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Un Morceau de Souvenir par jordanK

Un Morceau de Souvenir

Je vais vous raconter une histoire, mon histoire. Certains me prendront pour un fou, d’autres me croiront sur parole…Mais libre à vous de croire ce qui vous aidera à mieux dormir la nuit.
Je me souviens encore de cette journée de juin 2009, le 12 si ma mémoire est juste.
Mon réveil hurlait déjà aux premières lueurs du jour. Je mis au moins une demi heure avant d’émerger et de réaliser que j’allai être en retard au boulot, que d’ailleurs je détestais! Au début, on supporte toutes ces odeurs de friture, de graisse, on se dit, le mCdo « c’est tout ce que j’aime » mais on réalise vite que cet endroit n’est qu’agréable que lorsque l’on se trouve de l’autre coté du comptoir.
Après avoir fini de me préparer, je sortis enfin de chez moi.
Je traversais la rue à une vitesse effrayante, les numéros de bâtiments défilaient devant mes yeux, Je courais, l'herbe était souple et rebondissait a chacun de mes pas, je marchais même dans une flaque d’eau qui m’éclaboussait, salissant mon pantalon et mes chaussures. 
 J’arrivai enfin sur mon lieu de travail, j’avais eu la chance d’être pris dans la même équipe d’employés que Josh, mon meilleur ami. Il était vraiment un ami incroyable ! Malgré nos différences, nous étions inséparables, comme des frères. J'étais de nature assez réservé, mais Josh, lui, était un véritable fêtard ! Il se pointait toujours en retard au boulot et je parle d’heures entières d‘absences, Même à la fac, c'était un vrai paresseux ! Il ratait tout ces examens semestriels et gardait malgré tout une pèche incroyable ! C’est un ami que je n’oublierai jamais!
Lorsque je me rendis dans les vestiaires pour enfiler mon uniforme,  je fus  surpris de voir qu'aucun des employés ne m'étaient familiers, je ne comprenais pas ce qui se passait! Josh avait l’habitude d’être en retard, mais Julie, Maxime et Antoine étaient toujours là, à la première heure. 
Je me dirigeai confus vers le bureau du responsable car je voulais comprendre ce qui se passait, pourquoi mes collègues n’étaient pas la. 
Mr Forgez était un homme plein d'assurance. Tous les employés étaient intimidés par sa forte carrure, et cette moustache noire et énorme qui envahissait son visage mais, pour je ne sais quelle raisons, il faisait preuve d'une gentillesse sans pareille à mon égard. Alors, quand je frappai à sa porte et qu'il m'ouvrit, je ne fus pas surpris de le voir sourire mais lui semblait plutôt déconcerté et me demanda :
« Kyle ? Qu’est-ce que vous faites la ? Il me semblait vous avoir libéré aujourd’hui.
- Pardon? Sauf votre respect monsieur je ne comprends pas, c’est un jour de travail ordinaire, je viens travailler ici tout les lundis, mardis et jeudis de la semaine, cela a toujours été ainsi. Pourriez vous m’expliquez, car pour l’instant je suis assez perdu je dois dire…
- Eh bien, hier, vous n'étiez pas là car vous deviez passer votre examen de conduite, donc j’ai demandé à votre ami, Josh de vous le faire savoir au plus vite, il ne l’a pas fait c’est sa?
- Eh bien monsieur s’il l’avait fait je ne serais pas là en ce moment même… »
Je le remerciai, ne sachant même pas pourquoi et m’en allai troublé.
  Josh m’avait vraiment lâché sur ce coup, cela lui était déjà arrivé d’oublier de me dire certaines informations, mais cela remontait au collège où il ne me donnait les devoirs que très rarement mes jours d'absence, mais le problème était là, il ne s’agissait plus de deux enfants mais d'adultes responsables. Je me décidai alors à me rendre chez lui pour lui exprimer le fond de ma pensée. Je détestais ces moments là ou je savais qu’une dispute était à prévoir et que je ne pouvais rien faire pour l’empêcher, Il fallait pourtant qu’il comprenne qu’il ne s’agissait plus d’histoires futiles de bac à sable. 
