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Quelle surprise. par Boisvert13Catherine

Quelle surprise.

Quelle surprise. Quelle surprise de le voir encore une fois devant ma porte, les yeux remplis d’eau… Je sais que ses yeux me demandent de le laisser entrer. Je sais qu’il a un passé douloureux, et que je n’ai pas su y voir clair. Pourtant, j’ai le goût d’avancer vers lui, encore une fois, et de le serrer dans mes bras, lui chuchoter tout l’amour que j’ai pour lui…
Au même moment où mes yeux se lèvent vers la porte, de façon lente et saccadée, mes cheveux s’entassent pour laisser place à mon regard puissant, celui qui a tout vaincu. Celui qui, à travers la tempête, a laissé croire que tout allait pour le mieux. Et à ce moment même, cette seconde, alors que je réalise qu’encore une fois, c’est celui qui compte le plus pour moi qui est debout devant la porte, la pluie battante lui frappant sur le dos. Qu’il pourrait être bien ailleurs, vivre sa vie et me laisser de côté... Et qu’il est prêt à attendre longtemps. Qu’il attendra que je lui accorde ce regard de permission. Je le laisserais bien entrer, mais ce n’est pas aussi simple.
Pour le laisser entrer dans ma vie, je devrai laisser aussi entrer son accompagnatrice… Maintenant, ils vivent ensemble… L’un peut emporter l’autre, mais aucun des deux ne peut se sauver seul... Et se sauver à deux, c’est bien plus que ça, c’est voyager en rond…

J’aurais accepté de le voir arriver accompagné, avant. Mais maintenant, c’est si différent. Son accompagnatrice n’est pas belle. Certains la cherchent toute leur vie et ne la rencontre pas, d’autres ne la cherchent pas et la rencontre, en chemin. Lui, il l’a trouvé. Et il l’a gardé, sûrement parce qu’elle était sa moitié. Mais de la voir devant ma porte avec lui, ça fait redoubler mes larmes. Elle est si sombre, si mauvaise, si laide.

Sa main se frappa sur ma porte. Et comme n’importe qu’elle femme qui se laisse convaincre, j’ouvris la porte. Les femmes, c’est fait pour pardonner. Les hommes, pour recommencer. Mais qui aime apprend très vite.
À peine la porte s’ouvrit, qu’il me fixe dans les yeux. Ça voulait tout dire. Il n’avait pas besoin de parler. Parce que son regard brisa toute fureur en moi, et éclata en particules d’eaux, qui montèrent jusqu’à mes yeux en quelques secondes.  Il entra, enleva son manteau... Sa moitié la suivant encore, ne se préoccupant pas de me saluer. Elle était là, en silence. Ne disait jamais son mot, mais causait bien des tords. Et je me sentais en constante compétition contre elle. Surtout qu’à la fin, je savais qu’elle allait gagner.
<< Laisse-moi t’expliquer, me dit-il. Je n’ai pas voulu que tout finisse comme ça. Laisse-moi te rassurer. J’aimerais te dire que je peux vivre sans elle.  Mais pourtant, ça m’est impossible. J’ai jamais voulu te faire de la peine, mais dis-toi seulement que ce que je vie est beaucoup plus difficile que tu ne peux le penser. >>
Et à ce moment, toute la fureur me remonta des orteils aux cheveux, toute la tristesse du départ, de l’arrivé et du départ… Je me retournai, j’étais prête à courir jusqu’à l’autre bout du monde pour éviter de croiser encore une fois son regard...
Mais à la dernière seconde, il m’attrapa la main…
<<  Maman, S’il te plait…>>
Il précipita son regard dans le mien… Jusqu’à ce que j’aie mal pour lui… Jusqu’à ce que la souffrance m’explique son désarroi…
<< Maman, je n’ai pas voulu. Je n’ai pas voulu qu’elle me suive partout. Je n’ai pas voulu que mes jours soient comptés. Pourtant, ils le sont. Il me reste quelques jours, maman. Comprends-tu, maman? Comprends-tu qu’elle m’amènera là où vont ceux qui en ont fini? Peux-tu vraiment comprendre, que le sablier s’écoule, et que je persiste à passer chacun de ses grains de sable devant ta porte, en espérant que tu comprennes que je n’ai pas décidé de partir? Je le sais, qu’elle n’est pas Belle… Je le sais, qu’elle veut m’emmener là où on ne se reverra plus. >>

(…)

<< Mon fils, Il n’y a pas un soir où je n’ai pas senti une douleur incroyable en moi, pas un soir où je n’ai pas voulu prendre sa main libre, et partir en voyage avec vous. Tu dois me comprendre. Il est si facile d’attraper la main libre. J’ai toujours promis de veiller sur toi, et de savoir en tout temps où tu étais. Mais lorsque tu partiras, comment pourrai-je vraiment savoir où tu es? >>

<< peut importe, je serai toujours là.>>

Parfois, certaines personnes croient que la mort apporte tout. Il est si difficile d’y voir clair lorsque la mort est dans les parages, vêtue de sa longue cape trop foncée… Mais à travers cela, il y aura toujours les souvenirs qui resteront. On vit pour laisser des souvenirs, pour laisser une histoire que quelqu’un d’autre pourra continuer. La vie, c’est un grand compte.  Dans certaines de ces grandes histoires, il y aura des anges, ou des démons. L’important reste toujours de savoir comment on veut la terminer.

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Style : Nouvelle | Par Boisvert13Catherine | Voir tous ses textes | Visite : 165

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