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Loin des yeux près du coeur (partie 1) par blinhugo

Loin des yeux près du coeur (partie 1)

Loin des yeux près du cœur

 

Alençon, immeuble de la rue Victor Hugo, 18h32

Mathis était un jeune homme grand, il était blond, avait la tête plein de malice, c’était un peu lui le clown de sa classe, on pouvait toujours compter sur lui et tout le monde l’adorait. Mais comme dans tous les contes de fées il y a un hic : Mathis n’avait jamais connu les joies et les moments,  plus difficiles, qui arrivent quand on est couple. Or, un de ses livres préférés, était Roméo et Juliette, il rêvait lui aussi de vivre une histoire d’amour impossible ! Il avait lu cet ouvrage une petite vingtaine de fois depuis ses dix ans. Il adorait par-dessus tout discuter pendant des heures avec ses amis sur son ordinateur. Cette semaine en guise de phrase personnelle il avait entrepris d’écrire en rouge : « Le Week End prochain, c’est Noël avec ma cousine ». Nous étions le mardi 21 décembre 2009 et dès le 25, son destin allait changer.  Sur l’écran, une fenêtre s’ouvrit, c’était Luc, son meilleur ami depuis l’enfance. Il était brun, assez petit, mais très musclé. C’était plutôt le genre de garçons à enchaîner les conquêtes, sa plus longue « aventure » avait durée deux semaines. Il s’était forgé une grosse réputation auprès des filles de sa classe. Ils se saluèrent et Luc posa une question à Mathis, qui le fit tressaillir :

-          T’en ai où avec tes conquêtes ?

-          Ca progresse, ça progresse, t’inquiète pas pour moi …

Luc ne se retenait pas de lui rappeler, à chaque fois, qu’il n’avait jamais eue de copine, avec le temps c’était devenu un rituel entre eux

-          Tu passes Noël où toi ? demanda Luc

-          Je passe la semaine à Strasbourg avec ma cousine, tu sais, Jeanne.

-          A Strasbourg ? J’en connais qui vont encore prendre des kilos, abuse pas trop de la choucroute, et arrange toi pour trouver l’amour si possible ;) ! Moi je vais chez mon oncle à Paris.

La famille de Luc était très aisée, il l’affichait fièrement grâce à ses polos Lacoste et autres tee-shirt de marque. Ses parents avaient un jour, décidés de jouer au tiercé. Dès leur première course, ils avaient raflés le gros lot, deux millions d’euros. Mathis s’était consolé en se disant que c’était la chance du débutant, mais bon en attendant, c’était Luc qui était riche … Après cette course il avait changé radicalement de comportement, il était certes toujours ami avec Mathis, mais était plus distant, aussi il n’était plus l’élève studieux d’il y a quelques années. Quand les professeurs lui faisaient une remarque il répondait avec médisance :

« Je m’en fiche, je suis plein aux as ! Je n’ai pas besoin de travailler ». Cette date, le 9 novembre 2007 fut un tournant dans la vie de Luc, l’argent était aussi l’un des critères qui lui avait permis d’attirer les filles comme des mouches. Mathis n’avait jamais eu une chance comme celle-ci, un changement radical de vie c’est ça qu’il voulait, des rebondissements comme dans les films d’action. Pour l’instant, il devait se contenter de ses livres et de sa famille. Intérieurement il n’était pas plus heureux ! Il se définissait souvent comme l’être le plus laid du monde, tout comme son héros et auteur préféré : Cyrano de Bergerac.  Cependant il était tombé amoureux d’un grand nombre de fille de son âge, elles n’avaient jamais répondues à ses appels. Quand Mathis était amoureux on le voyait tout de suite. Il parlait en rime à la personne qu’il aimait. Une fois de plus, c’était Cyrano qui l’avait inspiré, son éloquence et son élégance lui donnait la force pour continuer à aimer. Il vit sa cousine se connectée à son tour.

-          Salut Jeanne ça va ?

-          Oui et toi, prêt pour le  week end prochain ?

-          Ca c’est sûr, on se voit seulement une fois par an, au week end de Noël, on devrait remettre ça plus souvent n’est ce pas ?

-          Tu as raison, mais bon ça te coûteras cher un billet de train !

-          Tu sais bien que je suis capable de tout pour ma cousine chérie.

-          C’est gentil mon cousin chéri

-          Je te laisse ma mère m’appelle, je t’embrasse.

Mathis sortit de sa chambre et se retrouva dans le couloir de sa maison. Il habitait un petit appartement de la ville d’Alençon, dans l’Orne, avec sa mère. Ses parents avaient divorcés il y a deux ans, une semaine sur deux il changeait de maison, de chambre, de vie. Au début on se dit que c’est marrant, le double de cadeaux à noël, le double d’argent de poche. Sauf qu’après ça se gâte… On est séparé entre deux mondes opposés. Chacun des parents se bat pour avoir « une part » de vous et les ennuis commencent : Les parents se disputent pendant des heures au téléphone pour savoir qui vous prendra chez lui pendant les prochaines vacances. Quand ce genre de scène arrivait, Mathis n’avait qu’une chose à faire : se réfugier dans ses livres, la philosophie c’était la seule chose qui l’intéressait. Car généralement, chez des personnes « normales » Les lettres persanes de Montesquieu servent de cale pour le canapé plutôt que d’un livre de chevet ! Le père de Mathis était plus riche que sa mère, il était chef d’entreprise dans l’automobile. Ce n’était pas une gigantesque usine, il n’était donc pas riche comme Crésus. Aussi il possédait une grande maison à l’extérieur d’Alençon. Quand Mathis arriva dans la petite salle à manger, la table était mise. A côté des assiettes se trouvait un grand plat de pâtes bolognaise. Sa mère était aussi surexcitée que lui à l’idée d’aller à Strasbourg, en effet c’était aussi la seule fois de l’année où elle voyait sa sœur, Agathe. Hugues le petit frère de Mathis n’était une fois de plus, pas à table, comme tout le monde. Hugues pourrissait la vie de Mathis, par exemple lorsque que Mathis était dans sa chambre et qu’il lisait Cyrano, Hugues arrivait dans la pièce en poussant de grands cris, si Mathis protestait, on lui enlevait ses livres. Punir en confisquant des bouquins… Aussi bizarre que cela puisse paraître, grâce à cette technique, sa mère avait toujours le dernier mot … Après cinq minutes, Hugues vint enfin se mettre à table et entama son assiette. Tiffany Regrebac la mère des deux enfants était très croyante. Elle dit à son fils dans un sourire :

-          Hugues, mon chéri, ne commence pas à manger avant d’avoir prié.