Je n'avais de toute manière rien prévu de la journée à part travailler et rentrer chez moi pour me faire un de ces plats cuisinés  qui ne me procuraient plus aucunes saveurs, donc je me mis rapidement en route vers la maison de Josh.
Depuis notre enfance, nous avions un code spécial, lorsque l'un passait chez l'autre à l'improviste, nous devions toquer deux fois à la porte, attendre cinq secondes et donner un dernier coup deux fois plus fort que les précédents. Alors, pour respecter notre tradition, je procédai comme toujours et attendit une réponse.
Une, puis deux, puis dix minutes passèrent avant que Josh m'ouvrit la porte, l'air vanné. Il avait les cheveux deux fois plus hérissés que d'habitude et des poches énormes qui dessinaient le contour de ses yeux. Il avait surement dû passer une nuit agitée, où alors était t'il aller en boite comme à son habitude, mais le connaissant, la deuxième option me paraissait la plus plausible.
Je le laissai reprendre ces idées à l'aide d'un bol de lait chaud avant d'entrer en terrain miné et de lui lâcher un énorme soupir d'agacement suivi d'un :
« T'aurai pas oublié quelque chose par hasard?
Confus, il me répondit : 
- Euh, je ne vois pas, tu pourrais m'éclairer?
- Tu vas voir c'est une histoire marrante, ce matin je me suis préparé en exactement 10min pour ne pas être en retard au BOULOT…
- Oui, et ?
- Tu ne remarques rien ? Pourquoi serais-je chez toi alors que je…que NOUS sommes supposés travailler aujourd'hui?
-Je…tu….euh….Oh ! Désolé Kyle ! J'ai complètement oublié de te prévenir qu'on ne travaillait pas aujourd'hui ! T'es pas trop énervé ?
- Non, pas du tout ! J'ai juste gaspillé une journée pour rien mais à part ca je vis un rêve ! 
- Kyle, J'suis vraiment désolé, vraiment ! Mais tu sais quoi, je voulais passer de voir dans la journée pour te demander de venir avec moi au concert des Sonata Arctica ce soir, c'est un groupe de Rock qui déchire ! Il faut vraiment qu'on y aille! »
- Je ne peux pas ce soir ! J'ai pris trop de retard dernièrement et il faut que je rattrape tous mes cours 
-Mais c'est l'occasion rêvée ! Tu ne travaille pas aujourd'hui ! Donc rentre chez toi repose toi une petite heure et travaille toute la journée ! Comme sa t'auras bien mérité une soirée de détente
-Je ne vois vraiment pas ou est la détente dans tout cela ! Le groupe que tu veux aller voir ne fait pas de musique, ces barbares ne font que du bruit qui use les oreilles et les tympans, la seule chose à y gagner est un mal de tête carabiné!
-Arrête avec tes mots venus d'une autre planète et viens avec moi ce soir ! Tu va voir on va s'éclater
Josh tenait vraiment à ce que j'y aille avec lui, et il avait raison, j'avais besoin de me changer les idées ! C'est pour cela que j'acceptai de m'y rendre avec lui le soir et rentrai chez moi pour m'avancer dans mon retard.
La journée passa à vive allure, je ne voyais pas les heures défiler car je devais absolument rattraper mon travail ! Fiches d'arrêt, code civil, code de commerce, tout y passa ! Je devais absolument être opérationnel pour mes examens semestriels qui d’ailleurs étaient la dernière des préoccupations de Josh. Mais il est vrai qu’entre deux articles du code pénal, je pensai malgré moi à cette soirée dont il m’avait parlé. Il m’avait dit de le rejoindre devant la salle de l’Elysée Montmartre, munit de 35€ et de vêtements appropriés à ce genre de musique. Alors, curieusement je fermai mes cahiers de cours et me précipitai d’aller chercher dans mon armoire et essayais de dégoter quelques vêtements que je ne me serai jamais permis de mettre habituellement. Je trouvai à l’intérieur une espèce de jean noir orné de chaines qui pendaient à partir de la ceinture. Non loin de là, une vielle veste en cuir que j'avais hérité de mon défunt grand père se laissait apparaitre au milieu de tout le désordre qui régnait dans ce bahut. Alors je me décidai à enfiler ces vieilleries ainsi qu’un t-shirt noir. J'avais à peine fini de m'habiller que je me rendis à la salle de bain pour me mettre du maquillage sombre ainsi qu'une demi tonne de gel dans les cheveux, j'essayais de le fondre de la masse.  
