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Coup de bluff, mon corps s'est mis à danser. par ifrit

Coup de bluff, mon corps s'est mis à danser.

Si un jour on m'avait dit que je danserais ainsi, je ne l'aurais jamais cru. Surtout aujourd'hui.

Je pensais à toi. A toi que je n'ai pas pu protéger, pas comme je l'aurais voulu. Nous serions sûrement morts tous les deux, et ton existence aurait été vaine me concernant. Mais je vis, à moitié mais je vis et mon corps aussi. Tu aurais été surprise de constater à quel point j'ai forci depuis cette toute dernière fois où tu m'as vu, il y a un mois. Il me reste des gens à protéger. Pour la première fois, je m'inclus vraiment.

Voilà six ans maintenant que je me bats pour les autres, dans l'ombre. Six années où mon corps a reçu bleus et fractures, toujours dans l'honneur du combat. Jusqu'alors, les fruits de nos esprits avaient suffi à lui faire oublier la douleur, là où les plaisirs de la chair seuls n'arrivaient qu'à l'aviver davantage. Finalement, tu es la seule femme qui m'ait connu, et aimé, comme je suis. Toute ma violence, toute ma passion, tu as su les faire tiennes, les apprivoiser pour les protéger, pour m'en protéger. Je me rappelle...

L'entraînement. L'eau, l'eau du corps qui ruisselle,  le vent des coups qui souffle à mon visage, la terre qui tremble sous nos pieds qui retombent, et le feu. Ce feu qui nous anime. Que tu as allumé en moi. Que j'ai allumé en eux. Qu'ils allumeront encore et encore.

Mais après le combat, qu'y a-t-il ? Et si un guerrier perdait toute force ? Toute envie de se battre ? Un homme d'honneur ne meurt pas toujours le fer dans la chair, je l'ai vu. J'ai vu des familles libres, des femmes heureuses, des enfants avec un père et une mère, et un sourire. J'ai vu des hommes vivre après avoir combattu, le cœur gonflé de fierté, et cette envie, cette envie de sentir encore ce cœur battre, au plus fort, au plus profond de ses rêves, son cœur bat, il martèle, comme un tambour, un grondement sourd dans un corps d'homme. Un corps qui ne se bat plus. Un corps d'homme, et plus de guerrier.

Lorsque tu es morte, ce combat a pris fin. Le plus important de tous, et je l'ai perdu. Comment pourrais-je vouloir me battre à présent ? Mon corps se l'interdit. Mon corps refuse. Mon corps veut être un homme, il veut vivre et partager. Ne plus être cette épée pour laquelle la femme est un fourreau, mais un corps d'homme pour un corps de femme. Il veut chanter, il veut danser, il veut, il veut... Il veut faire vivre. Faire vibrer d'émotion les corps, partager la perfection du geste, sentir le sang battre dans ses veines et son cœur battre sans haine. Et un autre cœur avec lui...

Alors mon corps a dansé.

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Style : Pensée | Par ifrit | Voir tous ses textes | Visite : 668

Coup de cœur : 19 / Technique : 12

Commentaires :

pseudo : lutece

Texte puissant, profond! Merci de de partage

pseudo : malone

dieu que ça me parle tout ça!... et cette phraze : "ne plus être cette épée pour laquelle le femme est un fourreau,..."... soldat de plomb lève haut le glaive... puis le poze à terre, pour un boogie d'enfer!...

pseudo : Mignardise 974

Sublime CDC !!!!!!! =D Merci beaucoup pour ce texte

pseudo : damona morrigan

Danse dieu du feu ! Entre dans le tourbillon de la vie avec pour seules armes ton coeur tendre et ton magnifique sourire !

pseudo : damona morrigan

22 août et je viens de relire quelques uns de tes textes ! Ils sont toujours aussi beaux et agréables à la lecture, quel plaisir ! Je te dis à la rentrée, j'attends avec impatience ! Prend bien soin de toi !