Mathis joignit ses deux mains et se dit intérieurement :

« Mon seigneur, faîtes que dans un  mois au plus tard, j’ai enfin une petite copine, comme tout le monde quoi, si vous exaucez ce vœu, je promets de ne plus jamais crier sur mon frère quand il m’embête. Je sais que ça ressemblais pas trop à une prière mais bon, je fais ce que je peux. Merci d’avance. Amen »

-          Merci les enfants vous pouvez manger…

Ils dévorèrent leur assiette en un rien de temps, puis Mathis retourna dans sa chambre, il tira une malle de sous son matelas et en sortit un livre, sur la couverture, vieille d’une vingtaine d’années, on pouvait encore lire :

«  Cyrano de Bergerac

Comédie héroïque »

Il l’ouvrit, et on pouvait apercevoir sur la 2ème de couverture écrit de couleur bleu foncé :

Tiffany REGREBAC 3ème A

Il connaissait quelques passages par cœur, tel que la célèbre tirade du nez ou la mythique scène du balcon. Sur la plupart des pages on trouvait différentes indications, par exemple des mots soulignés ou encadrés jonchaient tout le premier acte. En effet, il y a exactement trois mois, sa classe avait eu comme devoir de vacances de lire cette œuvre. Mathis avait dû cacher sa joie, c’était compréhensible, chaque personne avait rechignée quand madame Bourgeon, sa professeur de français avait fait un résumé de ce livre. Il avait bu ses paroles pendant les cours où elle avait parlé de l’œuvre, face à l’enthousiasme de la classe, la séquence en cours n’avançait pas comme le voulait madame Bourgeon. Donc ils étaient encore sur ce livre, ce qui n’était pas pour déplaire à Mathis. Il parcouru très vite les pages du livre puis le rangea dans son écrin. Il était 22 heures 21.

 

Ostwald,  maison au coin de la rue des tulipes, 23h15

Une jeune fille était placée devant une glace, elle avait des cheveux châtains et bouclé. Elle s’empara d’un bout de coton sur lequel se trouvait du lait démaquillant, elle revenait de chez son petit ami, Nicolas. Cette jeune fille se nommait Oryanne, elle avait treize ans et une grande passion pour les chevaux. Les parents de Nicolas étaient extrêmement riches, en cadeau d’anniversaire il y a un an, ils avaient offert à Oryanne, un grand étalon noir. A la vue du cheval elle avait sauté dans les bras de Nicolas et l’avait embrassé avec fougue. Elle ne devait pas faire de bruit. Sa sœur dormait à poings fermés et ses parents allaient rentrés d’une minute à l’autre, ils étaient pour l’instant chez des amis. Elle enleva le chouchou qui retenait ses cheveux d’or et se brossa les dents. Comme toute jolie fille qui se respecte elle avait les dents blanches comme le nacre. Elle coupa le filet d’eau qui s’échappait du robinet puis éteignit la lumière. Sachant qu’elle faisait le mur un soir sur trois pour rejoindre Nicolas, elle avait dû apprendre à se diriger dans sa maison sans lumière. Là, un bruit lui parvint à l’oreille, il venait de la chambre de sa petite sœur, Oryanne poussa la porte et aperçut une petite tête surmontée d’une chevelure brune, c’était sa sœur, Marjoline, elle était habillée de son pyjama Dora, elle se frotta les yeux à l’aide de ses petites mains, elle avait 4 ans mais s’exprimait déjà comme une chef :

-          Où étais tu ?

-          Je viens d’aller aux toilettes pourquoi ?

-          Je sais très bien que tu viens de chez ton … Nicolas, je pense que je vais le dire à papa et maman.

-          Ne fais pas ça, s’il te plaît ! Si tu ne dis rien je te laisserais monter sur Caramel, mon étalon

-          D’accord, mais ne recommence pas sinon je le dirais pour de bon ...

Oryanne acquiesça et partit dans sa chambre, quelle idée elle avait eu… Vouloir laisser monter sa sœur sur Caramel,  mais elle n’avait pas le choix… Elle était passionnée de chevaux depuis ses six ans, mais le métier quelle voulait faire par-dessus tout c’était danseuse professionnelle. Elle avait de l’ambition, elle était cependant assez dévergondée. Son amour pour Nicolas était sans limite… Inversement, Nicolas passait plus de temps avec d’autres filles que l’intéressée… Elle n’arrivait malheureusement pas à ouvrir les yeux sur ce point. Elle se rendit dans sa chambre et envoya un S.M.S. à sa meilleure amie :

« Rappelle moi j’ai plus de forfait »

Quelque seconde plus tard son téléphone sonna, elle regarda l’écran et décrocha :

«  Bonsoir Jeanne ça va ?

-          Oui et toi ? Selon ta voix tu m’as l’air heureuse n’est ce pas ?

-          Je reviens de chez Nicolas, c’était super, je l’aime vraiment je pense…

-          Oui je sais que tu es sincère mais je pense que lui non, tu l’as vu il passe son temps avec Raphaëlle, dois je te rappeler que c’est ton ennemi juré.

-          Mais t’inquiète pas je suis sur qu’il m’aime tu m’entends ? J’en suis sûr !

-          Excuse-moi d’être aussi pessimiste mais je pense que tu devrais couper court à ta relation avec lui, mais bon tu fais comme tu veux …

-          Effectivement, je fais comme je veux ! Au revoir !