L’heure de rejoindre mon ami était venue. Je verrouillai la porte de chez moi avant de sortir et de siffler le premier taxi qui se présenta
Je me regardai à travers le rétroviseur et fus surpris par l'image que me renvoyait le miroir, je ressemblai à ces étranges personnes qu’on surnomme « punk » qui se dévoilaient à la rue comme des cinglés excentriques et qui se fichaient de l’image qu’ils donnaient d’eux à la population, mais après tout, j'essayais seulement de m'adapter donc mon apparence était justifiée.
J'arrivai enfin devant la salle de concert, l'entrée était vraiment agréable à regarder, les portes étaient assez banales, en bois blanc, certaines étaient à double vantail pour laisser passer plus de monde, mais ce qui me captivait d'avantage était cette espèce d'ancienne gravure en pierre qui représentait  une femme , on aurait dit qu'elle était emprisonnée à l'intérieur de la pierre . Je voyais bien que cet immeuble était ancien car une espèce de verdure décolorée avait poussée sur le haut de la statue, c'était vraiment plaisant.
Comme il faisait déjà nuit et que j'étais complètement absorbé par cette statue, je ne reconnus pas la main qui touchait soudainement mon épaule alors je fis un petit sursaut. C'était Josh qui m'avait rejoins.
« Ah, tu m'as fait peur 
- Tu rigoles j'espère ? Il me fit en rigolant. Tu t'es échappé de la famille Adams avant de venir ici ? C'est plutôt toi qui fais peur à voir ! 
- Mais comment ça ? Tu m'as bien dit de me préparer pour un concert de métal non ?
-T'as vraiment besoin de sortir un peu plus ! C'est fini l'époque maquillage noir et tout le reste ! Le métal, c'est juste un genre de musique super ! 
- Bon, eh bien tant pis, j'irais me "démaquiller" plus tard ! 
Après avoir eu beaucoup de mal à trouver des places, nous nous asseyions enfin et le concert commença. J'essayais d'apprécier la musique que ces étrangers produisaient mais c'était plus fort que moi , les bruits de la batterie faisaient trembler les murs , un des chanteurs ne cessait de hurler dans son micro , ses cheveux blonds étaient d'une longueur étonnante et ils paraissaient sales , je n'étais vraiment pas à l'aise , mais bizarrement , les rares moment où je réussissais à faire abstraction du bruit , je regardais les recoins de la salle qui me paraissaient familiers , j'avais l'impression de connaître cette structure métallique qui retenait le plafond , et ces fauteuils me donnaient un sentiment de confort , malgré le vacarme qui agissait autour de moi.   
Une vingtaine de minutes plus tard, je trouvai heureusement un prétexte pour m'éclipser un instant. J'avertis Josh que je me rendais aux toilettes pour essayer de me débarrasser de mon déguisement absurde, il me répondit par un signe de tête mais je sentais bien qu'il était complètement absorbé par la musique. 
En me rendant vers les toilettes, je fis les frais de quelques bousculades et je fus même entrainé dans une sorte de danse rituelle appelée le "pogo"' c'était vraiment effrayant. Je me dis que je demanderais à Josh de m'en dire plus sur cette danse étrange quand je reviendrais. J'arrivai enfin dans les toilettes. 
Après avoir poussé un énorme soupir de soulagement, je  me demandai comment est-ce qu'on pouvait supporter ce genre de musique barbare.
