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En haut des marches. par cymer

En haut des marches.

   En haut des marches:

 

   Il existe un endroit magnifique et inconnu, né de l' imaginaire d' un fou, un endroit magique puisqu' il n' existe sur aucune carte. Cet endroit ne se découvre qu' en montant au dessus des brouillards, en traversant parfois d' épais nuages à l' aide d' un gigantesque escalier taillé dans la roche d' un pic montagneux incroyablement haut.
A chacune de ces marches, toutes égales, on se repend de toutes ses erreurs, une par une, souvent sous une pluie battante et des vents violents. Un nombre de marches impensables qui s' enchaînent dans un perpétuel virage sans garde corps.

   Beaucoup sont tombés dés les premières marches, certains se sont relevés et ont continué, d' autres sont tombés de bien plus haut, persuadés qu' ils allaient bientôt y arriver, alors ces gens ont disparu dans un vide vertigineux qui étouffait leurs cris de désespoir.
Seul un fou sain d' esprit peut réussir à faire la part des choses entre le mal et le bien, entre ses bonnes et mauvaises actions sans ciller. Le mal et le bien échangent souvent leurs vêtements et voilà bien la difficulté à les reconnaître. Souvent dans ce bal masqué, on se perd, et on se tourne vers les cornes diaboliques qui parfois cachent une auréole de lumière.

   En entrant à l' intérieur des nuages, les pensée s' évadent, et l' espace temps s' inverse, ainsi on perd tout repère, comme dans une gigantesque dépression. Les marches défilent à contresens, on avance à reculons, on divague dans nos dérives, on se croit dans une barque à ramer dans le mauvais sens, comme dans les plis d' un cerveaux dépressif.

   Mais il faut avancer, toujours avancer, ne pas perdre le fil, ne pas se laisser aller, rester en équilibre entre la foudre et la tempête qui nous malmène. C' est à devenir fou, mais on s' en fout, puisqu' on n' est déjà fou, sinon on ne serait pas là. Ne pas tomber, ne pas vaciller, réfléchir tant bien que mal à chaque marche, s' agripper aux rochers, à des liens en dur avec la terre.

   On est toujours seul sur cette montagne, parce qu' il faut être seul dans certaines ascensions, parce que certains défis sont personnels et qu' on ne peut les affronter que seul.
Le corps et l' esprit peuvent parfois se dissocier, c' est à ce moment là qu 'il faut monter les marches et refaire le lien, comprendre enfin, connaître ce que nous sommes. Dans cette longue escalade il faut inévitablement subir et ne jamais se plaindre, ne jamais parler même. Quelquefois l' escalier disparaît dans les brumes et on se sent marcher sur les nuages, au risque de chuter. Il n' y a pas de fil d' Ariane sur ce chemin, si on recule on est perdu à jamais, comme l' espace temps qui ne recule jamais non plus.
Il ne faut pas chercher à choisir car on n' a pas le choix, une fois qu' on a compris ça on sort vite des brouillards dépressionnaires, un peu pliés mais vivants.

   Au dessus des nuages s' étend un ciel lumineux, un vide immense rempli de lumière que seul un pic étroit signe comme une déchirure sur un livre saint. Et cet escalier qui monte encore et encore, mais vers la délivrance cette fois. Les marches se font légères et en dessous de nous rugissent les épreuves passées, comme un mélange de mélasse et de poussières malsaines, l' image d' une partie de notre vie qu' on laisse derrière nous avec plaisir et sans regret aucun.

   L' ascension se fait agréable, sans efforts, pour ceux qui acceptent le changement. Certains sont tombés de bien haut, lorsque sortis de la pénombre, se sont fait éblouir par une lumière trop forte, n' ont pas saisi leur chance d' accéder au sommet.
Pour les autres, rendus plus forts par les expériences des marches inférieures, la cime approche à grands pas et l' escalier se resserre dans un tourbillon de marches presque neuves, brillantes, que peu de personnes ont empreinté.

   La dernière marche, la dernière de toutes, l' ultime marche, celle qu' on attend toute sa vie sans le savoir, celle de la libération. Certains s' y sont cassé les dents dans la précipitation et ont du tout recommencer, alors lentement, sans se presser, on passe cette dernière marche, et dans un souffle divin, on se retrouve étonné de se retrouver perché sur la pointe d' un pic, sans aucun vertige, face à un pupitre ou figurent des pages blanches.
Des pages blanches, pour écrire, écrire des textes, des partitions, des dessins, pour formuler l' histoire, une des histoires, du monde perdu d' où l' on vient, pour que quelqu' un là-haut en tienne compte pour la suite.

   Oui il faut être fou pour aller remplir ce bouquin, mais véritablement responsable pour ne pas ternir ses pages sacrées. Chaqu' un de nous possède un grand livre à son nom, et c' est un fou véritablement responsable qui en noircit les pages, une par une, selon ses idées, une par une, et on n' y peut rien, de ne pas être assez fou pour monter nous même écrire sur les livres des autres.

 

                                                  M.A

 

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Coup de cœur : 9 / Technique : 9

Commentaires :

pseudo : féfée

La grande aventure de la vie. Je m'y suis retrouvée. Un écrit vraiment superbe ! Grand cdc