Sur cette parole Oryanne raccrocha au nez de Jeanne et se mit à parler toute seule :

-          Je l’aime et personne ne m’en empêchera, il est peut être souvent distant mais je suis sure qu’il l’aime, je le sais, enfin je crois, j’espère …

Elle se mit en pyjama et alla dans son lit, elle n’arrivait pas à dormir … Peut être que Jeanne avait raison, il ne la méritait pas… Peut être qu’il n’était pas aussi bien quelle le pensait … Tant de questions qui restaient sans réponse… Et certainement pendant longtemps quoi que …

 

Alençon,  appartement de Mathis, 00h41

Mathis était dans sa chambre une petite lampe était tournée vers son livre. Quand il n’arrivait pas à dormir il relisait quatre ou cinq fois à la suite la tirade du nez dites par Cyrano à l’acte I, scène 4 de la pièce. Ca le faisait beaucoup rire mais n’oublions pas que c’est Edmond Rostand qui était derrière ce personnage de grande classe. Il arriva au vers 320 : Descriptif : C’est un roc !... C’est un pic !...C’est un cap ! Que dis-je… » La lumière du couloir s’alluma et sa mère en robe de chambre fit irruption dans la pièce.

-          Encore debout mon ange ?

-          Excuse moi maman mais je n’arrive à dormir, pourquoi aucune fille ne veux m’aimer tu peux m’expliquer ça ?

-          Tu sais l’amour, des fois on l’attend longtemps sauf que quand il est là on le sait. je suis sure qu’il y a au moins une fille de ton âge, dans le monde qui aime la philosophie et la poésie. Sois patient tu la rencontreras bientôt ne t’inquiète pas…

-          J’aimerais pouvoir te croire maman … Mais je commence à perdre patiente, tous les garçons de ma classe ont une copine !

-          Ne te compare pas aux autres, tu es un gamin exceptionnel, les garçons d’aujourd’hui ne sont plus aussi romantiques que lorsque j’étais jeune … Je me rappelle quand j’ai connu ton père, il m’offrait un bouquet de roses par semaine et m’écrivais nombre de poèmes … Ils étaient tous plus beaux les uns que les autres… Aussi, je me rappelle les après midis que l’on passait dans le parc à se balader main dans la main.

-          Oui, c’est sur d’après ce que tu me raconte vous vous aimiez comme des fous … Mais je m’excuse encore une fois, je trouve cette histoire trop nian-nian, trop simple à mon goût… Je veux une histoire d’amour avec des rebondissements ! Regarde Roméo et Juliette, ils étaient si différents, et pourtant ils sont tombés amoureux l’un de l’autre.

-          Arrête un peu de vivre dans tes livres, ce n’est pas la vrai vie, les histoires impossibles c’est seulement dans les contes de fée, ça n’existe pas !

-          Oui tu as sans doute raison, je me rallie à ton raisonnement, tu peux me laisser, j’aimerais dormir s’il te plaît. Bonne nuit

-          Bonne nuit mon Cyrano préféré.

Elle l’embrassa sur le front, éteignit la lumière et sortit de la chambre. Mathis ferma les yeux. Quand il les rouvrit, il se trouvait dans un jardin, il faisait nuit. Mathis regarda le monde flou qui s’offrait à lui, il se trouvait à première vue dans des buissons de rhododendrons. Il retrouva la vue quelques secondes plus tard, ses yeux s’étaient habitués. Il leva la tête et vit un balcon qui était celui d’une tour jonchée de lierres, sur ce balcon se trouvait une femme qui avait la tête cachée par un voile de dentelle blanche.  Là, quelqu’un l’appela dans un murmure :

-          Mathis, Mathis, tu es là ?

C’était Luc, mais que faisait il habillé en mousquetaire : un grand chapeau à plume se trouvait sur sa tête, aussi il possédait une grande cape de couleur marron. Mathis répondit :

-          Oui, qui y’a-t-il et que fais-tu la ?

-          Eh bien que dois-je lui dire ? Elle attend mes douces paroles, mais je n’ai pas ton éloquence, j’ai besoin de ton aide, je ne sais pas aussi bien parler que toi …

-          Très bien… soupira Mathis, je vais te souffler ce qu’il faut dire, commence par : « Votre beauté n’a d’égal que votre élégance » ; ça vient d’une nouvelle de Maupassant. Ca marche à tous les coups

Mathis était encore dans le flou, il ignorait où il se trouvait, qu’elle heure il était et surtout il ne savait pas qui était cette mystérieuse dame au voile. Il entendit Luc s’exécuter et un « Oh » de la dame voilée.

-          Ca marche mon ami, continues

-          Je ne sais pas moi, ah si dis lui «  Pourriez vous me faire monter de cette cour jusqu’à votre balcon, afin que je puisse vous voler un baiser, car je vous l’avoue aujourd’hui je vous ai toujours aimé. »

Luc s’exécuta de nouveau, et la dame dit dans un élan de douceur :

-          Vœu exaucé, venez à moi.

Mathis ne comprenait pas ce qui arriva par la suite, il vu Luc monter au balcon, chevauchant un nuage parsemé d’étoile jaune. Il montait, montait en le regardant avec un grand sourire pour le remercier. Luc était désormais arrivé au côté de sa bien aimée, elle dit :

-          Luc, moi aussi je vous ai toujours aimé… Au fait que deviens votre ami ce … Mathis. Il n’a pas votre classe votre éloquence, votre, votre…. D’ailleurs je sais qu’il est ici, ce voyeur nous observe depuis le début.

Elle cherchait désormais Mathis parmi les buissons, quand elle le trouva elle lui fit de grands signes pour qu’il s’approche :

-          Je le savais, je suis désolé nous devons nous en aller, Luc et moi avons des choses beaucoup plus importantes à faire que d’écouter vos poèmes ridicules et minables.