J’entrai enfin dans les toilettes pour me rafraichir le visage avec un peu d’eau, mes idées se remettaient en place, j’avais les oreilles qui se débouchaient peu à peu et les battements de mon cœur ralentissaient calmement. 
J’allai commencer à enlever tout ce maquillage lorsque soudain, l’ampoule qui éclairait la pièce explosa, tous les bruits qui s’échappaient de la scène disparurent, il n’y avait plus aucune électricité. Je réalisai en sortant des toilettes que le problème ne s’arrêtait pas là, tout L’Elysée Montmartre était plongé dans un noir profond et inquiétant.  
Comme je ne voyais absolument rien, je sortis mon portable pour essayer d’éclairer la salle comme je le pouvais, et c’est la que mes yeux assistèrent à une scène tellement mystérieuse qu'une angoisse soudaine s’empara de tout mon être. Je croyais être en train de faire un de ces rêves oppressants dont on à une seule envie, s'en réveiller. J’avais devant moi un véritable tableau, tout était comme je l’avais laissé, littéralement. Tout était immobile, les gens comme pétrifiés, un guitariste du groupe était même suspendu dans les airs, une main vers le haut, comme si il sautait pour affirmer son talent, mais tout était parfaitement inerte. Même Josh se trouvait inactif, il était figé comme les autres, ses yeux ne clignaient pas, il semblait être omnibulé par la musique. Je craignais que cette impression soit la dernière que j’aurais de mon meilleur ami. 
Je savais qu’aller à ce concert était une mauvaise idée, et voila que je me retrouvais dans une géante salle avec 3 000 personne inanimés et figés pour je ne sais quelle raison ! Mais par-dessus tout, je ne comprenais vraiment pas pourquoi j’avais été épargné de cette paralysie collective ! Pourquoi est-ce que je n’étais pas figé comme les autres ?  
La lampe torche de mon portable ne me permettait pas de voir correctement, donc je me déplaçai dans les rangs, je remettais les personnes dans des postures confortables, au cas où elles se réanimaient. Je me rendis sur la scène pour ramener au sol ce guitariste qui semblait si fier de son solo!
Du haut de la scène, j’eus une vision encore plus étrange, un petit garçon était là, tout ce qu’il y à de plus vivant, il était jeune, blond et semblait innocent. À priori, il était âgé cinq ans. Que faisait ‘il dans un endroit pareil ? Et pourquoi n’était il pas figé comme moi ?  C’est en m’approchant de lui que je remarquai qu’il me fixait moi, moi et personne d’autre, il ne semblait même pas réaliser ce qui se passait, il était comme subjugué par le simple fait de me voir. Son visage me disait quelque chose, peut être le connaissais-je ? Je lui demandai qui il était et si il savait ce qu’il se passait ici mais le petit me fuit, alors je décidai de le suivre pour voir si il pourrait m’aider d’une façon où  d’une autre.
Ce qui m’étonnait chez lui, c’est qu’il me fuyait mais il semblait m’attendre à chaque fois, comme si il voulait de moi que je le suive
Il me faisait traverser tous les recoins de la salle, les sièges, les coulisses, Je ne comprenais pas comment est-ce qu’il connaissait aussi bien les lieux , il n’avait que cinq ans , enfin d’après moi.
J’étais à bout de souffle et mes pieds étaient en feu. C’est après dix longues minutes de course que le petit s’arrêta enfin. Il ne paraissait pas fatigué, même en plein éveil, mais j’arrivai à discerner un mal être dissimulé qu’il ne semblait pas pouvoir exprimer. Alors je lui demandai si quelque chose lui était arrivé mais je n’eus pas de réponse…
L’endroit où nous nous trouvions était sombre. C’était un espèce de couloir sombre sans aucunes lumières. Il n’y avait qu’une seule fenêtre où j’apercevais au travers une nuit pluvieuse et orageuse. Chaque éclair qui retentissait me faisait sursauter, ce qui faisait apparaitre un léger sourire chez l’enfant mais l’atmosphère restait pesante. Soudain, il se remit à marcher, mais cette fois-ci, il me montra une porte de son petit doigt tout mince. Cette fois c’était sur, c’était la qu’il fallait que je me rende pour comprendre ce qu’il se passait réellement.
