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Le boyau, suite et fin par tehel

Le boyau, suite et fin

(suite et fin)

Exténué.

Méchamment fatigué.

Cette vérité l’assomma littéralement.

Il fit encore quelques efforts, et s’allongea.

Se reposer, dormir, attendre...

...

- Hein ? que, quoi ? Steve sursauta et s’éveilla.  Il avait entendu quelque chose.

Il sonda les alentours, pécha le fil de laine et - 23 nœuds, 161 mètres ! et si pour une fois j’avais de la chance ? il tendit l’oreille.  Oui, c’était bien du bruit qu’il entendait.

Il plissa les yeux et il lui sembla que droit devant lui, il apercevait une petite lueur.

Il rampa.  Plus vite.

Plus vite encore.

Il trottina.  Oui, c’était bien de la lumière, plus loin dans le boyau, il distinguait une tache blanche.  Il accéléra encore un peu.

Sauvé, il était sauvé, il avait réussi.

Steve ne ralentit pas sa cadence, mais au fur et à mesure qu’il s’en rapprochait, il comprit qu’il s’était trompé.

Ce n’était pas la sortie, juste un trou d’aération.  Un stupide trou d’aération qui donnait dans la voûte.  Il se pencha sur le dos et regarda en clignant des yeux.

Une cheminée d’aération !  Il estima sa hauteur à deux mètres.  Une simple buse d’une quinzaine de centimètres de diamètre qui perçait le boyau.

Et rien devant !

Malheureux, il tâta son filin de laine et...

Son filin de laine !

Il l’avait perdu !

Dans son empressement pour atteindre la source de lumière, il avait perdu le fil de laine !

Il se maudit en se contorsionnant, à présent, il ne pourrait plus savoir où il en était...

- T’inquiète pas avec ça, rien ne prouve que tes calculs étaient justes, alors...

...

- Allez, bouge, reste pas là !  t’as parcouru plus de 160 mètres, tu peux y arriver, allez, vas-y, montre leur que tu n’es pas un froussard ! Steve releva la tête et ouvrit les yeux.  la lumière l’aveuglait, mais l’air frais lui faisait le plus grand bien.

Complètement fourbu par tant d’efforts, il se décida malgré tout à se traîner un peu plus loin, calculant mentalement la distance qu’il totalisait.

- 162 mètres...

- Han ! han ! han !

- 163 mètres...

- Han ! han ! han ! han !

- 164 mètres... l’obscurité totale l’engloutit à nouveau, la lumière ne fut plus qu’un point au bout de ses pieds tordus.

- Han ! han ! han ! le boyau tourne ! il tourne sur lui-même ! Steve roula de côté et suivit le prolongement du boyau qui se mit à tourner à 90°.  - 165 ! expira-t-il maladivement.

- Han ! han ! han ! han ! han !!

- Han ! han ! han ! han !

- Han ! han ! han !

- 169 !

- Han ! han ! han ! han ! han !

- Han ! han ! han ! han !

- Han ! han ! han !

- 171 !

- Han ! han !

- Han !

- Han !

- Han !

- 1-7-3 ! Steve haletait péniblement quand soudain, comme il entendit le bruit de cascade de plusieurs trombes d’eau, il chuta dans une autre chambre de visite.

L’eau coulait de partout.

Il releva la tête, s’ébouriffa, recracha, toussa, et puis, sans qu’il puisse rien n’y faire il fut entraîné.

Il glissa, tourneboula sur lui-même, enlacé par les flots qui l’emportèrent.

Le boyau l’avala littéralement.

Les pieds en avant cette fois, il sombra un peu plus vite.

Et plus vite encore.  Les parois du tuyau l’éraflèrent de tous côtés, sa tête buta violemment contre le métal froid.

Au loin, presque imperceptible, une voix résonnait.

Une voix étrange...

- Steeeeve ! Steeeeve ! S’époumonaient Denis et ses deux autres amis.

- Tu crois qu’il est là-dedans ?

- T’as vu la laine non ?  Où veux-tu qu’il soit ?

- Il aura osé ?

- Steve est un homme, il n’a peur de rien lui ! lança Fred avec un regard réprobateur.

Les trois garçons encerclaient l’embouchure du boyau qui donnait sur le marais.  Il regardaient les flots tumultueux s’en écouler.

Soudain, comme surgi de nulle part, Steve fut projeté du boyau.

Ca avait été comme si le boyau l’avait vomi.

Il glissa sur la berge, roula à hauteur des trois autres et plongea dans la mare en les éclaboussant.

- Steve ! Steve, bon Dieu !

Denis, Fred et Bart se précipitèrent pour l’aider à se relever.

Steve se redressa, il ouvrit les yeux et vit que ses camarades se penchaient sur lui, les yeux exorbités, des yeux plein d’inquiétude, plein d’admiration...

Il dévisagea Denis, d'un regard lourd et réprobateur, l'autre baissa la tête, honteux et dépité.

 

A dater de ce jour-là, Steve devint le chef incontesté de la Bande, plus jamais aucun de ses trois camarades ne douta de lui.

 

FIN.

 

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Style : Nouvelle | Par tehel | Voir tous ses textes | Visite : 629

Coup de cœur : 8 / Technique : 11

Commentaires :

pseudo : ifrit

Aha ! Bien joué Steve, mais quelle bête idée de vouloir impressionner !