-          Mais, mais … balbutia t’il 

Mathis fixait Luc qui ne lui adressa pas un regard. Il regarda de nouveau la tour, elle avait doublée de volume et de hauteur, elle grandissait de seconde en seconde, jusqu’à ne plus voir le balcon. Néanmoins, il entendait s’élever dans les airs les rires moqueurs de Luc et de la dame au voile. Il s’écroula sur le sol et compris enfin ce qui venait de se passer : la scène 7 de l’acte III de Cyrano … Il venait de la revivre, lui en Cyrano et Luc en Christian, sauf que là c’était la réalité… Comme dans la pièce, il avait dû rester dans l’ombre pour réciter des brides de poèmes à Luc, et c’est Luc qui avait obtenu le baiser. Lui avait été lésé une fois de plus par une fille.  Il ferma les yeux, quand il les rouvrit, Mathis se trouvait dans une petite pièce. Sur les murs se trouvaient beaucoup de posters, par exemple on pouvait apercevoir toutes les pochettes d’albums des Beatles. Aussi, il y avait sur le mur de droite, Cyrano représenté dans différents lieux. L’air de « Revolution » des Beatles flottait dans la pièce. Mathis était en âge, ce qui venait de ce passé était un cauchemar, il venait de se réveiller et se trouvait dans sa chambre. Il coupa court à la chanson qui s’était mise en route en guise de réveil. Il passa par la salle de bain pour éponger les sueurs froides qu’il avait eu pendant la nuit… Il n’arrêtait pas de repenser à ce cauchemar et il se dit pour se consoler « Ne t’inquiète pas, ce qu’a dit cette femme est faux, quelqu’un t’aimerais pour ce que tu es, tu verras ». Il retourna ensuite dans sa chambre pour s’habiller. Il prit son tee-shirt rose enfila par-dessus son pull gris rayé de bleu. Il fouilla ensuite dans son armoire pour se vêtir du seul jean Levi’s qu’il possédait. Il avait beau chercher, il ne le trouva pas, il dû se résigner à prendre son slim. Oui, c’est vrai pour les garçons, un slim ce n’est pas super…

Un jour sa mère revenait des soldes, sachant que Mathis détestait cette période, il était resté enfermé dans sa chambre avec son ordinateur. Il avait par la suite examiné les différents habits qui peuplaient les sacs. Tout lui plaisait mais au fond d’un sac il y avait … ce … pantalon. Il avait bien sûr rechigné :

-          Je ne vais quand pas mettre ça… Les slims c’est pour les filles…

-          Mais non, mais non, voyons avait répondu sa mère …

Il l’avait placé bien au fond de l’armoire, il l’avait presque oublié jusqu’à … aujourd’hui. Ce matin il se trouvait devant le fait accompli… Il ne restait plus que celui-ci, il devait le mettre. A son grand mécontentement il arriva à l’enfiler. Comme il l’avait prédit ce slim lui faisait de longues et fines jambes. Il avait l’air d’une fille. Luc et ses amis allaient sûrement lui faire des blagues douteuses. Il rejoignit ensuite sa mère qui se trouvait dans la salle à manger, elle préparait le petit déjeuner d’Hugues… Mathis versa du lait dans son bol et le mit à chauffer dans le micro-onde, il déjeuna en silence et retourna dans sa chambre. Aujourd’hui il avait contrôle de Mathématiques, c’était la matière que Mathis aimait le plus, les fractions, Thalès, Pythagore et le reste…

Il révisa quelque minutes mais ne pu s’empêcher de lire un passage de Cyrano avant de partir pour l’école. Quand il revint dans la cuisine, sa mère était prête pour partir, ils marchèrent jusqu’aux garages qui étaient à quelques pas de l’immeuble. Ils montèrent tous les deux dans la voiture, et Mathis alluma la radio.  Il entendit Harry Macnair, un journaliste de la radio locale :

«  Bonjour à tous il est 7:45et vous écoutez Nice Fm la radio qui vous réveille, aujourd’hui en ce 23 décembre, les magasins de jouets attendent encore beaucoup de personnes pour acheter des présents de dernières minutes. Ils attendent nombre de maris qui se sont réveillés ce matin en étant persuadé d’avoir acheté un cadeau à leur femme alors qu’il n’en n’est rien… Je vous laisse désormais en compagnie de Justin Bieber, le tombeur de ses dames, avec son titre « Baby » bonne journée à tous »

 

Cette chanson énervait plus que tout Mathis, pour ce garçon la vie était simple, il sort une chanson, le succès lui tombe dessus du jour au lendemain et après tout ce qui suit : les filles, les nuits d’hôtels avec vue sur la mer, l’argent.

Ils arrivèrent au collège. Mathis descendit de la voiture et prit son sac à dos, ce matin il commençait par Français, il adorait cette salle, elle était rectangulaire, des tables, en solitaires semblaient faire la tête, seule, dans le fond de la salle. Au contraire les tables du premier rang, elles, étaient rayonnantes, comme toujours prêtent à travailler.  Les élèves trainaient des pieds en rentrant dans la salle, Celia Typhon, une amie de Mathis avait encore dû se coucher à une heure tardive. Elle avait des valises en dessous de ses yeux fardés. Comme d’habitude elle était maquillée telle un mannequin, on ne distinguait presque pas son visage sous la tonne de fond de teint. Luc, toujours aussi élégant rentra dans la salle avec trois filles collées à ses basques. Il s’asseyait à sa place habituelle quand Madame Bourgeon dit :

-          Les enfants vu votre enthousiasme pour lire Cyrano, nous sommes encore à la scène du balcon, veuillez sortir vos livres s’il vous plaît.