Avant d’entrer, je demandai au petit garçon comment il s’appelait, car son visage me rappelait vraiment quelqu’un. Alors, avant de fermer la porte derrière moi, il me dit de sa toute petite voix :
« Tu sais qui je suis…Tu m’as juste oublié.
- Mais comment est-ce que... »
Il referma la porte sur moi. 
J’étais seul, face à un escalier qui descendait vers le bas. Avant de m’aventurer dans ce lieu inconnu, je pris un moment pour réfléchir. Tout cela me semblait irréel, qu’allait t’il m’arriver ? Et comment m’étais-je embarqué dans toute cette mascarade?
Pris d’effroi, je décidai de prendre mon courage à deux mains et de descendre ces marches sombres .Après tout, c‘était le seul moyen pour que cela cesse.
La rampe grinçait, les marches étaient sales et ébranlées et, à en juger l’odeur, je devinais que les escaliers menaient au sous sol de l’Elysée Montmartre.
Il me suffit de rater une simple marche pour dévaler le reste des escaliers sur les fesses et atterrir dans une pièce vraiment sale, l’odeur était nauséabonde et me brouillait la vue.
J’essayais d’avancer malgré mes jambes tremblantes et mon estomac qui se serrait de plus en plus.
A ma grande surprise, je retrouvai ce petit garçon, ce même petit garçon qui avait refermé cette grande porte derrière moi, alors pourquoi était-il là ? Etrangement, il dégageait cette fois une expression totalement différente de celle qu’il avait laissé paraitre au cours de notre petite aventure. Il semblait abattu, triste. Le pauvre enfant n’était plus le même, il était assis dans le coin d’un mur, ses vêtements étaient déchirés…Je m’approchai de lui et aperçus même des larmes dans ses petits yeux bleus.
Alors je décidai de le prendre dans mes bras et de m’en aller avec lui pour le tirer de cette torpeur dans laquelle il était enfermé, mais je m’aperçus qu’il n’était pas le seul à être emprisonné. Après que j’eus saisi l’enfant et remonté les escaliers rapidement, la porte par laquelle j’étais entrée était verrouillé, mais nous étions pourtant les seuls…Alors je redescendis pour trouver une autre issue et, soudain, je me retrouvais face à face avec un homme monstrueux. C’était un vieil homme d’à peu prés 65 ans. Je n’aperçus que son dos. Il était de très forte corpulence et ses cheveux hirsutes et gris me faisaient rappeler ces fous que l’on voit à la télévision dans les hôpitaux psychiatriques. J’essayai de voir à quoi il ressemblait mais le masque qu’il portait recouvrait tout son visage.
J’essayais de reculer sans faire de bruit mais mon pied frôla une vielle bouteille en verre qui roula jusqu’à ses pieds.
Je fus pris de terreur, je me disais que mon heure était arrivée, cette étrange et terrifiante aventure allait s’arrêter là pour moi. Quand le vieux fou se retourna vers nous, à mon énorme surprise, il ne sembla pas me voir. 
Je ne comprenais pas vraiment comment cela était possible, mais un soulagement énorme s’empara de moi! C’est après que je pensais au petit, il l’avait vu, et je ne pouvais rien faire. Il saisit l'enfant violement et, je ne saurais comment l’expliquer, mais une espèce de force m’empêchait d’intervenir, c’est comme si cela devait arriver.
J’assistai alors à la scène la plus traumatisante de toute ma vie. Je n’oublierai jamais la vision de cet enfant en train de se faire malmener, attacher et bayonner par ce monstre qui ne semblait avoir aucune conscience. Cette abomination ne cessait de le persécuter. Mon regard était pathétique, mes jambes impuissantes, mon cœur en morceaux. Le petit gardait les yeux ouverts mais ne me regardait plus, son regard était uniquement attaché à cette ombre noire qui le tourmentait sans cesse.
