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Essai par Slytherina

Essai

Ce mois de février est glacial. Le regard qu’"il" soutient en ce moment l'est aussi. Il vient me voir; son visage vide de toute émotion n’en est pourtant pas moins éloquent. Jamais je ne l'ai connu si amorphe. Jamais non plus, je n'ai eu à patienter durant quelques minutes pour entendre sa voix. Ah! J'aime sa voix. Elle n'est pas particulièrement agréable, mais je l'aime. Tout autant que je l'aime lui...

D'un seul coup, je me retrouve dans ma chambre, en larmes. J'ai tout oublié de ces dix minutes passées avec lui. J'avoue que c'est intentionnel. J'ai également essayé d'anihiler le souvenir des deux années passées suites à ses mots. Je n'y suis jamais parvenue...

Toujours dans ma chambre, cinq minutes me paraîssent une éternité. Depuis combien de temps suis-je ici? Il n'est que dix-huit heures dix. Il m'a quitté (prenez cette phrase dans tous les sens du terme) aux environs de dix-huit heures cinq. Peut-être même avant. Les horloges ont l'air de ralentir, le temps me torture et s'arrête. Ma vie s'arrête. Non pas sous un angle scientifique (bien qu'à certains moments il aurait été préférable d'en être ainsi), mais bien pire. Sous un angle psychologique et émotionnel. Surtout émotionnel.

En larmes, je retrouve une photo. Ce n'est pas un hasard: l'envie de la regarder m'éprit plus que jamais. Sous un coup de colère, je l'arrache. Bien entendu, je regrette ensuite. Tout comme je regrette bien des choses à cet instant. Les deux contraires se succèdent: la joie laisse place à la tristesse. J'ai l'impression de vivre le pire moment de ma vie après avoir connu la plus grande merveille; l'impression que demain sera bien trop compliqué à vivre; l'impression que le futur n'a plus aucun sens, que mon existence entière n’a plus aucune raison d'en être elle-même à l'existence.

Cette photo offre un sourire que je n'offrirai plus à personne avant bien des temps, et que lui ne m'offrira probablement plus jamais.

"A table!"

Quoi, déjà? J'ai passé plus d'une heure et demi à contempler cette image. Je me demande si ce que je vis est réel. Si j'existe vraiment, alors le passé est-il vraiment tel que mes souvenirs me le font croire ? Tant de questions...

"Tu ne viens pas manger?"

À dire vrai, je n'ai pas très faim. Je suis perdue, tout n’est que dans une profonde nébulosité. Ce soir, je ne mange que quelques tomates. L'inappétence se fait sentir. Mais je n'imagine encore pas jusqu'où elle va me mener...

Je pars me coucher. Il n'est que vingt-heures trente approximativement mais je ne veux plus rester debout. Je regarde mon réveil jusque minuit. Non, il ne m'a pas appelé ce soir. Pourquoi l'aurait-il fait? Il n'est plus. Plus là, plus avec moi. Il n'est plus rien. Ou plutôt, est-ce moi qui ne suis plus rien. Je n'arrive pas à dormir. Pleurer, j'y parviens facilement en revanche... Je n'ai même pas envie de lire. Que faire alors? Me morfondre? Et si je me levais? La télévision n'est pas ma tasse de thé. J'ai faim mais rien ne me fait envie. Je m'assieds sur le canapé. Il est une heure à peine. J'errerai jusque six heures pour me préparer.

Ma mère se lève vers sept heures.

"Ton maquillage à coulé...

- Ce n'est rien!"

 

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Style : autre | Par Slytherina | Voir tous ses textes | Visite : 490

Coup de cœur : 12 / Technique : 10

Commentaires :

pseudo : damona morrigan

Magnifique ! J'adore vous lire. Merci. Immense CDC

pseudo : Mignardise 974

une suite ! une suite ! ^^ Le thème est accrocheur et très bien étudié. CDC !