'il ne faut pas se laisser ronger par ses démons, qu'il faut savoir lutter. Contre soi-même parfois. Qu'il faut savoir dire stop et avancer. Parfois on le sait mais on préfère se laisser bouffer et se complaire dans son malheur. On fait de ce mal être un échappatoire, une carapace. On s'y sent bien. C'est un refuge loin de tout ces regards médisants. On aimerais y étouffer. Mourir dans les bras de ce mal qui nous ronge jusqu'à la moelle. On se laisse envahir, plus aucun contrôle, nous ne sommes plus maître à bord. Habité par ce sentiment. Dévoré par cet exquis ressentiment. Fou à lier. Bon à attacher. On en devient sadomasochiste. Sans cette haine on ne pourrait vivre. Car sans cela on ne se sentirais pas vivant. Cette haine nous permet d'avancer dans le gouffre néantique. On s'y sent soi. On aime ça. Il ne nous reste plus que cela et pour rien au monde on n'échangerais cette souffrance contre une autre.

On m'a dit que l'herbe est plus verte ailleurs et que surement par delà les contrées la vie est plus belle. J'ai décidé d'aller voir. D'aller à l'aventure. Dans quelques heures je monte dans l'avion. Je serais à des pieds d'altitude de ma vie. L'oiseau de ferraille pourrait se scratcher ou arriver à terme. Au final peu importe. L'essentiel c'est que je sois loin. Je serais dans un autre pays dans peu de temps. Sans personne. Un autre mode de vie, une autre langue, une autre monnaie. Avec ma valise d'emmerde pour seule compagnie. J'ai décidé de tout abandonner. Il faut savoir prendre des décisions radical pour fermer le livre entier de sa vie. Parfois il suffit d'un déclic pour prendre conscience que seule cette solution est la bonne. J'ai trimé à trouver d'autres solutions alors j'ai décidé de fuir encore une fois. Mais cette fois plus loin et plus longtemps. Je reviendrais seulement quand j'aurais réussi. Peut-être jamais. Qui sait ?
J'en ai mal d'abandonner tout ainsi. Je vivrais avec le regret chaque minute. Mais il le faut. Partir c'est le seul moyen. Loin de tout. Lâcher prise. Prendre du recul et souffler un bon coup. Ruminer le passé j'en ai ma dose. On a tous besoin d'un tournant un moment donné. De prendre un autre cap. De crier "STOP". Je l'ai fait. J'ai crié. J'ai hurlé de toute mon âme. Entendez-moi. J'ai hurlé à la terre entière combien j'ai mal. N'importe seront mes actes mais dorénavant je ne regarderais plus jamais en arrière. Plus jamais de "si seulement". Je range les dernières onces d'humanité qu'il me restait. La Renaissance et la Rédemption. Fantômes de mes nuits laissez moi m'en aller.


Une fuite, une prise de conscience, un désespoir humain. Peu importe. Voilà mon choix. Je pars. On se retrouvera en enfer les amis. Et puis on dit que la Suède est un joli pays.


Merci Maxime.