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Quintessence lyrique par kev

Quintessence lyrique

Déviation textuelle fruit d'un après-midi de révisions sans grande motivation. A prendre au 12e degré puisque le seul de ce texte réside dans le style excessivement lourd. Enjoy.

Je m'éveillai au pied d'un saule larmoyant, un exemplaire relié nougatine de l'illustre Exergue Liturgique de Philibert Flacochet étalé de tout son long sur mon torse. Devant mes yeux meurtris par le sommeil s'étendaient d'imposantes montagnes de cannelle dont les exhalaisons âcres émouvaient mes narines délicates. Des mouettes multicolores à l'allure affûtée voletaient en nuées denses à travers une plaine chatoyante de labyrinthes floraux. Le vague à l'âme et l'esprit embrumé, je refermai machinalement les mâchoires ballantes de mon livre que je bloquai avec une tranche de charcuterie fine flétrie par le zénith.

Ce n'est qu'au moment où une vive douleur attaqua l'arrière de mon crâne que je me retournai, furieux, vers le chimpanzé déguisé en lièvre qui me pilonnait inlassablement de pommes de pin depuis quelques instants. Surprise de ma réaction, la créature hirsute disparut subitement sous terre dans un nuage de poussière anisée, abandonnant aux abords du tunnel une petite fiole de spiritueux peu commode dont je m'emparai furtivement.
J'eus tant aimé que Nicomède fusse à mes côtés pour partager avec moi cette exaltante expérience de rêverie diurne.
Écartant du pied les serpents en forme de toupie qui commençaient à se faire un festin de mes semelles en daim, je songeai qu'une escapade à dos de phacochère n'aurait pas manqué à cet émouvant tableau champêtre ; hélas, je n'avais à présent pour seule compagnie qu'un paisible troupeau d'hippopotames gargantuesques dont la gueule perpétuellement béante eut aisément englouti un convoi de camions-citernes. Je ne me résignai cependant pas à m'enquérir de l'allure qu'aurait du haut de ces dômes de viande grisâtre l'édifiant paysage dont je ne représentais qu'un coup de pinceau malheureux. Je choisis tout d'abord d'escalader le premier colosse affable en m'agrippant à ses chicots supérieurs, mais un terrible relent de truite centenaire vint m'en empêcher l'accès. J'entamai alors le contournement latéral de la bête jusqu'à atteindre son pôle septentrional, non sans efforts.
Au pied du mur, je m'accordai une courte trêve, offrant à mon foie le contenu luisant de la fiole qu'il quémandait bruyamment malgré les uppercuts maladroits que je lui infligeai. Je ressentis alors une sensation originale lors de l'arrivée du liquide au fond de mes entrailles, comme si ma peau, lasse de tous ses efforts pour demeurer ferme s'était subitement décollée de mes muscles, eux-même semblables à de la guimauve, pour s'ôter légèrement comme une robe de chambre trop étouffante. J'eus alors le réflexe stupide d'occulter à la vue du monde mes parties intimes, me sentant nu comme un lombric aviné. Saisissant mon crâne à deux mains pour favoriser la remise en marche de mon encéphale endolorie, je pus enfin retrouver l'usage de mes muscles, et mon épiderme se résigna à reprendre son étreinte habituelle autour de ma masse. Le soleil luisait sur mon vaste crâne alopécique réfractant ses puissants rayons dans toutes les directions, et craignant de voir se déclencher sous peu un incendie meurtrier, j'enfonçai sur mon chef mon fidèle béret moutarde dont la visière portait les stigmates de la voracité de mon teckel, Yummy. 

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Coup de cœur : 9 / Technique : 9

Commentaires :

pseudo : Iloa

Bravo ! Quel délire !