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La montagne par Boisvert13Catherine

La montagne

Elle était en bas de la montagne. Elle regardait en haut, et elle n’imaginait pas qu’un jour elle puisse être au sommet de cette colline. Elle n’imaginait pas qu’elle puisse toucher les étoiles de ses propres mains, admirer le chemin parcouru en un simple regard d’effleurement. Elle n’imaginait pas pouvoir vivre le sentiment d’être assis les pieds dans le vide, et de savoir qu’il est impossible de tomber. Elle ne le savait pas, parce qu’elle avait toujours affronté les pires tempêtes, elle avait ramené les nuages trop foncés lorsque le soleil l’aveuglait. Elle avait sorti le parapluie sur les bonheurs. Elle n’avait eu personne pour l’amener vers les belles choses de la vie.
Pourtant, c’est elle qui avait décidé d’avancer son pied droit devant son pied gauche. Je l’ai vu faire ce pas, et je l’ai vu tomber devant moi, parce qu’elle n’était seulement pas habituée. Je l’ai vu lever la tête vers le sommet, et comprendre qu’il lui restait beaucoup de chemin. Mais lorsque je l’ai vu se relever, j’ai compris qu’elle commençait le parcours pour le finir.
Pour arriver à ce sommet, peu de gens prennent le même chemin. Pour certain le chemin est très long, pour certain il est très court : mais dans tous les cas, il mène au même endroit.
Moi, j’étais assise en haut. J’étais si bien. Je la regardais avancer, mais jusque-là je n’avais pas eu même l’idée de bouger d’ici, parce que j’avais peur de ne plus pouvoir accéder à ce même paradis. Alors, je la regardais, et j’espérais qu’elle puisse y arriver. Auparavant, j’ai déjà vu des gens descendre la montagne. Ils sont si peu que je sais exactement qui ils sont. Je les ai vu descendre, moi. Ils ont pris la main de ses gens en escalade. La suite, je ne la sais pas vraiment.
À un moment dans Son histoire à elle, il a plu très fort. Mais je me suis bien aperçue que ça ne l’arrêtait pas dans son ascension. Parce qu’elle en avait déjà vécu, des tempêtes bien pires. Elle posait ses mains sur les rochers, gardait ses yeux bien ouverts vers son objectif, et avançait à son rythme. Certains avancent en groupe. Mais elle, elle était seule, mais n’en montrait aucun désavantage.
Il y a un instant que j’ai vraiment cru que tout était fini pour elle. C’est qu’il y avait un creux dans la montagne. Et elle est tombée dedans. Il faisait très noir. Très très noir, comme elle n’en avait jamais vu. Il n’y avait vraiment aucune sortie. Impossible de grimper les bords. Impossible même d’y voir la lumière au bout de ce creux. Elle s’était habituée à la lumière, maintenant. Elle avait oublié ce que c’était, la vraie noirceur. Pourtant, plus le temps passé dans ce creux avançait, plus les démons du passé avaient raison d’elle.
Moi, je l’ai vu dans ce creux. Je l’ai vu, et quelque chose en moi a changé. Sûrement parce qu’au fond, je le savais : C’est le devoir des gens au sommet de cette colline, d’aider ceux qui n’y voient plus rien. Que ça soit seulement une main vers dans le vide, en espérant qu’elle la voit et qu’elle la prenne. Ou un mot bien placé, qui peut être si banal pour nous, mais qui peut tout changer pour elle. Plusieurs oublient cela. Et lorsque c’est eux qui sont dans ce creux, c’est l’écho de leur propre voix qu’ils entendent, et c’est tout.
Je ne sais pas pourquoi je me suis vraiment aventurée là ce matin-là. Après tout, je ne la connaissais pas, moi. Mais j’ai descendu, malgré le soleil qui n’était pas aussi confortable qu’au sommet. Descendre de son bonheur pour y emmener quelqu’un avec nous comporte bien des risques. Et je le savais.
Je n’ai pas vraiment vu ce que j’ai fait dans le noir pour l’aider à sortir. Mais je sais que la vie m’a guidée. À plusieurs reprises, j’ai dû la porter dans mes bras, car elle ne pouvait plus avancer. Chaque seconde, j’avais l’Espoir de l’emmener là-haut. J’ai continué. Je n’ai pas pris de pauses. Et à un moment, on était en haut, les deux. Je n’étais pas au même sommet qu’avant. Juste un peu plus haute. Et c’était encore plus merveilleux. Juste la voir accéder à ce sommet, je me rendais compte du pouvoir que l’ont peut avoir sur la vie des gens.

Moi, je l’ai vu quelque temps plus tard, elle a levé ses manches, et elle est redescendue vers le milieu de la montagne. Elle en avait vécu des choses, et elle méritait bien le sommet! Pourtant, elle a tendu bien plus qu’une main…

Ce sommet, certains l’appellent le bonheur. Une chose est certaine, toute notre vie, on agit pour pouvoir monter un peu plus haut sur la montagne. À tous ceux qui sont dans ce creux… n’oubliez pas qu’il y a toujours une façon d’y sortir.
Et à tous les autres qui sont en haut… N’oubliez pas de tendre la main. C’est important, ça peut changer la vie de quelqu’un.




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