Mathis fouilla dans son sac, il ne le trouva pas, il l’avait laissé ce matin sur la table de chevet … Il leva la main et s’excusa d’avoir oublié son livre, il avait beau être le meilleur élève de sa classe, le professeur ne fit pas d’exception … Elle lui demanda son «  carnet » et marqua un mot dedans de son écriture calligraphiée :

 

« Cela m’étonne de votre fils, pourtant il a oublié son livre je me dois donc de le sanctionner, il passera donc le midi du Vendredi 23 Décembre (aujourd’hui) en ma compagnie

Bien à vous

Madame BOURGEON professeur de français »

 

A la vue du mot, Mathis fit la moue, première observation depuis sa scolarité … Luc, lui, les collectionnait : Absence non justifiée, Insolence, Retard…

Elle lui passa un livre de rechange pour cette séance mais ça ne lui plaisait pas… Ce n’était pas SON livre, hérité de sa mère, avec ses feuilles jaunies par le temps, toutes ses annotations qui se trouvaient sur les pages pour qu’un jour il puisse redire à une fille qui l’aimera, ces magnifiques tirades si romantique.

-          Aujourd’hui nous allons étudier l’acte IV.

Les cadets de Cascogne … Il avait lu cet acte un millier de fois ... Il le connaissait, comme le reste de la pièce, sur le bout des doigts … Ce matin, il écoutait le cours d’une oreille … Il n’avait qu’une idée en tête : ce week end… Il ne se doutait pas, à ce moment, de tout ce qui allait se passer pour lui. La journée passa à une vitesse éclair et il avait raté son contrôle de mathématique, il le savait. En rentrant, il montra directement le mot à sa mère qui n’y accorda pas d’importance, une heure de colle dans une vie c’est quoi ? Le lendemain il se leva à 6h30 un gros week-end l’attendait, il aida sa mère à charger les sacs dans la voiture et ils partirent en route pour la gare du Mans.

 

Gare du Mans, 9h10

Il se trouvait au milieu de la gare, son train partait à 9 heures 30, il adorait l’ambiance dans ce lieu, on voyait tant de genre de personnes. Par exemple on  pouvait voir des jeunes enfants, seuls, dans ce monde de grands ayant entamés un périple pour rendre visite à leur grand-mère, sans leurs parents, comme « des grands ». Aussi, il y avait les mères de familles, affolées cherchant leurs charmantes têtes blondes dans toute la gare. Il observait maintenant les habitués : les hommes d’affaires. Mathis avait toujours eu l’impression que ces hommes étaient tous des parents très proches des Blues Brothers : tailleur noir impeccable, mallette en cuir dans la main droite, dans la main gauche, l’outil indispensable, l’ordinateur portable 17’, qui était toujours rangé bien soigneusement. Sur leur oreille gauche on pouvait apercevoir leur téléphone-oreillette. Pour terminer ils portaient toujours des lunettes noires et des chaussures noires cirées au maximum. Grâce à leur costume, ils apparaissaient comme des hommes inaccessibles, des hommes nés pour ce métier.

Son attention se porta maintenant sur un homme singulier, c’était à première vue un vieillard, ses cheveux blancs comme linge étaient ramenés en arrière. Un halo blanc l’entourait, il avait un costume aussi blanc que sa chevelure, ses joues, très pâles, donnaient l’impression qu’il était extrêmement malade. Aussi, il possédait une canne, blanche, surmontée d’un pommeau en forme de cygne. Pour finir ses yeux étaient d’un vert émeraude… Mathis ferma les yeux, quand il les rouvrit il n’était plus là ! Désormais à cet endroit il y avait une jeune fille accoudée à un poteau. Elle avait de grands yeux bruns, ses cheveux blonds lui tombaient délicatement sur ses épaules. Sur son petit nez en trompette était posée une paire de lunettes Dior. Elles étaient de contrefaçon Mathis l’avait tout de suite remarqué, c’est le genre de lunettes que l’on porte devant ses amies pour faire sa fière mais en réalité elles ne valaient pas plus de cinq euros. Elle avait un tee shirt noir, la pomme verte des Beatles se trouvait en son centre. Mais ce qui attirait le plus l’attention de Mathis c’était ses traces rouges sur ses bras, certainement le résultat de plusieurs séances de mutilations… Mathis ne pu s’empêcher de l’interpeller :

-          Bonjour, comment t’appelles-tu ?

La jeune fille baissa ses lunettes et répondit :

-          Marianne, pourquoi ? On se connait ?

-          Non, non je voulais juste faire connaissance… Moi c’est Mathis

-          Je suis désolé Mathis mais je déteste parler aux inconnus …

-          Oui, mais moi j’adore leur parler… Excuse-moi d’être si direct mais ces traces sur tes bras …

Marianne étira les manches de son tee-shirt pour cacher les cicatrices.

-          Ca ne te regarde pas !

-          Tu peux me parler, je fais psychologue à l’occasion !

Elle esquissa un sourire :

-          Oui mais moi je ne suis pas intéressante, ça m’étonnerais que mes petites histoires t’intéresse…

-          Un psy n’est pas là pour juger, mais pour écouter, c’est un chagrin d’amour c’est ça …

-          Oui, non, c'est-à-dire que … En fait, mon mec, m’a plaqué pour une autre meuf de ma classe que je déteste …

« Quel langage » se disait Mathis il détestait que l’on parle « Jeunes » ou « Neje » comme ils disent… Pourquoi ne pas utiliser un discours plus joli, plus éloquent, plus Cyrano… Comme d’habitude, Mathis exécuta dans sa tête une traduction appropriée…

Elle a sûrement voulu dire «  En fait, mon fiancé, m’a délaissé pour une autre demoiselle de ma classe, que je déteste ». Il répondit :

-          Et sais-tu pourquoi il t’a fait ça ?

-          Justement, je ne sais pas, c’est ça qui me fait rire … Pourquoi m’a-t-il quitté… C’est la question que je me pose depuis une semaine sans arrêt… Toutes mes copines m’ont dit qu’il devait avoir de moins en moins de sentiments envers moi, mais ce que je pense moi, c’est qu’il ne m’a jamais aimé…

Les larmes lui montaient au visage, Mathis la consola :

-          Les larmes qui coulent le long de tes joues ne changeront rien, je suis désolé d’être aussi direct… Tu dois justement apprendre à vivre avec ce handicap…

-          Oui je sais bien que les pleurs n’arrangeront rien, mais ça me fait du bien, j’ai l’impression que mon chagrin se noit dans ce torrent de larmes…

-          Tu parle mieux ! Tu me fais penser à Roxane, dans Cyrano de Bergerac, tu connais ?

