Il avait longuement tergiversé avant d’en arriver là, maintenant il est sur que c’est la bonne décision. Il ferme les yeux et se remémore sa vie.

Il est né trente-cinq ans auparavant dans la banlieue de Paris d’un père banquier et d’une mère sans emploi. Quand il avait quatre ans, il était allé, avec sa mère, rendre visite à son père à la banque. C’est son plus lointain souvenir. Au même moment, trois hommes cagoulés et lourdement armés étaient entré dans la banque pour un hold-up. Cela c’est passé très vite, ils ont réuni tout le monde, clients et employés, dans un coin. Ils ont forcés le patron à leur donner tout le liquide mais, alors qu’ils s’apprêtaient à sortir, un otage a sortie un inhalateur de la poche intérieure de sa veste. Croyant à une arme, les malfrats ont tirés dans le groupe d’otages. Un véritable bain de sang. Il s’en était sortie grâce à son père qui a offert son corps aux balles afin de le protéger. Personne ne sais ce qu’il est advenu des malfaiteurs. Ce souvenir l’a marqué toute sa vie.

Plus tard dans son enfance, il s’était passionné pour les énigmes et pour la mythologie. Naturellement il connaissait par cœur l’histoire du Sphinx tel qu’elle est écrite par les grecs. Il avait était un élève brillant mais le souvenir du sang avait continué à le hanté. Une fois ses études terminées, il était devenu serrurier.

A vingt-trois ans, il devint le Sphinx, le plus grand tueur en série de l’Histoire française. Sa première victime fut une femme. Il y en eu beaucoup d’autres. Il capturait ses proies après les avoir longuement observées, il les enfermait dans des lieux isolés, où personne ne pourrait les entendre crier. Il leur soumettait une énigme en leur disant de bien réfléchir car ils ne pourraient faire qu’une seul suggestion et s’ils se trompaient... Personne ne trouvait jamais la réponse, il était trop préparé pour cela. Il leur gravait l’énigme dans le dos avant de les saignait lentement. Il devint en quelques années le tueur en série le plus recherché de France. Mais il ne laissait aucun indice, il nettoyait toujours tout. Un homme s’était pourtant lancé à sa poursuite, la crème de la crème des inspecteurs, douze ans qu’il le traquait sans résultat.

Mais tout ça c’est fini se dit-il en ouvrant les yeux. Le poids des remords avait fini par le rattraper, par l’écraser. Il fit un pas en avant et sauta dans le vide. Cinquante-trois étages, il ne s’en sortira pas cette fois, son père ne pourra pas le protéger.

L’inspecteur Jones arriva sur les lieux quinze minutes après qu’on l’eu appelé. Un suicide.

            -Ah ! Inspecteur, vous voila. Un officier en uniforme se tenait devant un amas de chaires sanguinolentes écrabouillées au sol. Pas beau à voir hein ? D’après les papiers retrouvés sur lui, la victime s’appelait William Bakler, c’est un serrurier qui réside dans le centre de la ville. Tenez, il avait ceci sur lui.

            L’officier tendit une enveloppe en papier kraft sur laquelle le nom de l’inspecteur Jones était marqué. Ce dernier la pris sans un mot et l’ouvrit. Une clef ainsi qu’un mot manuscrit tombèrent dans sa main. Il lu le mot en écarquillant les yeux de plus en plus au fil de sa lecture.

Monsieur l’inspecteur, voila bien longtemps que nous jouons

ensemble, douze ans il me semble. Mais ce jeu s’arrête aujourd’hui et

c’est moi qui ai gagné. Vous trouverez chez moi toutes les preuves de

ma culpabilité, mes Trophées. La clef est celle de mon coffre-fort, il

contient un cadeau pour vous qui vous êtes acharné à ma poursuite

sans jamais baisser les bras, pour cela je vous félicite.

Je suis votre dernière énigme.

Le Sphinx                               

Une demi heure plus tard, il arriva chez Bakler, il vit tout de suite, bien en évidence sur le sol du séjour, les Trophées. Des mèches de cheveux collés à des morceaux de papiers sur lesquelles étaient inscrites des énigmes.

-Envoyer cela au labo, je veux une confirmation pour chaque victime.

-Bien monsieur, lui répondit un agent anonyme.

Il alla jusqu’à la chambre et vit le fameux coffre-fort. Il inséra la clef dans la serrure, tourna et ouvrit le coffre. En entendant le déclic, il comprit la dernière énigme du Sphinx, trop tard…