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Journée des adieux à la danse par Claire Selva

Journée des adieux à la danse


Jour du départ : c'est la fin, mais aussi le commencement. Chaque jour de ma vie sera dorénavant emprunt des six éléments avec lesquels j'ai dansé. Ce matin je me rends au champ de pierre pour la dernière méditation. Ensuite mon esprit d'organisation reprendra les commandes pour rythmer la journée du retour à la « vie du dessus » : voyage en petit camion jusqu'à l'arrêt de bus, voyage en car jusqu'à la gare de Montpellier, voyage en train jusqu'à la gare de Grenoble, voyage en auto jusqu'à la maison. J'ai peur, car il me semble que le passage d'un monde à l'autre sera violent : reprendre le pli d'une vie classique, cela va de soi, mais surtout veiller à perpétuer la qualité d'écoute sauvage malgré un environnement hostile.

Il est l'heure de démonter la "maison-tente". J'ai besoin de prendre le temps, énormément de temps. Chacun de mes gestes est effectué en conscience des liens que j'ai créés avec l'ancêtre respirant dans mon ventre. L'opération pourrait s'avérer douloureuse si je la vivais dans le regret d'une expérience achevée. Il n'en est rien. Belle victoire d'être en mesure de ne pas s'attacher à ce que l'on croit posséder. Ainsi la peur de perdre n'existe plus. Je comprends maintenant que rien ne m'appartient, pas même les créations artistiques que j'ai réalisées cette semaine, c'est pour cela que je ne les emporterai pas.

Nature-Mère, je te remercie pour ton accueil inconditionnel.
Terre : je te rends hommage en t'offrant la déesse que j'ai sculptée.
Bois : je t'exprime ma gratitude en te laissant le grand bois avec lequel j'ai dansé.
Eau : voici la fontaine que j'ai créée pour toi.
Pierre : je t'offre mon caillou préféré, celui que j'ai fait rouler au creux de ma main.
Air : accepte cette composition d'herbes sèches qui dansaient dans ton vent.Feu : voici les feuilles rouges rares en été, que j'ai rassemblées pour te symboliser.

Mon sac sur l'épaule j'emprunte
en paix, le petit sentier de terre qui rejoint la grande maison. Je laisse derrière moi, libre, la terrasse de la forêt qui a accueilli ma "maison-tente". Elle respire pour régénérer son herbe verte. En chemin je remercie. Merci à mon enfant artiste pour sa confiance, merci à au groupe pour sa créativité à fleur de peau, sa simplicité pétillante et sa passion énérgisante.

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Style : autre | Par Claire Selva | Voir tous ses textes | Visite : 310

Coup de cœur : 7 / Technique : 8

Commentaires :

pseudo : Mignardise 974

Toujours difficiles, les adieux mais peut-être nécessaires. Il ne peut pas y avoir d'allée sans retour