-          Non, je ne connais pas désolé…

-          Quel crime dit il en souriant, oui les pleurs n’arrangeront rien, mais ces traces que tu laisses sur tes bras à coup de compas non plus, ça ne sers à rien de se mutiler, tu m’entends ?

-          Oui je sais mais ça aussi ça m’aide à vivre, mais ne t’inquiète pas pour moi, je te promets que je n’irais jamais plus loin…

-          Le suicide ? Mais t’es malade, se mutiler est une chose, perdre la vie en est une autre, enlève cette idée saugrenue de ta tête !

-          D’accord, d’accord… Oh je dois te laisser non pas que ta compagnie me déplaise mais mon train part ! Je rentre chez moi, à Oswald …Merci pour cette conversation, tu m’as redonné de la force pour continuer !

Elle s’éloignait déjà dans la foule, jamais il ne reverrait cette fille, sans réfléchir, il entreprit de la suivre en courant…

-          Attend ! Comment puis-je te joindre ?

Comme dans les films américains, elle écrivit au stylo bic bleu son numéro de portable sur la main de Mathis accompagné d’un smiley : =)

-          Je compte sur toi pour m’appeler ! Je t’embrasse ! A plus tard !

Cette fois ci elle s’éloignait vraiment, la reverrait il un jour ? Il l’ignorait …

Il regarda à nouveau l’immense cadran, il était 9 heures 24. Au même moment sa mère l’appela pour lui faire signe que le train était là, ils mirent leurs bagages en soute et rentrèrent dans leur wagon. Il était très lumineux beaucoup de fenêtre se trouvaient sur les parois du train. Ils parcoururent les wagons à la recherche de deux sièges de libres.

Après cinq minutes de recherches ils trouvèrent deux sièges dans un wagon vide. Mathis sortit de son sac Etats des empires de la Lune, tout en prenant le portable de sa mère : il rentra le numéro de Marianne, l’espace d’un instant il était tombé amoureux d’elle. Mais pas assez, il parlait avec éloquence mais sans rime. Il l’appela :

-          Allo, Marianne ? C’est Mathis ça va ?

-          Oh Mathis, tu n’as pas perdu de temps !

-          Oui, je sais, tu es encore dans le train là ?

-          Oui, je vais à côté de Strasbourg, souviens toi dit elle en rigolant

-          A côté de Strasbourg ? C’est quoi ton numéro de train ?

-          Le 26 et toi ?

-          Marianne, tu vas rire mais nous sommes dans le même… Dans quel wagon es tu ?

-          Le deuxième 

Mathis courrait presque dans l’allée, il fit tomber un chariot de friandises, qu’il ne ramassa pas, il était heureux. Il s’était fait une amie. Alors que vingt minutes auparavant il ne connaissait pas son existence, et voila qu’elle était dans le même train ! Le destin existait il ? C’était la seule question qu’il se posait en ce moment précis de sa vie. Il l’a trouva, elle était appuyée, à la fenêtre pleine de buée, il vu dessiné sur la vitre, un cœur avec marqué dedans un M et B… Placé sur ses oreilles, des écouteurs lui envoyaient de la musique, ses yeux brillaient, elle avait pleuré. Mathis s’asseyait à ses côtés…

-          C’est fou n’est ce pas ? On va tous les deux dans la même direction, il faudra qu’on se voit pendant ce week end, tu vas où exactement ?

-          A Ostwald, c’est une ville près de Strasbourg

-          Je me rends à Strasbourg justement… C’est bizarre la vie, on n’avait pas beaucoup de chance de se rencontrer et voila que…

Marianne n’avait pas la tête à parler, il le voyait bien … Mais il continua tout de même…

-          Et ce B dans ce cœur, c’est ton ancien petit ami ?

-          Oui, c’était Baptiste, il a beau avoir été très méchant avec moi je ne peux m’empêcher de l’aimer. Mes amis m’ont dit de l’oublier, je ne peux pas…

-          Oui, c’est triste, des garçons ou des filles comme ça devrait mourir la tête coupée, mais si ça peut te consoler, je sais que je serais capable de faire pareil que toi, si ça m’arrivait, d’être « plaqué », comme ça, tu peux en être sur que je continuerais à aimer la personne pendant longtemps, même si elle ne répond pas à mes appels … Et si un jour tu as besoin de parler, je serais toujours là ! Même si il est trois heures du matin, réveille-moi ! Non je plaisante, laisse-moi dormir ! Mais c’est pour te dire que tu peux compter sur moi …

-          Tu es gentil, mais ne t’inquiète pas… Je l’oublierais enfin je pense, j’espère…

Les larmes sur son visage faisaient leur grand retour … Les chagrins d’amour ce n’est drôle pour personne !

 

Oswald, chez Oryanne, 11h30

Oryanne était dans sa chambre avec Jeanne. Elles parlaient depuis plusieurs heures déjà… C’était une petite chambre mais elle était bien rangée… Les murs étaient peints d’un rose pâle. Son lit se trouvaient au centre de la pièce, il était bien fait, Oryanne avait horreur du désordre… Accompagnés de posters de chevaux, des photos d’elle et Nicolas étaient accrochées par des morceaux de scotchs sur les murs… Jeanne regarda une photo en particulier, elle mettait en scène, Nicolas et Oryanne sur un chemin bordé de prés, le ciel était bleu. Oryanne portait son petit short en jean qui laissait apercevoir ses jambes interminables. Elle portait aussi ses colants violet en laine. Sur ses épaules se trouvait sa petite veste, elle adorait la porter, ça lui donnait l’allure d’une fille rebelle, mais extrêmement sympathique. Elle portait aussi des lunettes de soleil, qui lui donnait plus des allures de mouche qu’autre chose. Son sourire lui montait jusqu’aux oreilles. Mais la photo datait un peu, Oryanne avait les cheveux qui lui arrivaient au milieu du dos… A ses côtés se trouvait son « N’amourr » comme elle aimait le dire. Il faisait à peut près une tête de plus qu’elle. Il était comme d’habitude très chic et très sobre, ses cheveux bruns, étaient coiffés comme ceux des Beatles. Il portait une chemise Lacoste avec, sur sa poche de droite le crocodile de la marque et à côté un pin’s en or, en forme de cheval. Il portait un pantalon Levi’s. Sur son nez se trouvait des lunettes de soleil Armani, qui, elles, n’étaient pas de contrefaçon… Il avait plus l’air d’un homme d’affaire comme ceux que l’on voit dans les gares plutôt que d’un adolescent. Même s’il tenait Oryanne par la main, il ne souriait pas, regardait droit devant lui et avait le regard vide. Est-ce un comportement qu’un adolescent doit avoir à l’égard de sa petite amie ? Jeanne pensait que non, elle avait sans doute raison. Mais comme on dit, l’amour rend aveugle. Jeanne engagea la conversation sur le sujet :

