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ELLES par sissilalali

ELLES

 

  1. Un jour sans que personne ne sache pourquoi, sans que personne n'ose le penser, elle est partie, laissant époux, familles, amis. Elle s'était réveillée la gorbe serrée, le coeur lourd et l'envie inconsidérée de vivre ou mourire.
  2. Comme ce matin où   en regardant par la fenêtre elle  vit son époux courir sous la pluie chargeant la voiture, elle lui avait demandé de vider le garage, elle était entrée dans une colère noire ce jour là, à cause du garage insalubre poussiéreux dévasté par le rien… il l’aimait alors il vida le garage car il fallait juste qu’elle soit heureuse.

Elle regardait avec une nostalgie soudaine, avec cette impression qu’encore une fois juste en élevant la voix un peu elle avait  eu ce qu’elle voulait, la manipulation étais son passe -temps favoris mais uniquement lorsqu’elle en avait  conscience.  Elle adorait son sourire, son regard, son dévouement pour elle, cette promesse qu’ils s’étaient faites ; de toujours s’aimer ou de partir….elle voulait ne plus rester là alors que son cœur ne battait que pour lui.

Son père qui lui avait appris à suivre ses convictions et toujours honorer ses responsabilités.

 Il  avait fini par être fier d’elle, elle était devenue psychologue dans un des plus fameux hôpitaux pour enfant de Paris. Il eu la larme à l’œil en la voyant déclamer son article en conférence, devant cette assemblée de médecins, psychologues, psychiatres…elle savait ce qu’il ressentait et cette conférence n’était que pour lui en fait.

Mais elle était partie quand même, ne laissant que cette montre, une photo de son sourire et deux enveloppes,  sur  le pas de la porte. C’était étrange, aussi bien les objets déposés que  l’endroit choisi.  Elle était partie à l’aube en prenant soin d’avoir préparé quelque affaires en avance, un  sac , juste un sac elle qui ne savait pas voyager léger cette fois ci le choix fut rapide et décisif elle n’emportât que les lettres qu’elle cachait soigneusement depuis 10 ans derrière les cabinets de toilettes ou alors au dessus du chauffe eau dans la buanderie…sa bouteille d’eau, ses papiers  et un gant en laine noir, elle n’était parti qu’avec ça, mais où allait-elle. Son époux s’était réveillé un peu tard, comme chaque jour, son métier le lui permettait, il travaillait pour une petite société de production  de film indépendant, il était cadreur ou ingénieur du son parfois même caméraman lorsque l’envie créative pouvait lui venir durant la nuit après avoir regardé ARTE…un jour il lui avait même demandé d’être son actrice le temps d’un tournage de 10 minutes.  Elle avait accepté si modeste soit le scénario, elle avait trouvé que de tenir un couteau à l’écran en jouant une aliénée pourrait être une thérapie pour elle et puis elle aimait se sentir quelqu’un d’autre.

  1. Il pris son café en passant par la salle de bain pour apercevoir le petit mot qu’elle lui laissait toujours  sur le miroir,   elle était partie depuis presque 5heures alors le mot s’effaçait toujours…. il restait comme une trace mal essuyée sur le miroir, et ce jour là il pouvait lire « je ne reviendrais pas  c’est de ta faute » (ou s’aimer et partir)…il restait perplexe un instant finissant sa tasse de café il retournât dans le salon afin de consulter son téléphone portable, il était 12H ça tombait bien elle faisait probablement sa pause déjeuner il était donc  possible de lui passer un petit coup de fil….3 tonalités retentirent avant qu’il ne réalise qu’il entendait la sonnerie du téléphone de sa femme il suivit la sonnerie qui l’amena jusqu’au toilette, il était pausé là sur les toilettes, il allât aussitôt enfiler son jean, ses baskets une veste, et ouvrit la porte, il vit immédiatement  les objets sur le pas de la porte.

 

Elle était déjà loin sans savoir vraiment où elle allait, elle  savait qu’il ne pourrait la rattraper et qu’il valait mieux qu’il ne le fasse pas….elle ne pleurait pas  et au fur et à mesure qu’elle s’éloignait de tout ça elle sentait qu’il était à nouveau possible pour elle de faire une vie, de savoir qui se cachait derrière cet amour , derrière cet tendresse envers ses amis, derrière cet attachement qu’elle éprouvait pour sa sœur cadette, elle s’était dit un jour qu’elle était la seule personne à qui elle ne pourrait faire du mal, que si elle lui demandait la lune elle la lui trouverait sans problème.

