Dans les rues désertées,

Point de passant qui fume,

Ni de dagues acérées,

Dans les paniers percés.

Les vélos fatigués,

Ne rêvent que de rustines,

Pour leurs pneus dégonflés,

Poumons vite essoufflés.

Dans quelques coins de rues,

Des marchands au teint pâle,

Vendent des bouts de lune,

Débitée en quartiers.

Au loin, les tours surveillent,

Les nuages verdâtres,

Qui planent sur les égouts,

Ronflants et condamnés.

Les tourbillons d’odeurs,

Rôdent en rasant les murs,

En quête d’un mauvais coup,

D’une bonne asphyxie.

Les oiseaux trop ventrus,

Regrettent même leurs ailes.

Qu’il est dur de voler,

Quand le ciel est si laid.

Les balançoires rouillent,

Dans les cours des écoles,

Les préaux inutiles,

N’ont jamais vu la pluie.

Et les marchands de clous,

Eux aussi font grise mine,

Les fakirs sont partis,

Sans leurs planches vermoulues.

On invente des Dieux,

On prie et on les aime,

Mais on les hait bien vite,

Quand les miracles fuient.