-          Alors, avec ton … Nicolas ça se passe bien ?

-          Oui je suis allé chez lui hier, mes parents étaient chez des amis.

-          Sûrement jusqu’à une heure avancée n’est ce pas ? Je vois des cernes sous tes yeux…

-          Oui, jusqu’à vingt trois heures à peu de choses près…

-          Et… Vous avez parlé de quoi ?

-          On n’a pas beaucoup parlés… De toute façon il suffit que l’on se regarde droit dans les yeux pour comprendre ce que l’autre veut nous dire…

-          Ce n’est pas vrai, vous n’avez pas parlé car non seulement il n’a rien à te dire, mais en plus il ne t’aime pas…

-          Il ne m’aime pas ? Et Caramel tu en fais quoi… C’est un très beau cadeau !

-          Oui, oui, c’est un très beau cadeau, mais la beauté du cadeau ne se voit pas rapport au prix, mais par rapport à l’intention que l’on y met dedans… Un homme t’aimera quand il t’offrira son cœur tu m’entends !

-          Il n’a pas besoin de m’offrir son cœur, je sais qu’il m’aime

-          Oublie le, intéresse toi plutôt à quelqu’un d’autre… J’ai mon cousin qui vient ce week-end, tu veux que je te le présente ?

-          J’ai déjà un mec répondit Oryanne méchamment, je n’ai pas besoin de ton cousin !

-          Oui mais mon cousin, quand il aime une fille, il l’aime vraiment, il ne va pas traîner à droite à gauche comme ton « mec » comme tu dis si bien…

-          De toute façon, il habite où ?

-          Il habite à Alençon et alors ?

-          Et alors ? Jeanne ça ne va pas ? On ne pourra se voir que pendant les vacances et encore…

-          Oui mais lui t’aimera, et tu peux être sur que même s’il habite à plusieurs centaines de kilomètres, il ne te trompera jamais !

-          Où as-tu vu que Nicolas me trompait ?

-          Viens Oryanne, j’ai, j’ai quelque chose à te montrer, j’ai vu ça l’autre jour sur Face  Book … On dirait que mademoiselle Raphaëlle est encore passé par là et j’ai appris que c’est Maxime qui filmait…

-          Maxime, le meilleur ami de Nicolas ? Qu’est ce qu’il a fait ?

Tout en se dirigeant vers son ordinateur, Jeanne répondit :

-          Bah, tu penses que Nicolas t’aime et toi tu l’aimes beaucoup, il n’y a pas de raison que tu lui en veuilles…

Jeanne se connecta sur internet et trouva une vidéo, floue, mais Oryanne compris tout de suite de quoi il en retournait… Maxime filmait, pendant que Raphaëlle et Nicolas s’embrassaient contre un mur, on entendait Maxime dire en rigolant :

-          J’espère qu’Oryanne ne verra jamais ça… Enfin c’est juste pour elle, elle va pleurer comme une madeleine. Et dire qu’elle t’aime … Quelle conne…

Nicolas prit ensuite la parole :

-          Non ne la traite pas non plus comme ça ! Mais disons que oui, elle naïve, comment peut elle penser que je l’aime… Comparé à Raphaëlle… Elle est vingt fois moins belle…

-          Un petit mot Nicolas, si jamais par inadvertance je postais la vidéo sur Facebook…

-          Euh, ouais… Bah salut Oryanne comme tu le vois, on s’aime avec Raphaëlle, ne m’en veut pas mais bon, je t’ai jamais vraiment aimé… J’avais besoin d’une vrai fille pas d’une gamine qui ne pense qu’aux chevaux et à ce chanteur sans talent, de Justin Bieber… Je t’embrasse comme il ce doit !

La vidéo se termina sur ce mot, Oryanne anéantit dût s’écrouler sur une chaise…

-          Excuse moi, mais je devais te montrer cette vidéo, ça fait une semaine et demi qu’elle est sur Internet, tu comprends quand je te disais qu’il ne t’aimait pas ? Ca à dû te faire du mal, mais il le fallait … Je suis sincèrement désolé…

-          Quelle conne j’ai été, je croyais qu’il m’aimait mais en fait c’était du vent… Que faut il que je fasse d’après toi ?

-          L’oublier serais déjà plus judicieux et je pense qu’il faut le remplacer… Comme je te disais mon cous…

-          La ferme avec ton cousin ! Tu n’aurais jamais dû me montrer cette vidéo …

-          Tu penses que le mieux aurait été de te mentir ?