 

 Elle allait enfin pouvoir s’appeler Tess, elle pourrait enfin être une actrice accomplie avec son lourd passé mais qui se sert de tout cela pour mieux incarner ses personnages, c’est ce qu’elle voulait maintenant…en se regardant dans le miroir elle pourrait sourire sans penser à l’origine de ce sourire sans ce portrait qui la hantait tant…elle pourrait avoir de nouveaux  amis de nouvelles connaissances un nouveau partenaire . Elle ne savait pas combien de temps elle prendrait pour tout ça, mais elle pourrait dormir enfin sans attendre la fin du souffle….la  fin de son souffle pour pouvoir respirer.

Il n’y avait plus rien dans ce corps lorsqu’elle comprit que le sien était rempli, elle était morte de son passé il n’y avait plus rien d’inaccessible, sous ses mains la respiration devint de plus en plus difficile, elle suffoquait même, elle parvenait à esquisser un sourire en pensant à toute ses nouvelles choses qu’elle allait accomplir sans personne pour l’aider. Elle sentit sa main interrompre son geste pour saisir quelque chose qui était près d’elle, sans doute une brosse à cheveux pour se rendre plus présentable, plus avenante, pour devenir une femme…elle brossait encore et encore de plus en plus intensément , sans parvenir à définir sa nouvelle coiffure elle se contemplait dans le miroir, elle sentit les gouttes de sueur perler sur sa main et le sol, elle était vivante, dans le bus qui l’emmenait loin aussi loin qu’on puisse lui permettre….

Il l’avait retrouvé, sans être certain de ce qu’il allait trouvé il entra en essayant de se préparer à ce qu’il allait voir. L’endroit était calme, chaud, un silence presque inquiétant, il reconnaissait cette odeur, elle ne lui était pas agréable, il se dirigeât alors à la fenêtre et vit des traces rouges sur son bord, non loin de la fenêtre le miroir, ce fameux miroir où elle s’était peut être regardé auparavant des photos d’elle lorsqu’elle était enfant, les souvenirs se bousculaient dans tête...sur le sol près du miroir des gouttes rouges avaient perlés, elles formaient une piste rouge comme pour indiquer une trace….un chemin, il suivit le parcours dont il connaissait l’issu, il ne  voulait pas voir, mais plus il s’approchait et plus l’évidence était là, il tomba d’abord sur l’objet dont le manche en bois massif faisait étrangement penser à une brosse, bien sur cette couleur rouge avait souillé la couleur d’origine, la lame du couteau n’avait plus rien de la belle couleur de l’argent, il arrivait à distinguer des morceaux de peau des cheveux des poils collés à celle-ci…

Il vit alors dans son intégralité le corps  inanimé, froid, ensanglanté….

Il se souvint alors de ces discussions où elle disait qu’elle ne pourrait vivre que lorsqu’elle ne serait plus là, que son souffle à elle l’empêchait d’être ce qu’elle aurait voulu…il l’aimait alors jamais il aurait cru cela possible, et pourtant il compris très vite en voyant sur le pas de la porte…les deux enveloppes qu’il ouvrit en chemin, dans l’une contenait toute les pilules qu’elle n’avait pas pris depuis des mois et des mois, ses pilules qui faisait parti de son traitement contre les troubles névrotiques dont elle souffrait gravement depuis 2 ans, il avait reconnu leur couleur acidulée qui les faisait ressembler à ces bonbons de notre enfance, et dans la seconde une photo où elle ne souriait plus, elle s’était mise complètement nu et il était écrit au bas de la photo « je suis prête à renaitre »..

Il comprit que durant tout ces mois elle avait réussi à dissimuler tant de choses, sa tristesse , les pleurs de la petite fille qu’elle n’avait cessé d’être…il ressentait souvent ce besoin de la protéger des autres, mais  elle était elle-même l’ennemie le plus redoutable, il comprit que ses crises dévastatrices où elle était capable de lui envoyer toute leur vaisselle  à la figure était peut être un signe, et que la fois où elle le blessa à la tête avec une lampe de chevet n’était peut être pas un accident, mais il l’aimait, et lorsqu’elle le regardait droit dans les yeux avec tant d’amour il ne pouvait que croire à cet amour, car oui elle aussi l’aimait…

Mais il y avait peut être quelqu’un d’autre qu’elle aimait davantage, un amour tellement fort qu’elle ne pourrait vivre avec cette autre, si proche d’elle…une personne qui l’empêchait de devenir cette tess, cette femme épanouie qu’elle voulait incarné et sentir…elle avait fini par comprendre qu’en passant délicatement le couteau entre les jambes de sa mère elle finirait par renaitre à son tour, car  elle l’aimait… 

 

 

 

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Style : Nouvelle | Par sissilalali | Voir tous ses textes | Visite : 169

Coup de cœur : 9 / Technique : 5

Commentaires :

pseudo : dees_d_amoure

très bien écrit j'aime l'histoire même s'il est tragique aussi profonde ma ... ça fait penser ...la question est"être ou ne pas être" n'est ce pas ? cdc