Comme il croyait être seul, le vieux fou retira sa cagoule et là…Je restais épouvanté devant son visage…Mes muscles se crispèrent…Mes genoux qui ne tenaient plus me lâchèrent, je m’écroulai au sol, mes lèvres tremblaient. Ce visage, je le connaissais
Tout cela était arrivé, ce n’était pas une réalité mais seulement une illusion. Je pensais reconnaitre cet enfant car en fait, c’était moi.
Je souffrais pour lui, j’avais peine à le voir, pourtant je me rendais compte que je ne pouvais pas intervenir car, tout ce que je voyais, ici s’était déjà produit.
Les souvenirs me paraissaient loin, comme si une partie de moi avait voulu enfouir au plus profond de mon être ce moment traumatisant. J’avais décidé d’oublier, mais la réalité, si je peux l’appeler ainsi avait fini par me rattraper. 
Je me rappelai du concert, des aménagements que je reconnaissais sans savoir pourquoi et maintenant, tout paraissait clair.
Je n’avais aucun souvenir précis de mon enfance jusque-là, et d'un coup je me rappelai avoir été à la place de ce petit homme sans défense. Je me revoyais rentrer de la maternelle et trouver en rentrant à la maison mes parents ligotés dans le salon. Devant eux se trouvait une main qui pointait un revolver, la voix hurlait : « Donne ton fric ! ». Ma mère qui m’aperçut devant l’entrée m’ordonna de m’échapper vite ! Mais le vieil homme courait trop vite pour moi. Je me rappelai de ses gros bras musclés qui m’entouraient violemment. Il me prit dans sa camionnette et m’emmena dans la cave de l’Elysée Montmartre pour me séquestrer et me persécuter jusqu’à ce que mes parents versent une rançon de 20 000 francs. 
Je pense qu'à l'époque, ce bâtiment était encore clos donc, il devait sûrement me laisser errer quelques heures chaque jour un peu partout, cela expliquerait comment ce petit connaissait si bien les lieux.
Deux semaines passèrent avant qu’une descente de police vint me sauver en abattant mon ravisseur car il ne voulait pas se rendre, c’était le seul moyen de me sauver. Je revoyais mes parents, en pleurs, heureux de m’avoir retrouvé sain et sauf. Je me souviens même qu’ils m’avaient emmenés chez un pédopsychiatre ou je faisais mine d’avoir oublié, après quoi je dus me convaincre que rien ne m’était vraiment arrivé. J’avais grandi sans passé, donc je vivais avec un mal être que je ne pouvais pas comprendre, Mais maintenant que tout était remonté à la surface, je me sentais respirer. 
Le petit me regardait, l’homme avait disparu, un léger sourire entourait même son petit visage. Il me regarda avec insistance avant de me tourner le dos et de s’en aller en prenant la porte qui à présent était ouverte, ouverte sur un nouveau monde.
Toute terreur avait disparu, toute peur s’était envolée, je me sentais apaisé et heureux. Certes, j’avais vécu une histoire traumatisante, mais la page était tournée. J’avais grandi et je pouvais vivre avec ce fardeau, je pouvais l’accepter. 
Je m’adossai quelques secondes contre un mur et fermai les yeux le temps de réaliser tout ce qui m’était arrivé.
Lorsque je rouvris mes yeux, je réalisai stupéfait, que tout était redevenu normal , je me trouvais assis, face au concert, assourdi par le bruit de la sono. Les gens dansaient, se bousculaient et à coté de moi se trouvait Josh qui me dit : 
« Tu déconnes sérieux…T’as dormi pendant une heure ! 
- Hein ? Mais j’étais...
- Dans les vaps ! Ouais ! » 
Je ne m’étais pas endormi, ce n’était pas un rêve, je l’avais vécu ! Un simple rêve n’est pas aussi intense, je n’pourrais jamais expliquer ce qui m’est arrivé…
Mais le plus important est que je m’étais débarrassé de ce poids qui pesait si lourd sur ma conscience, j’étais libre, alors je me contentai de dire à Josh
- T’as raison Josh, désolé ! Allez ! Apprécions la fin du ce concert » 

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