-          Oui, j’aurais été heureuse, laisse moi seule maintenant s’il te plaît…

Jeanne sortit sans un mot et Oryanne l’entendit ouvrir la porte de la maison… Elle partait… Oryanne mit la tête dans ses mains et pleurait à chaude larme, c’était normal ! Elle avait été abusée, une fois de plus, elle releva la tête. Et entendit un bruit comme si on tapait à sa fenêtre… Là, un étalon blanc le suppliait d’ouvrir la fenêtre de son regard, ce qu’elle fit, comme hypnotisée… Sa queue était d’un blanc de nacre, tout son corps était aussi blanc que sa queue. Sa crinière ressemblait à du quartz laiteux. Ce qui étonnait le plus Oryanne s’était la couleur de ses yeux, ils étaient vert émeraude… Aussi, il était entouré d’un halo blanc… Elle commença à le caresser, il n’éprouva aucune résistance. Elle se confia à lui :

-          Tu te rends compte, je croyais qu’il m’aimait, il m’a menti... Comment peut on faire ça ce n’est pas « du jeu » s’il l’on peut parler ainsi … Mais bon… La vie n’est pas un jeu … Il faut se rendre à l’évidence… Crois tu que je dois l’oublier ?

Le cheval provoqua un long hennissement et fit un hochement de la tête.

-          Tu me comprends quand je te parle ? Est-ce que je vais bientôt retrouver quelqu’un c’est ça qui m’intéresse même si, pour l’instant j’aime encore Nicolas…

De nouveau le cheval fit un hennissement… Et se frotta la tête contre Oryanne …

-          C’est qui, dit moi qui c’est ?

Là, le cheval fit non de la tête… « Je suis folle » se dit-elle, je viens de discuter avec un cheval ! Ce coup de massue ne lui avait vraiment pas fait du bien… Elle ferma les yeux quand elle les rouvrit, le cheval aux yeux d’émeraude n’était plus là… Le destin existait t’il, elle ne le savait pas, mais cette « discussion » avec ce cheval l’avait fait réfléchir… Elle s’empressa de prendre son téléphone portable et d’envoyer un message d’excuse à sa meilleure amie, elle avait besoin de son cousin pour oublier Nicolas… Elle parlait maintenant toute seule énervée par la situation :

-          Me faire ça à moi ? Le premier jour des vacances ? Et… cerise sur le gâteau : sur une vidéo… Il ne peut même pas me le dire en face … Que faire… Mais que faire…

 

Alentour de Paris, train numéro 26, 12h27

-          Tu n’as pas faim Marianne ?

-          Euh, si, ça commence…

-          Ne bouge je vais nous chercher des sandwichs…

Mathis se rendit dans le wagon restaurant qui était plein à craquer. Au milieu de la file d’attente se trouvait « l’homme en blanc » il se retourna, lui sourit puis partit dans la direction opposée… Cette fois ci, pas question pour Mathis de le laisser filer, il entreprit de le rattraper, mais trop tard, il avait poussé la porte du wagon d’à côté quand Mathis poussa la porte aucune trace de « l’homme blanc » il décida de l’oublier, et repartit dans l’objectif d’acheter des sandwichs. Cette conversation avec Marianne lui avait fait beaucoup de bien, ils avaient parlés de tout et de rien… Il avait aussi parlé des loisirs de Marianne. Il avait d’ailleurs appris qu’elle adorait elle aussi, les Beatles… Sa chanson préférée était « Hey Jude ». Mathis lui avait offert un remake de la chanson à capella… C’est comme DisneyLand, il faut voir ça au moins une fois dans sa vie… Cet homme le préoccupait… Qui était il, que lui voulait-il ? Il retourna auprès de Marianne qui sirotait un jus de fruits. Ils entamèrent leurs sandwichs en se regardant droit dans les yeux… Il était presque à Oswald, leur petite romance allait bientôt se terminer… Il lui prit les mains, et lui dit :

-          Nous sommes bientôt arrivé, mais la beauté de tes yeux vont m’empêcher de te dire adieu …

Une phrase en rime… Il était amoureux ça y est … Elle lui répondit :

-          Mathis c’est extrêmement beau ce que tu viens de me dire … Mais tu sais mon cœur est  ailleurs et je ne pourrais pas pour l’instant, t’aimer comme Baptiste…

-          Oui, je comprends excuse moi, je ne sais pas ce qui m’a pris, je vais peut être retourné avec ma mère … A plus tard…

-          Attends Mat…

Il était déjà repartit, il détestait les échecs, comment peut-on tombé amoureux d’une fille en cinq minutes je vous le demande…

 

Strasbourg, chez Jeanne, 13h42

Jeanne se préparait, Mathis allait arriver d’une minute à l’autre, elle mit une robe, celle que l’on met pour les grandes occasions, après tout c’était Noël…

Sa robe était rose bonbon, avec ça elle avait l’air d’une princesse. Elle passa autour de son cou son collier en faux diamants… Pour finir elle enfila ses talons-aiguilles, elle avait en deux secondes prise cinq centimètres… Aussi elle était contente, sa copine lui avait pardonné et elle voulait rencontrer Mathis… Une femme d’une quarantaine d’années fit irruption dans la chambre de Jeanne :

-          Jeanne, ma chérie, Mathis vient de m’envoyer un message, ils arrivent dans cinq minutes, il faut que tout soit parfait, tu as préparé son lit ?

-          Oui maman, ne t’inquiète pas…

Le lit ! Jeanne savait bien qu’elle avait oublié quelque chose, elle s’empressa de mettre une couette sur un petit matelas et descendit pour accueillir ses invités. Dans la salle à manger un sapin de Noël avait trouvé sa place près de la cheminée, il s’était fait colonisé par des guirlandes et des boules de Noël multicolores, à son sommet se trouvait une grande étoile d’un jaune d’or…

Une sonnette retentit dans la maison. Jeanne courra jusqu’à la porte pour l’ouvrir, devant elle se trouvait Mathis, Hugues et Tiffany, ils rentrèrent dans la maison les bras chargés de paquets…

-          Tu veux de l’aide Tiffany ? proposa Victor, le mari d’Agathe

Ils réussirent tant bien que mal à monter toutes les valises au deuxième étage…

A peine arrivé, Jeanne proposa à Mathis d’aller dans sa chambre, il avait tellement de chose à se dire depuis la dernière fois…

Ils arrivèrent tous les deux dans sa chambre, elle était assez grande, un grand lit à baldaquin dit « de princesse » était collé au mur du fond, Mathis détestait ce lit, après tout Je

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