Je n'ai plus le temps, mais j'ai encore tellement de choses a vous raconter, a vous décrire, tout passe si vite. Tout nous semble désormais terriblement différent, on voit les choses sous un autre angle, pourquoi pas ? Il a fallu grandir, pas vrai ? Il a fallu faire face aux impayés, aux loyers, aux obligations, a la tenue du monde, parce qu'il a fallu arrêter de révolutionner ce qui ne veux pas être changé. Il le fallait. C'était un rêve, un simple rêve, et aujourd'hui, nous touchons l'impossible, nous frôlons le contour de la vie, nous grandissons, sans nous séparer une bonne fois pour toute de notre âme d'enfant, mais en étant sans doute plus matures et avertis. 
Il a fallu demander a vingt-quatre heures d'une journée de ne pas passer aussi vite, faire les comptes, se lever le matin, décider que tout se ressemblait un peu trop. Que le sens même des choses nous avait échappé. Ne m'en voulez pas. Je suis une rêveuse idéaliste, et une opportuniste. Mais je suis aussi a ce point ancré dans le réalisme que je ne peux faire autrement que vous le dire. Désormais, nous ne serons plus les mêmes. Nous n'aurons sans doute plus les mêmes fous rires, les mêmes passions qu'autrefois. Autrefois est un mot fort, un mot qui résigne, il marque le coup.
Certaines choses sont révolues, d'autre demeurerons éternelles; la saveur des glaces au soleil, les fous rires autour d'une table, l'odeur des joints autour du verre de vin, les repas aux saveurs foudroyantes. Cela ne changera jamais. C'est notre empreinte, notre vitalité. Notre savoir faire. Nous sommes encore jeunes, et plein de bonne volonté malgré nos dérapages. Rien ne se doit de changer sur ce point la. Mais par contre, sur le reste, il va falloir faire front, front pour tout ce que nous avons toujours dénigré.
Il va falloir se plier aux exigences que l'âge impose. 

Ou s'en aller.