Réveil difficile ce matin, j'ai l'impression d'étouffer dans mon appartement. Tout semble si exigu, si encombré et lourd. Je me sens mal, je me sens vide. Dès aujourd'hui je dois faire ceci, faire cela, une multitude de choses à faire. Comment aménager le temps afin, malgré tout, de préserver le ressourcement vital ? Une vague de déprime m'engloutit. J'ai mal. Je me sens déjà en manque d'amour et de nature. Indispensable de retrouver une source nourricière au détour de la vie quotidienne.

Il est dix heures, le clocher de l'église agréablement carillonne. A travers la généreuse surface vitrée de la cuisine, je contemple le côté préservé de la ville. La colline se blottit dans une végétation abondante et sauvage, souffle de fraîcheur pour l'été, mélange de teintes l'automne, apaisement enneigé hivernal, théâtre de verdure au printemps. Vivre en accord avec les cycles naturels, en dehors, en dedans. Ouvrir les portes de son intimité à la puissante nature-mère pour que son pouvoir guérisseur nous soutienne dans une vie authentique. Intégrer la simplicité sauvage dans nos maisons citadines.

Pourquoi toujours assimiler le bonheur aux biens matériels ? Serions nous conditionnés, habilement guidés vers ce type de croyance, solidement ancrée ? Désencombrement. C'est le mot qui s'impose. L'expérience sauvage et dansée a été une révélation de simplicité.

Légèreté du néant, aérien volatile. Constance en son centre, force et puissance. Stop, recul. Prendre du recul. Se poser pour faire le vide et attendre sans crainte le message du vent. Si ma maison est encombrée mon esprit l'est aussi. J'ai besoin d'expirer l'ancien pour inspirer le nouveau. Revenir à l'essentiel, me libérer du poids des possessions matérielles qui encombrent. Sensation de lourdeur, impression écrasante, pesante, tous ces objets auxquels je me raccroche sans raison. J'imagine qu'ils sont source de bonheur puisqu'ils évoquent des souvenirs radieux, mais en réalité leur magie ancienne s'est éteinte. Je me sens contrainte de les conserver à tout prix, de les honorer, même si mon intuition me suggère de les abandonner. Il y a tant d'objets que nous possédons et qui paradoxalement nous dépossèdent. Ils nous subtilisent l'énergie vitale. L'énergie créatrice est absorbée et transformée : elle devient peur de perdre, soif de gagner, fierté de posséder et ambition démesurée. Il est temps pour moi de jeter l'inutile, de me débarrasser du superflu. Je me sens prête à me séparer pour me retrouver.

La maison citadine est cloisonnée, énormes blocs de béton mais tous les éléments avec lesquels j'ai dansé y sont maintenant présents. Je me sens en contact avec l'essentiel. Chaque marche dans la montagne environnante est l'occasion offerte par la nature, de prélever une pierre-poisson, une sculpture-bois, une poignée de terre. La créativité permet de subtils mélanges entre nos vies matérielles et nos vies spirituelles, entre le monde visible et le monde des vibrations. Les couleurs ainsi créées embellissent l'existence de touches symboliques. J'ai osé intégrer une note sacrée dans ma vie.

Contemporaine et sauvage
Épurée et chaleureuse
Ma maison est vide
Ma maison est pleine